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samedi, 23 février 2019

Ernst Jünger entre modernité technophile et retour au donné naturel

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Robert Steuckers :

Ernst Jünger entre modernité technophile et retour au donné naturel

Le spécialiste des phénoménologies existentialistes et des théories conservatrices et conservatrices-révolutionnaires qu’est le Prof. Michael Grossheim à Rostock a eu le mérite de rappeler, l’année où Jünger fêta son centenaire, que l’ouvrage théorique majeur de notre auteur, Der Arbeiter (= Le Travailleur) avait laissé perplexes bon nombre d’amis de l’écrivain militaire et révolutionnaire, au moment de sa parution en 1932. Pour Grossheim, Ernst Jünger a eu, à cette époque-là de sa longue vie, une attitude très particulière face à la modernité. Le camp conservateur, auquel on le rattachait en dépit de ses sympathies révolutionnaires, qu’elles aient été nationalistes ou bolchevisantes, n’était pas spécialement technophile et regrettait le passé où les moteurs ne vrombissaient pas encore et où la vie ne subissait pas le rythme trépident des machines de tous genres.

Pour Grossheim, l’attitude de Jünger face à la technique, du moins jusqu’au début des années 1930, dérive des expériences de la première guerre mondiale qui a inauguré les terribles batailles de matériels : militaire jusqu’à la moelle, Jünger refuse toute attitude capitulatrice et passéiste face à l’effroyable déchaînement de la puissance technique sur le champ de bataille. Grossheim : « Il a appris à connaître le potentiel démoniaque de la technique mais ne veut pas le fuir ; il se soumet à la réalité (nouvelle) ».

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Derrière cette volonté délibérée de se soumettre à l’implacable puissance des machines de guerre se profile aussi un débat que Grossheim met en exergue : le mouvement conservateur, tel qu’il s’articule à l’époque dans les mouvements de jeunesse issus du Wandervogel, est tributaire, depuis 1913, de la pensée écologique et vitaliste de Ludwig Klages. Celui-ci est résolument anti-techniciste et antirationaliste. Il déplore amèrement le saccage du donné naturel par la pensée hyper-rationalisée et par les pratiques technicistes : déforestation à grande échelle, disparition des peuples primitifs, extermination d’espèces animales. Ernst Jünger ne contredit pas Klages quand ce dernier pose un tel constat et, même, s’alignera bientôt sur de pareilles positions. Cependant, en 1932, au terme d’un engagement révolutionnaire (finalement plus bolchevisant que conservateur) et à la veille de la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, Jünger raisonne sur base d’autres postulats, sans nier le caractère éminemment destructeur du technicisme dominant. Qui est destructeur et total, ce qui revient à dire que le Travail, expression de l’agir à l’ère de la technique, s’insinue en tout, jusque dans l’intimité et les moments de repos et de loisirs de l’homme.  Chez Klages et ses adeptes des mouvements de jeunesse, les âges d’avant la technique sont l’objet d’une nostalgie envahissante et, pour Jünger, incapacitante. Face à ce naturalisme biologisant, Jünger plaide, explique Grossheim, pour un « réalisme héroïque » qui ne veut rien céder aux illusions sentimentales ni demeurer en-deçà de la vitesse nouvelle et inédite que les processus en marche depuis l’hyper-technicisation de la guerre ont imposée.

ejarbeiter.jpgLa phase du « Travailleur » a toutefois été très brève dans la longue vie de Jünger. Mais même après sa sortie sereine et graduelle hors de l’idéologie techniciste , Jünger refuse tout « escapisme romantique » : il rejette l’attitude de Cassandre et veut regarder les phénomènes en face, sereinement. Pour lui, il faut pousser le processus jusqu’au bout afin de provoquer, à terme, un véritablement renversement, sans s’encombrer de barrages ténus, érigés avec des matériaux surannés, faits de bric et de broc. Sa position ne relève aucunement du technicisme naïf et bourgeois de la fin du 19ème siècle : pour lui, l’Etat, la chose politique, le pouvoir sera déterminé par la technique, par la catégorie du « Travail ». Dans cette perspective, la technique n’est pas la source de petites commodités pour agrémenter la vie bourgeoise mais une force titanesque qui démultipliera démesurément le pouvoir politique. L’individu, cher au libéralisme de la Belle Epoque, fera place au « Type », qui renoncera aux limites désuètes de l’idéal bourgeois et se posera comme un simple rouage, sans affects et sans sentimentalités inutiles, de la machine étatique nouvelle, qu’il servira comme le soldat sert sa mitrailleuse, son char, son avion, son sous-marin. Le « Type » ne souffre pas sous la machine, comme l’idéologie anti-techniciste le voudrait, il s’est lié physiquement et psychiquement à son instrument d’acier comme le paysan éternel est lié charnellement et mentalement à sa glèbe. Jünger : « Celui qui vit la technique comme une agression contre sa substance, se place en dehors de la figure du Travailleur ». Parce que le Travailleur, le Type du Travailleur, s’est soumis volontairement à la Machine, il en deviendra le maître parce qu’il s’est plongé dans le flux qu’elle appelle par le fait même de sa présence, de sa puissance et de sa croissance. Le Type s’immerge dans le flux et refuse d’être barrage bloquant, figeant.

Jünger, au nom d’une efficacité technicienne qui est somme toute militaire, combat les peurs qu’engendre la modernisation technicienne. S’immerger dans le flux technique qui s’est amplifié rapidement depuis les grandes batailles de matériels est un service à rendre à la nation, contrairement aux attitudes incapacitantes qui empêcheraient les futures générations de maîtriser les outils techniques les plus performants, ceux qui donnent la victoire ou inspirent la crainte à l’ennemi potentiel. L’homme, devenu « Type », devient alors le chef d’orchestre secret qui gère le flux technique et les machines qu’il produit : ce n’est pas un combat que gagne la machine contre l’homme mais un combat qui se gagne avec des machines. L’homme-type reste le maître final de la situation : c’est lui qui impulse à la machine son mouvement, lui donne un sens, physiquement et spirituellement. L’homme est supérieur à la machine s’il a, face à elle, une attitude altière, dominatrice, pareille à celle du soldat qui a vécu les grandes batailles de matériels. En ce sens, le combattant de la Grande Guerre est bien le prélude de l’humanité « typifiée » de l’avenir.

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Mais, malgré cette grandiloquence techno-futuriste du Jünger de 1932, font surface, dans ses réflexions, le scepticisme et la conscience qu’il est impossible d’éradiquer la force tellurique et naturelle des faits organiques.  Dès les mois qui ont suivi la parution du « Travailleur » (Der Arbeiter), Jünger glissera vers une posture ne réclamant plus l’accélération mais son contraire, la décélération. Pour son exégète actuel, Jan Robert Weber, ce glissement vers une pensée de la décélération (Entschleunigung) se fera en quatre étapes : celle de la découverte des « espaces de résilience » sous une « dictature cacocratique nihiliste » (1933-1939), la nécessité de s’accrocher aux espaces idylliques ou classiques (dont le Paris des années d’occupation) pendant les années de la seconde guerre mondiale, le recours à l’écriture à l’ère où la paix sera de longue durée (1946-1949) et, enfin, la période des refuges méditerranéens (dont la Sardaigne fut un prélude) et/ou tropicaux (visites en Amazonie, en Malaisie, en Afrique et en Indonésie – 1950-1960). Tout cela pour aboutir, écrit J. R. Weber, « au moi apaisé du voyageur de par le monde à l’ère de la posthistoire ».

Robert Steuckers.

Bibliographie :

  • Michael GROSSHEIM, « Ernst Jünger und die Moderne – Adnoten zum ‘Arbeiter’ », in : ünter FIGAL und Heimo SCHWILK, Magie der Heiterkeit – Ernst Jünger zum Hundertsten, Klett-Cotta, Stuttgart, 1995.
  • Andrea SCARABELLI, « Terra Sarda: il mediterraneo metafisico di Ernst Jünger », in : http://blog.ilgiornale.it/scarabelli (10 août 2018).
  • Jan Robert WEBER, Ästhetik der Entschleunigung – Ernst Jüngers Reisetagebücher (1934-1960), Matthes & Seitz, Berlin, 2011.

Ce texte est paru dans le numéro spécial de Livr'arbitres, n°27

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vendredi, 15 février 2019

Livr'arbitres: un numéro consacré à Ernst Jünger

Le dernier numéro de Livr'arbitres est consacré à Ernst Jünger !

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mardi, 29 janvier 2019

El legado ideológico de la primera guerra mundial

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El legado ideológico de la primera guerra mundial

Ex: https://www.elcritico.org

El pasado 11 de Noviembre se celebraba el centenario del final de la Primera Guerra Mundial o, mejor dicho, del día del Armisticio, ya que oficialmente la guerra terminó con los tratados posteriores que se sucedieron hasta 1958, cuando Andorra firmó el último tratado de paz con Alemania. Anécdotas a parte, la llamada “Gran Guerra” cambió el mapa de Europa y dejó muchas heridas abiertas y conflictos sin resolver. El propio mariscal Foch, que ejercía el mando supremo de los ejércitos aliados, pronosticó que el tratado de Versalles no pondría un fin definitivo a la guerra, y que la paz solo duraría 20 años. No se equivocó.

La primera guerra mundial fue absurda y carente de sentido, por lo rocambolesco de su desencadenamiento, por lo desproporcionado de su desarrollo y sobre todo por la falta total de objetivos políticos o militares. Esto creó un enorme problema a los dirigentes de los distintos bandos: Cómo justificar el enorme coste económico y en vidas de la guerra y cómo motivar a unos soldados que se preguntaban constantemente, ¿por qué luchamos? La guerra siempre había tenido objetivos reales y tangibles, pero en 1914 no los había. La necesidad de justificar tanto sufrimiento llevó a los contendientes a una construcción ideológica de supuestos valores elevados por los que se debía luchar o morir, frente a los valores de un enemigo que había que destruir.

El bando aliado, compuesto principalmente por países liberales e influido por el ingenuo e idealista presidente norteamericano W. Wilson, encontró su justificación en que las ideas liberales de la democracia y la justicia debían defenderse frente al avance a unos imperios Alemán, Austro-Húngaro y Turco, que eran autocráticos, opresores y enemigos de la libertad. Este idealismo liberal llevó también a Wilson a la idea de que debía crearse una entidad supranacional, una asamblea de naciones, para garantizar esa democracia global. Al resultar ganador el bando aliado, estas ideas se aplicaron en occidente, incluyendo la “democratización” de Alemania, pero los aliados no las llevaron más allá de Europa, ni a sus propias colonias.

En el frente Oriental, más complejo, se extendieron principalmente las ideas de la identidad nacional o étnica, sobre todo la de las pequeñas naciones frente al imperio opresor, pero también frente el vecino o el enemigo interno. La del frente oriental fue una guerra entre germanos, eslavos, húngaros, judíos, búlgaros, armenios, turcos, árabes, etc. Pero no se trató éste de un nacionalismo integrador, como el que había dado lugar a la unificación alemana o italiana el siglo anterior, sino una idea de nacionalismo victimista que sólo se sostenía en la oposición y diferencia con el otro, el enemigo ancestral, o el imperio opresor.

Todos estos conflictos fueron alentados también desde fuera, ya que ambos bandos esperaban destruir a su enemigo a través de la revolución, armando, apoyando y organizando a grupos de descontentos, separatistas, o de ideas políticas extremistas. Una de esas maniobras, como el lector seguramente conocerá, llevó al Imperio Alemán a ayudar a Lenin a llegar a Petrogrado, con el objetivo de alentar una revolución bolchevique que debilitara al Imperio Ruso, como ya había hecho Japón en 1905. Pero la revolución triunfó, dando lugar a la URSS y a otro importantísimo legado ideológico de la guerra.

Por supuesto, la guerra no creó estas ideologías liberales, nacionalistas y revolucionarias, ya existían antes de la guerra. Tampoco fueron estas ideologías las que la provocaron. Sin embargo, acabó convirtiéndose en la primera guerra por supuestos valores ideológicos. La construcción ideológica se hizo por la necesidad humana de racionalizar y la necesidad política de encontrar, primero una justificación a la guerra y una motivación para los soldados y, más tarde, darle sentido a ésta, a la destrucción causada, los millones de soldados y civiles muertos, y culpar de la guerra al enemigo. Esas ideas convertidas en ideología se incrustaron en la mentalidad del siglo XX y se quedaron para seguir influyendo la política mundial, y justificando la guerra, hasta el día hoy.

 

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mardi, 27 novembre 2018

History through the Traditionalist Lens: Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

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History through the Traditionalist Lens:
Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

Alexander Wolfheze
The Sunset of Tradition and The Great War [2]
Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars, 2018
£67.99 (sale price £33.99 until December 1 [3])

Of the major (and even several of the minor) European languages, the Traditionalist school of philosophy – that articulated by René Guénon and Julius Evola and their offshoots – was a latecomer in the Anglophone world. After the better part of a century of near-total obscurity, it was only thanks to the hard work of publishers such as Sophia Perennis, Inner Traditions, and World Wisdom (not to mention Counter-Currents!) that most of the writings of the Traditionalist school finally appeared in English and became known – in certain circles, at least – in recent decades.

While this has been a major step forward, there is still a dearth of original, secondary works pertaining to the Traditionalist perspective in English. And most of what has been produced in English has focused exclusively on esotericism (particularly of the Islamic variety). What has been conspicuously absent have been works dealing with history, social issues, and politics from a Traditionalist point of view.

AW-title.jpgIt’s not difficult to understand why, however, given that for a long time, Traditionalists have been operating under the guise of being purely concerned with religion and mysticism, remaining silent about the fact that Traditionalism in its complete form is one of the most – if not the most – reactionary current of thought that exists in the postmodern world. This is of course a consequence of the fact that most Traditionalist thinkers today have opted for the safety of academic careers (something which Evola noted already in the 1950s and for which he expressed his contempt), and thus want to avoid being called fascists. Their cover has been somewhat blown, however, as a result of Steve Bannon’s claim that Guénon was a crucial influence on him, which has in turn led to some superficial and ill-informed propaganda from journalists using Traditionalism as a branding iron with which to mark both Bannon and Trump (by association) as fascists, by bringing attention to the connection between Evola and Guénon. (And Evola had the audacity to call himself a “superfascist,” so by the logic of the average half-witted journalist of today, that makes Bannon and Trump really fascist!) It remains to be seen what the long-term consequences of this will be in terms of Traditionalism’s reception in the mainstream, although I’ve noticed that it’s become harder to find Evola and Guénon’s books on bookstore shelves these days. It may have the beneficial effect of forcing Traditionalists out of the realm of pure scholasticism and into putting their beliefs into practice, if academia ultimately becomes a hostile environment for them – which it inevitably will, if present trends continue. Time will tell.

Alexander Wolfheze is thus to be commended for defying this trend and producing a work which openly declares the anti-modern and anti-liberal spirit of Traditionalism and applies it to the temporal world, rather than focusing on esotericism alone. The Sunset of Tradition and the Origin of The Great War, fortunately, takes a large step towards rectifying the lack of original Traditionalist literature in English, being essentially a Traditionalist historiography – or, according to the author, only the start of a multi-volume Traditionalist historiography – of the birth of the postmodern world. According to the biography included in the book, Dr. Wolfheze is a Dutch scholar who specializes in Assyriology, cultural anthropology, pre-modern epistemology, and (naturally) Traditionalism, and he has previously published studies on Near Eastern cultural history. He is also active with the Dutch Right-wing metapolitical organization, Erkenbrand [4], so clearly, unlike most Traditionalist scholars, Dr. Wolfheze is not content to merely sit on the sidelines while his civilization is destroyed, justifying it by whining about “muh Kali Yuga.” While many Rightists pay lip service to Traditionalism without actually knowing much about it, Dr. Wolfheze seems to be one who is bridging that divide.

The book’s Preface is titled “Childhood’s End,” and in it Dr. Wolfheze briefly discusses the Arthur C. Clarke science fiction novel of the same name as being symptomatic of the post-war (in this case meaning the Second World War) mentality: namely, that the rapid and dramatic progression of science and technology are leading us towards an apocalypse that we cannot yet identify, but which still fills us with a sense of dread. (Spoilers ahead; if you haven’t yet read the book but think that you might, skip to the next paragraph.) In that book, a near-future humanity is visited by an extraterrestrial civilization which helps to solve all of humanity’s problems, bringing about Utopia. The problem, as humanity soon learns, is that it turns out that it was the struggle to deal with those problems that gave their lives meaning, and having everything handed to them eventually leads to stagnation. It turns out that all of human history was merely a process leading us towards humanity’s real end, for which the aliens have come to act as midwives: evolving into a species of plain, anonymous children, all identical and part of a collective with no more distinguishing features than ants, but endowed with what we would consider to be superpowers. Ultimately, these children combine their forces and transform themselves into a non-corporeal being, destroying the Earth in the process and incidentally all of those unevolved humans such as ourselves – those who haven’t already committed suicide, that is.

As an allegory of the modern world, the parallels to the Right-wing and Traditionalist view of the modern world is clear, even if Traditionalists would deny that “progress” is leading us towards anything higher, collectively or otherwise. We, too, are fighting against the transformation of the world into a giant supermarket, where everyone is identical and meaning is to be found solely through the acquisition of material possessions.

Dr. Wolfheze does not seem to be an “orthodox” Traditionalist, in the sense that he is not nearly as pessimistic as many other Traditionalists have been about the predicament of the modern world, seeing potential amidst the devastation that is currently being wrought upon the traditional foundations of civilization:

In the second decade of the 21st Century it is clear, even to the most simple-minded and retired-living individuals, that mankind’s global natural and social habitat is changing beyond recognition – and that this change is taking place at breath-taking speed. Accordingly, culture and knowledge are being transformed at the same speed – and with it mankind’s experience of its history. Thus, a new form of audience for a new form of history is being created by sheer force of circumstances. It is this new audience, as yet un-defined and un-determined, that is addressed by this present work.

But one thing about this new audience is certain: it will not include the old audience. The old audience will cling to its complementary comforts of infotainment consumption and academic snobbery, but it will also be left behind because it is existentially unable to match the impudent curiosity and steel nerves required of the new audience. The old audience can only reject, up front and out of hand, the new realities and new concepts that will inevitably invalidate its own decades-long experience of educational indoctrination, media propaganda and political correctness – an experience that is approaching the ne plus ultra of Modernity. About the old audience little remains to be said.

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This is a welcome development in Traditionalism, since it is surely the dark and pessimistic view of our era common to the scholastic Traditionalists, which in turn lends itself to apathy, that has led to Traditionalism being so marginalized among those who prefer to do more than just detach from the world around them. Dr. Wolfheze – much like the present reviewer – prefers to see what can be made of the postmodern world, even given the chance that it might all end up being futile, to just throwing up one’s hands and saying, “It’s hopeless.” For Dr. Wolfheze, the end of the Traditional world should not be seen as a cause for mourning, but rather the mark of a need for a new maturity, a desire to be a “man among the ruins,” to use Evola’s phrase, not by denying the world as it is, but by attempting to understand how it got there, and in so doing learning to stand for values that transcend it. Childhood’s end in this book thus means not “going gentle into that good night” by accepting our fate, but rather of discovering a form of maturity that gives us the power to be in this world, but not of it.

Nevertheless, I did find myself somewhat balking at the author’s own statement of purpose, which he gives as follows: “This present work, Sunset, will provide the young people of the world a tool to work towards childhood’s end.” A dense book on philosophy and metaphysics – 450 pages in length including the endnotes, with small type – might seem an odd way to attempt to appeal to young people in an age which, by the author’s own admission, the printed book has less appeal to the young than ever before; nonetheless, it is clear that Dr. Wolfheze wishes to address himself to the more capable elite among the youth, those who can straddle both the worlds of the past and the one just coming in to being, rather than attempting to reach a mass audience. And indeed, this book, while extremely interesting, is certainly not for everyone – but then Traditionalism has always been an elitist doctrine. And I myself have always been firmly convinced that there will always be things that only books can accomplish, even in the age of social media.

Dr. Wolfheze divides his critique of modernity in terms of Ten Key Concepts, which he identifies as Modernity (which he associates with “meta-history” in terms of cultural-historical perspective), the Dark Age (metaphysics), Apocalypse (religion), Materialism (philosophy), Ecocide (economics), Regression (sociology), Narcissism (psychology), Decadence (art), Anomy (domestic politics), and Imperialism (international politics). Each of these gets a chapter describing the way in which each thread developed towards and produced the Great War, and the world that came after it, in detail. The scope of the book actually goes far beyond the Great War, which the author sees as a pivotal event which witnessed the final end of the long-decaying world of Tradition that had been sustained by the ancient monarchies and empires that were swept away in the deluge, setting the stage for the coming of our own, rootless world. But the author also explores the trends which culminated and burst forth in the Great War, as well as their implications for the world since, and thus his analysis runs far afield from merely the War itself.

Engagement with history has always been a weak point in Traditionalism; the Traditionalist authors will make occasional reference to certain historical events as being indicative of the metaphysical trends they see at work in the world, but to my knowledge there has never before been a sustained analysis of modern history from a sacred, Traditional perspective, which has always seemed to me to be a major flaw in their work since it neglects to show how the forces which have produced the modern world have been at work in material and tangible ways. Dr. Wolfheze’s book thus takes Traditionalist thought in a new and welcome direction in this regard, citing very specific events that can be identified and examined, which led to the transition from the sacred world of Tradition and into the secular world of modernity. In his Postscript, Dr. Wolfheze tells us that The Sunset of Tradition – all 450 pages of it – is but a prologue to a series of books he is writing to offer “a Traditionalist history of the entire Great War,” although he also makes it clear that he regards it as a work that can be viewed as a standalone work. Given the value of this first book, it is to be hoped that he perseveres in this effort.

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I intend to write a more in-depth review of The Sunset of Tradition at a later time – my primary purpose in writing this brief announcement is to make readers aware of the book, and of the special price for which it is temporarily being offered, given its hefty cover price ordinarily. The book’s publisher, Cambridge Scholars, is offering the book at a half-price discount until December 1 as part of a commemoration of the Armistice, and information on how to get it can be found on their Website [3]. For those who have found the Traditionalist perspective appealing, but who have longed for a more robust form of it which engages with real-world problems in a clear manner, this book is an important first step in this direction – and is thus for you.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/11/history-through-the-traditionalist-lens/

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/11/11-25-18-1.jpeg

[2] The Sunset of Tradition and The Great War: https://www.cambridgescholars.com/the-sunset-of-tradition-and-the-origin-of-the-great-war

[3] sale price £33.99 until December 1: https://www.cambridgescholars.com/the-centenary-of-armistice-cambridge-scholars-publishing

[4] Erkenbrand: https://www.erkenbrand.eu/nl/

mercredi, 21 novembre 2018

" Les Somnambules " de Christopher Clark

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" Les Somnambules " de Christopher Clark

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Comme le signale dans son introduction l'auteur lui-même, les travaux concernant les origines de la première guerre mondiale constituent sans doute l'un des plus importants corpus développés par les historiens jusqu'à aujourd'hui.
 
Avec ce texte de 2012, traduit en français en 2013 par Marie-Anne de Béru chez Flammarion, l'Australien Christopher Clark, prestigieux professeur à l'université britannique de Cambrige, a toutefois renouvelé un champ largement labouré, notamment en minimisant, à l'écart de la vulgate couramment acceptée jusqu'alors, la responsabilité particulière de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre, et en tenant de rendre compte de la formidable richesse de l'écheveau historique constitué par un ensemble de tendances « lourdes », matérielles, et d'idiosyncrasies individuelles, plus contingentes, dans un monde diplomatique de l'époque où beaucoup de responsables se connaissaient ou - aussi souvent - croyaient se connaître, en remontant son horloge de compte à rebours jusqu'au coup d'État serbe de 1903 ayant vu l'assassinat du roi Alexandre et de la reine Draga par un groupe d'officiers ultra-nationalistes.

Pourtant ce qui frappe le lecteur du XXIe siècle qui s'intéresse à la crise de l'été 1914, c'est sa modernité brutale.

Tout commence avec un groupe de tueurs kamikazes et une poursuite en automobile. Derrière l'attentat de Sarajevo se trouve une organisation ouvertement terroriste, mue par le culte du sacrifice, de la mort et de la vengeance - une organisation extraterritoriale, sans ancrage géographique ou politique clair, éclatée en différentes cellules qui ignorent les clivages politiques.

Une organisation qui ne rend de comptes à personne, dont les liens avec un gouvernement souverain sont indirects, secrets et certainement très difficiles à repérer pour qui n'en est pas membre. De toute évidence, juillet 1914 nous est moins lointain, moins illisible aujourd'hui qu'il ne l'était dans les années 1980.

La fin de la guerre froide a mis à bas un système bipolaire garantissant la stabilité du monde, aujourd'hui remplacé par un panel de forces plus complexes et plus imprévisibles, parmi lesquelles des empires en déclin et des pouvoirs émergents - une situation qui appelle la comparaison avec l'Europe de 1914. Accepter ce défi ne signifie pas faire preuve de soumission au présent en réécrivant le passé pour répondre aux besoins d'aujourd'hui, mais plutôt reconnaître les éléments du passé dont nous avons une vision plus claire depuis que notre point de vue a changé.

Mobilisant un nombre impressionnant de sources de toute nature, depuis les compilations analytiques de dépêches diplomatiques conduites par plusieurs de ses prédécesseurs dans le domaine jusqu'aux multitudes de mémoires privés ou publics produits par les acteurs eux-mêmes sur le sujet, c'est surtout par son travail sur l'agencement des faits historiques et des enchaînements de causalités, sans cautionner ni fatalité ni inexorabilité, que Christopher Clark se distingue sans doute le plus au sein de ce champ historique particulier, dont il souligne à raison la vertu comparatiste dans un monde contemporain rendu la complexité et à l'histoire, dont la fin, trop tôt annoncée ou réclamée, n'a pas eu lieu dans les années 1990.

Et c'est ainsi que « Les somnambules » nous fournit une très stimulante leçon de géopolitique en action, et pas uniquement d'histoire, précisément.

Ce livre s'efforce donc de comprendre la crise de juillet 1914 comme un événement moderne, le plus complexe de notre époque, peut-être de tous les temps. Son propos est moins d'expliquer pourquoi la guerre a éclaté que comment on en est arrivé là. Bien qu'inséparables en toute logique, le pourquoi et le comment nous conduisent dans des directions différentes.

La question du comment nous invite à examiner de près les séquences d'interactions qui ont produit certains résultats. Par opposition, la question du pourquoi nous conduit à rechercher des catégories causales lointaines - impérialisme, nationalisme, matériel militaire, alliances, rôle de la haute finance, conceptions du patriotisme, mécanismes de mobilisation.

Cette approche a le mérite de la clarté mais produit également un effet trompeur en ce qu'elle crée l'illusion d'une causalité dont la pression augmente inexorablement, les facteurs s'empilant les uns sur les autres et pesant sur les événements. Les acteurs du jeu politique deviennent les simples exécutants de forces établies depuis longtemps qui échappent à leur contrôle.

Dans l'histoire que raconte ce livre, au contraire, l'initiative personnelle est prépondérante. Les principaux décideurs - rois, empereurs, ministres des Affaires étrangères, ambassadeurs, commandants militaires ainsi qu'une foule de fonctionnaires subalternes - marchèrent vers le danger à pas calculés, en restant sur leurs gardes. Le déclenchement de la guerre a été le point culminant de chaînes de décisions prises par des acteurs politiques visant des objectifs précis, capables d'un regard critique sur eux-mêmes, conscients de se trouver devant des options variées et désireux de se forger le meilleur jugement possible sur la base de l'information à leur disposition. Nationalisme, matériel militaire, alliances, intérêts financiers : tous ces éléments jouèrent un rôle dans cette histoire, mais on ne peut leur attribuer une vraie valeur d'explication que si l'on observe leur influence sur les décisions qui, combinées les unes aux autres, ont fait éclater la guerre. 
 

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mardi, 13 novembre 2018

Considérations européennes, baroques et uchroniques sur le 11 novembre 1918

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Considérations européennes, baroques et uchroniques sur le 11 novembre 1918

par Georges FELTIN-TRACOL

Il y a cent ans, à 11 heures, ce 11 novembre 1918 s’achevait la Première Guerre mondiale. Quatre ans de grandes souffrances, d’efforts immenses et de sacrifices épouvantables ont fait choir la civilisation européenne de son piédestal. Dominique Venner n’a pas tort de considérer toute l’histoire qui en découle comme le « Siècle de 1914 » (1). Si certains historiens croient à la fin du XXe siècle un soir du 9 novembre 1989 avec les premiers coups de marteau donnés au Mur de Berlin, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand et de son épouse le 28 juin 1914 à Sarajevo continue à susciter des effets désastreux tant dans le monde que dans les Balkans.

Finit donc ce jour-là une boucherie favorisée par la mécanisation et la technicisation de la mort. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’Europe venait de connaître une guerre d’une si violente intensité. Avant la « Grande Guerre de 1914 – 1918 », le continent avait déjà pâti entre 1792 et 1815 des Guerres de la Révolution française et de l’Empire napoléonien avec l’entrée des peuples par la levée en masse. Clauswitz en déduit sa théorie de la montée aux extrêmes. Hormis la guerre navale pratiquée par les corsaires français sur tous les océans, les affrontements se cantonnent au seul continent européen. Toutefois, à part l’expédition française en Égypte et en Palestine en 1798 – 1801, l’invasion répétée de la Péninsule ibérique provoqua les soulèvements indépendantistes des colonies espagnoles d’Amérique. L’occupation du Portugal par les troupes françaises du général Junot en novembre 1807 contraint la dynastie de Bragance à se réfugier au Brésil. Cette arrivée inattendue empêcha le développement des forces centrifuges à l’œuvre dans le futur empire brésilien (1822 – 1889) et renforça ainsi le caractère unitaire de l’ensemble, faisant du Brésil ce géant géographique, démographique et économique de l’Amérique du Sud.

Si les Bourbons d’Espagne n’avaient pas été divisés et s’ils s’étaient installés à La Havane, à Mexico, à Lima ou à Buenos-Aires, aujourd’hui existerait peut-être une super-puissance de langue espagnole de la Californie et de la Floride jusqu’au Cap Horn… En acceptant le testament du roi Charles II d’Espagne au nom de son petit-fils, le duc Philippe d’Anjou, Louis XIV comprend l’implication planétaire de sa décision. L’avènement de Philippe V déclenche une guerre vraiment intercontinentale avec des batailles extra-européennes en Amérique du Nord, aux Antilles et sur les océans : la Guerre de Succession d’Espagne (1701 – 1713) qui a une portée mondiale, surtout si la France et l’Espagne avaient triomphé. Dans un excellent article d’histoire uchronique (2), Fadi El Hage en montre les bouleversements supposés : la restauration des Stuarts en Écosse, la cession de la Louisiane française à l’Espagne, l’élection au Saint-Empire de l’électeur de Bavière, le couronnement de François Rakoczi en Hongrie, et l’érection d’un royaume d’Autriche. « En plus du contrôle des ports de la Méditerranée [Gibraltar revient à l’Espagne], l’Espagne a acquis un prestige tel que l’Angleterre ne s’est pas risquée à mener des guerres coloniales en Amérique. Elle fait le choix des voyages de découverte et constitué un autre empire colonial dans le Pacifique, mais dont la dispersion des archipels l’empêche d’exercer une influence aussi forte dans le commerce mondial que si l’Amérique du Nord lui appartenait toute entière. L’Espagne domine incontestablement et l’Amérique et le commerce mondial. Louis XIV a fait le choix de l’Europe pour la France, et offert le monde à son petit-fils (3). »

La Guerre de Sept Ans (1756 – 1763) a aussi ses propres théâtres d’opération hors d’Europe marqués par les défaites françaises au Québec et aux Indes. Au contraire de la « Der des Ders », en l’absence d’une mobilisation générale des hommes et de l’économie et malgré un appel royal aux Français en juin 1709, ces conflits n’ont pas secoué l’opinion commune.

L’erreur de l’Union sacrée

Les vétérans des tranchées retournent dans leur foyer à jamais. Ils s’exaspèrent vite de voir tous leurs efforts consentis se dissoudre dans des jeux politiciens sordides, d’où pour certains leur engagement dans les différents mouvements révolutionnaires, bolcheviques, conservateurs ou nationalistes, qui apparaissent en Europe. Bien oubliée de nos jours, l’infâme traité naval de Washington en 1922 voit la République française soi-disant victorieuse entériner un tonnage ridicule par rapport des flottes de guerre anglo-saxonnes, ce qui rend la « Royale » incapable d’assumer la protection de l’empire colonial français. Les officiers français commencent dès lors à se méfier des responsables et à verser dans l’anglophobie de plus en plus virulente au fil des années.

Force est de constater en 2018 que les combattants des deux camps sont tombés pour rien. Se sont-ils battus pour la « théorie du genre », l’écriture inclusive et les dirigeants cosmopolites ? Les discours officiels ne célèbrent plus maintenant la moindre victoire, mais seulement la paix. Le néfaste triumvirat occidental Georges Clemenceau – Woodrow Wilson – Llyod George impose en 1919 – 1920 une paix fallacieuse et précaire. Jamais la victoire de 1918 n’a été celle de la « liberté » et du « progrès » contre l’« oppression », le « féodalisme » et l’« obscurantisme ». L’Empire allemand de Guillaume II est depuis les réformes sociales audacieuses de Bismarck bien plus avancé sur le plan social que la IIIe République française. Pendant que le régime républicain laïcard et franc-maçon encourage le centralisme parisien et conduit dans les campagnes une incroyable guerre culturelle d’éradication des mentalités paysannes traditionnelles par une laïcité agressive, une école obligatoire réductionniste et un service militaire obligatoire déracinateur, l’Empire allemand conserve, lui, sa diversité politique, sociale, religieuse et culturelle. Le cas le plus évident – impensable pour la France – est l’octroi d’une constitution régionale au Reichsland d’Alsace – Lorraine en 1911. « Il faut bien constater que la vérité métaphysique en vigueur dans la société américaine et dans celles qui l’imitent se voit fortement ébranlée par l’évolution d’un monde qui ne semble pas épouser l’interprétation universaliste et linéaire de l’idéologie universaliste et linéaire de l’idéologie des Lumières, explique Dominique Venner (4). » « À la veille de 1914, plus d’un siècle après la Révolution française, l’Europe tout entière, à l’exception de la France et de petits États comme la Suisse, était gouvernée par des monarchies. Centre de l’univers, dominant le monde de toute sa puissance, n’ayant pas rompu avec son passé, cette Europe était entrée avec audace et confiance dans la modernité (5). »

C’est l’erreur magistrale de Charles Maurras, de l’Action française, ainsi que des nationalistes dont Maurice Barrès, de répondre favorablement par désir de revanche et par anti-germanisme viscéral aux appels à l’« Union sacrée » lancés par leurs ennemis républicains, laïques et progressistes du matin même. Revenus du front après parfois quatre années passées à combattre aux côtés des paysans, des boutiquiers et des artisans, les royalistes, y compris d’opinion légitimiste, ne peuvent plus avoir les mêmes réticences qu’avant août 1914 à saluer le drapeau tricolore de la Révolution et à se lever au retentissement de La Marseillaise. Le 11 novembre 1918 représente sur le plan symbolique la seconde mort de Henri V.

La victoire des Empires centraux aurait probablement permis le maintien d’un esprit européen traditionnel. Et si l’Allemagne avait gagné la Grande Guerre ? La question n’est pas du tout incongrue. On oublie qu’en août 1914, les armées du Kaiser auraient pu remporter très tôt la décision en réussissant l’encerclement de Charleroi. Mieux, la guerre se serait terminée dès 1915 si les Français avaient été vaincus au moment de la bataille de la Marne ?

Histoire uchronique

Telle est l’étonnante interrogation qui organise L’autre siècle, une très bonne uchronie dirigée par Xavier Delacroix. « La victoire allemande sur la Marne en 1914 était techniquement, c’est-à-dire militairement, tout à fait possible, entraînant alors une rupture du front français, l’arrivée rapide des forces de Guillaume II sur Paris, écrit d’ailleurs Xavier Delacroix en avertissement. La guerre de 14 aurait été une “ super guerre de 70 ”. Beaucoup plus meurtrière, près de 400 000 morts sur le champ de bataille, mais sans les conséquences géopolitiques qu’entraîna le traité de Versailles en 1919 (6). »

En sollicitant cinq écrivains et sept historiens pour « se livrer à un exercice auquel [ces derniers] répugnent traditionnellement – l’uchronie (7) », Xavier Delacroix obtient un ouvrage original. Des conclusions se dégage une intention que les auteurs n’avaient pas envisagé au départ, celle d’une Europe sous domination germanique renforcée qui concilie conservatisme politique, dynamisme social et modernité technique. On retrouve ce conservatisme des mentalités dans « Le retour » de Benoît Hopquin. Malgré les 400 000 morts, le conflit de 1914 – 1915 n’a pas engendré une saignée démographique qui toucha en premier lieu les campagnes. La paix revenue, le monde rural garde encore ses forces vives dont un bilinguisme de fait comme il y existe en Italie où les parlers locaux concurrencent l’italien officiel de Toscane… Dans « Les événements de Péronne », Pierre Lemaitre imagine une jacquerie à mi-chemin entre les « Chemises vertes » de Dorgères et le poujadisme des années 1950… Ce soulèvement des campagnes françaises rappelle aussi la grande révolte paysanne au Schleswig-Holstein dans les années 1930 relatée par Ernst von Salomon dans La Ville.

L’autre siècle est riche en conjectures uchroniques. Dans « Septembre 1914 : la victoire allemande de la Marne », Stéphane Audoin-Rouzeau évoque une dissidence gouvernementale française à Bizerte qui tente de poursuivre la guerre depuis l’Afrique du Nord. Cette hypothèse s’apparente à une intrigue en deux volumes de bande dessinée parue en 2010 (8). En septembre 1914, l‘Allemagne remporte la bataille de la Marne et applique parfaitement le Plan Schlieffen. En janvier 1915, le Président de la République, Raymond Poincaré signe l’armistice. Refusant la capitulation, Georges Clemenceau poursuit la guerre depuis Alger. Il recrute même le brigand Jules Bonnot qui n’a pas mort en 1912 : sa mission secrète est d’assassiner le tsar Nicolas II et de fomenter une révolution en Russie. Observons qu les scénaristes maîtrisent mal l’arrière-plan historico-politique puisqu’ils mentionnent que la défaite française permet à la Maison d’Orléans de restaurer la monarchie alors que Berlin, fidèle aux préceptes de Bismarck, s’en garderait bien, préférant le régime républicain plus diviseur...

Une Union européenne précoce

Stéphane Audoin-Rouzeau explique pour sa part que « la défaite française a constitué une sorte de “ portail ” du reste du XXe siècle; il est même permis de soutenir qu’elle constitue l’origine de la situation si enviable dont bénéficie, grâce à la durable suprématie allemande, l’actuel continent européen devenu Union européenne (UE) (9) ». En effet, « c’est sur le plan économique que l’Allemagne réalise ses buts de guerre les plus ambitieux et les plus lourds de conséquences à terme : une Mitteleuropa est instituée par le biais d’une vaste union douanière autour de l’Allemagne, regroupant non seulement l’Europe centrale, mais aussi la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark (10) ». Ce n’est que la réalisation des buts de guerre évoqués dès 1914 par le chancelier impérial Theobald von Bethmann-Hollweg. Outre la cession de Belfort, de la ligne des forteresses de Lorraine, de Verdun à Toul et à Épinal, la côte de Dunkerque à Boulogne et du bassin de minerai de fer de Briey – Longwy, la France aurait signé un traité de commerce avec l’Allemagne à la tête d’un ensemble douanier avec l’Autriche-Hongrie, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique réduit en « État vassal » et perdant Liège et peut-être Anvers, ainsi qu’une Pologne reconstituée aux dépens de la Russie. En dehors de la renaissance polonaise partielle, les Empires centraux auraient favorisé l’indépendance de la Lituanie, peut-être de la Finlande ainsi que de la Ruthénie, voire de l’Ukraine (?), afin de créer une zone tampon avec la Russie. En revanche, tout en conservant sa dynastie grand-ducale, le Luxembourg serait devenu un nouvel État fédéré au sein de l’Empire allemand.

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Stéphane Audoin-Rouzeau l’assure. « L’Allemagne a su maîtriser sa victoire en sacrifiant des gains de court terme à une situation de domination géopolitique et économique de bien plus longue portée (11) ». Il est vraisemblable que cet historien se soit inspiré de Virtual History. Alternatives and Counterfactuals dirigé par Niall Ferguson (12). Historien britannique proche des conservateurs, Niall Ferguson soutient en tant qu’historien la spéculation à partir de l’uchronie. Virtual History est un manifeste contre les déterminismes historiques, à savoir religieux, marxistes et biologiques. L’auteur demande au contraire à ses confrères de pratiquer le doute systématique à l’égard du caractère qu’on estime inévitable d’un événement supposé majeur. Le livre comporte huit récits uchroniques rédigées par des historiens anglo-saxons réputés. On y lit des hypothèses sur le maintien au pouvoir de Charles Ier d’Angleterre, l’application effective du Home Rule en Irlande ou le devenir des colonies américaines demeurées anglaises. D’autres travaux concernent l’invasion allemande de la Grande-Bretagne en mai 1940, l’inexistence de la Guerre froide, de la survie de JFK à Dalals ou du non-effondrement d’une URSS sans Gorbatchev. L’uchronie la plus saisissante est néanmoins celle de Niall Ferguson lui-même. « L’Union européenne du Kaiser » repose sur la neutralité de Londres en août 1914 malgré l’invasion de la Belgique. La défaite française permet à l’Empire allemand de ne pas abuser de sa victoire et de réaliser une hégémonie économique continentale qui annonce une union européenne plus charpentée, plus politique sans l’ombre de la Seconde Guerre mondiale, ni l’ingérence continuelle des États-Unis dans les affaires européennes. À rebours de certaines interprétations historiques conventionnelles, Niall Ferguson va jusqu’à envisager l’essor dans une France une nouvelle fois battue d’une droite révolutionnaire quasi-fasciste…

Intéressante conjecture dépassée

L’intérêt de Niall Ferguson pour les affaires européennes ne s’arrête pas à l’uchronie. Ce professeur à Harvard publie en 2011 dans le Wall Street Journal un scénario prospectif sur l’état de l’Europe en 2021. Il estime qu’à cette date, la monnaie unique existe toujours puisqu’elle est la devise officielle des États unis d’Europe fondés à partir « d’un nouveau système de fédéralisme budgétaire en 2012 a assuré un flux régulier de fonds depuis le noyau nord-européen (13) », ce que refuse toujours le gouvernement allemand et d’autres dirigeants de l’aire d’influence germanique.

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Dans un scénario téméraire, Niall Ferguson entrevoit le Brexit. « Cédant à contrecœur aux pressions des eurosceptiques de son propre parti, [le Premier ministre David Cameron] avait décidé d’organiser un référendum sur l’appartenance à l’UE. Encouragés par les pugnaces tabloïdes londoniens, les Britanniques ont alors voté pour la sortie de l’UE à 59 % contre 41 %, puis ont donné aux conservateurs la majorité absolue à la Chambre des communes. Libérée de la paperasserie de Bruxelles, la Grande-Bretagne est devenue la destination préférée des investissements chinois en Europe (14) ». Niall Ferguson avance même qu’en 2013, las des difficultés structurelles dues à la bureaucratie européenne, les électeurs de la République d’Irlande sortent à leur tour de l’austérité bruxelloise et rejoignent l’État britannique qui devient le « Royaume Réuni de Grande-Bretagne et d’Irlande ». Il est probable qu’on assistera dans les prochaines années (ou mois ?) le phénomène contraire, à savoir que l’Irlande du Nord reste dans l’Union pseudo-européenne et rejoigne la République d’Irlande avec un statut spécifique d’État (ou de région) associé(e).

Niall Ferguson envisage aussi qu’en 2011 la Finlande, la Suède et le Danemark refusent finalement « la proposition allemande de “ l’union de transfert ” pour renflouer l’Europe du Sud (15) ». Ils quittent alors l’Union européenne et constituent avec l’Islande et à l’initiative de l’opulente Norvège une « Ligue nordique ». L’auteur table en outre sur la défaite d’Angela Merkel en 2013 face au candidat SPD et le rejet massif de l’opinion allemande de toute tentative populiste outre-Rhin… Le nouveau chancelier social-démocrate allemand permet la formation à Vienne d’une sorte de ministère européen des Finances, l’adoption en 2014 d’un traité à Potsdam qui inaugure une union fédérale, l’adhésion aux États unis d’Europe des anciens États yougoslaves, Kosovo compris, et la séparation paisible entre la Flandre et la Wallonie.

Tandis que, confrontés à « la “ restructuration ” du bilan de l’État fédéral (16) », les États-Unis d’Amérique du républicain Mitt Romney se désintéressent du sort du monde, les États unis d’Europe s’affirment sur le plan international en pleine crise moyenne-orientale. Israël a attaqué les installations nucléaires iraniennes. Téhéran réplique via le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban du Sud. La Turquie se place du côté iranien pendant que les Frères musulmans prennent le pouvoir au Caire. Sans l’intervention in extremis de la jeune fédération, l’isolement stratégique israélien aurait conduit Tel-Aviv à employer l’arme nucléaire. Niall Ferguson se trompe dans ses prévisions, mais il est notable de remarquer que le président de cette union européenne refondée est Karl von Habsburg qui voit ainsi que « l’empire des Habsbourg s’est reconstitué sous les traits des États unis d’Europe (17) ». Le spectre des Lorraine d’Autriche ne cesse de hanter l’Europe…

Retour au baroque

L’uchronie en général et les deux textes de Niall Ferguson en particulier constituent des exemples probants de la conception baroque qui ne se restreint pas au seul XVIIe siècle. En 1992, Yvan Blot, récemment décédé, alors député français au Parlement européen, en avait célébré l’esprit dans un essai surprenant dont le sous-titre en couverture fit ricaner des rédactions parisiennes ignorantes « Le Pen est-il néo-baroque ? » (18). Attaché à une vision du monde en mouvement, épris de liberté, conscient de la force des apparences, ouvert à la complexité du monde et du Vivant, le baroque sait que la réalité peut être contradictoire, d’où une volonté de rapprocher les notions contraires afin d’en saisir une certaine « diversité » combinatoire.

Dans la perspective actuelle d’unité européenne à venir, l’apport baroque convient à merveille avec une méthode gothique en matière de politogenèse de notre continent. « Non seulement l’Europe économique et sociale s’inspire de plus en plus du modèle germano-rhénan, écrivent Jacques Keller – Noëllet et Luuk van Middelaar, mais tout comme l’art gothique en son temps, elle se trouve obligée de recourir à des techniques de construction innovatrices… (19) » Pour les auteurs, « l’art gothique se fonde sur la symétrie et l’équilibre des poussées. Face à l’arc-boutant de la discipline budgétaire, un contrefort symétrique axé sur la promotion de la croissance doit être mis en place pour contrecarrer les effets rédacteurs de la nécessaire rigueur et offrir aux citoyens des raisons d’espérer (20) ». Encore aurait-il fallu que les « architectes » politiques fussent allemands ou, pour le moins européens, et nullement des Yankees qui éprouvent depuis toujours une méfiance viscérale à l’égard du projet énergique de Nouvelle Rome. À cette aune, le 11 novembre 1918 retentit comme la fin du rêve européen et le début du cauchemar occidental moderne.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Dominique Venner, Le siècle de 1914. Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle, Pygmalion, 2006.

2 : L’uchronie est une spéculation philosophique et historique sur la suite des événements si des faits historiques s’étaient passés différemment.

3 : Fadi El Hage, « Et si… Louis XIV avait gagné à Blenheim ? », dans Guerres & Histoire, hors-série n° 3, novembre 2017, p. 75.

4 : Dominique Venner, op. cit., p. 36.

5 : Idem, p. 34.

6 : Xavier Delacroix et alii, L’autre siècle. Et si les Allemands avaient gagné la bataille de la Marne ?, Fayard, 2018, pp. 11 – 12.

7 : Idem, p. 7.

8 : Jean-Pierre Pécau et Florent Calvez, Septembre rouge, Éditions Delcourt, coll. « Jour J », 2010, et Fred Duval et Florent Calvez, Octobre noir, Éditions Delcourt, coll. « Jour J », 2010.

9 : Xavier Delacroix, L’autre siècle, op. cit., p. 21.

10 : Idem, p. 48.

11 : Id., pp. 48 – 49.

12 : Niall Ferguson (s. d.), Virtual History. Alternatives and Counterfactuals, Papermac, Londres, 1997.

13 : Niall Ferguson, « En 2021, Vienne, capitale d’une nouvelle Europe “ germanique ” », dans Courrier international du 1er au 7 décembre 2011.

14 : Idem.

15 : Id.

16 : Id.

17 : Id.

18 : Yvan Blot, Baroque et Politique. Le Pen est-il néo-baroque ?, Éditions nationales, 1992.

19 : Jacques Keller – Noëllet et Luuk van Middelaar, « Une Europe “ gothique ” ? Comment refonder l’Union », dans Le Monde du 28 décembre 2011.

20 : Idem.

lundi, 15 octobre 2018

104 años de Guerra Mundial

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104 años de Guerra Mundial

Ex: https://www.geopolitica.ru
 

El próximo 11 de noviembre se cumplirán oficialmente 104 años del fin de la Primera Guerra Mundial. Lo cierto es que las hostilidades militares, políticas, económicas y propagandísticas continúan y se prolongarán hasta en tanto sus promotores no se hagan con el control absoluto de la economía planetaria y proclamen la supremacía del Gran Israel.

Pero vayamos paso por paso: la Primera Guerra Mundial no se originó, en realidad, por el asesinato del archiduque Francisco Fernando, heredero al trono de Austria-Hungría, a manos del terrorista Gavrilo Princip, integrante de la organización secreta La Mano Negra. (El crimen se perpetró el 26 de junio de 1914, en Sarajevo, Bosnia).

La verdadera causa fue la autorización del Imperio Otomano al Segundo Reich Alemán de construir el ferrocarril Berlín-Bagdad y la negativa del Sultán de Constantinopla a entregar Palestina al movimiento sionista internacional.

El viraje del sionismo

Cuando la guerra estalló el 28 de julio de 1914, el sionismo internacional era partidario de los imperios centrales: Alemania, Austria-Hungría y el Imperio Otomano, debido a que el Káiser Guillermo II de Alemania llevaba muy buena relación con el sultán de Constantinopla, Mohamed V.

El movimiento sionista encabezado por Teodoro Herzl confiaba en que el pueblo judío podría establecer su estado nacional en Palestina, gracias a la buena relación entre Berlín y Constantinopla. El sionismo internacional se puso del lado de los Aliados, (Inglaterra, Francia y Rusia) después de que Berlín propusiera a Londres la paz sobre la base del “statu quo ante”. La oferta germana garantizaba la restauración de las fronteras europeas vigentes antes del estallido de la guerra.

La situación era, en ese momento, muy favorable para los Imperios Centrales. Expongamos por qué:

  • Las tropas francesas se habían amotinado y el mariscal Pétain había tenido que reprimirlas para evitar la desbandada.

  • Las tropas rusas eran desbordadas por los soldados alemanes, austriacos y turcos. Además, el derrotismo inculcado por los líderes soviéticos, socavaba la moral de las fuerzas del Zar Nicolás II.

  • Los satélites de Londres y París (Serbia, Montenegro y Rumanía) estaban en franco repliegue.

  • La guerra submarina alemana diezmaba de manera considerable el poderío naval inglés.

  • Las tropas turcas hacían retroceder a las fuerzas británicas y el Canal de Suez podía caer ante el embate otomano.

  • Inglaterra tenía reservas alimenticias para tres semanas. Sus reservas de municiones eran todavía más exiguas.

¿Qué pasó entonces? Que el Sultán de Constantinopla no aceptó entregar Palestina al Movimiento Sionista. Eso motivó a la Zionist World Organization a ofrecer a Inglaterra todo su apoyo (incluida la entrada de Estados Unidos a la guerra) a cambio de que Londres le entregara Palestina, al final de las hostilidades, para fundar ahí su Hogar Nacional.

La pérfida Albión tuvo el cinismo de pedir el apoyo de los árabes en contra de los Imperios Centrales y de ofrecerles que, al término de la guerra, constituirían a Palestina como su estado nacional. Las consecuencias de esa política continúan. Dicho de otra manera, la guerra iniciada en 1914, prosigue. (La Segunda Guerra Mundial fue, de hecho, la continuación).

Hablemos ahora del aspecto económico y geoestratégico. Inglaterra, que había sido tradicionalmente favorable a los intereses alemanes, cambió su doctrina porque el sultán de Constantinopla, Mohamed V, autorizó al Reich alemán la construcción del ferrocarril Berlín-Bagdad. La citi entendió perfectamente que este ferrocarril (que iría, en realidad, desde Hamburgo hasta Basora, en el Golfo Pérsico) hacía peligrar su vieja “línea imperial”: Gibraltar, Puerto Said, Suez, Socotra, Adén, Ceylán y Hong Kong.

Recuérdese que ningún país podía entrar al Mediterráneo con la intención de comerciar con las naciones del Lejano Oriente sin la autorización de Londres. Lo mismo sucedía en el Cabo de Buena Esperanza, controlado por las fuerzas de Su Majestad.

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¿Cómo iba a afectar el ferrocarril Berlín-Bagdad a Inglaterra? De manera muy sencilla. Demos dos ejemplos:

  • El camino más corto entre Alemania y La India, a través del Mediterráneo, requería de al menos tres semanas de navegación.

  • El más largo, entre Alemania y La India, circunnavegando a África, se llevaba al menos ocho semanas.

Londres trató, incluso mediante sobornos -como los que sí le funcionaron con los generales españoles de Franco en la Segunda Guerra Mundial- de que el sultán cancelara la concesión a Berlín, pero fracasó una y otra vez.

El ferrocarril Berlín-Bagdad abría la posibilidad a Alemania de trasladar tropas a La India en caso de guerra con Inglaterra, en menos de dos semanas, y de traerse el petróleo del Golfo Pérsico con mayor rapidez y sin la autorización de la gran potencia de entonces: el Reino Unido.

¡El petróleo!
 
El plan principal -por supuesto- tiene que ver con la pulverización del Medio Oriente para permitir el surgimiento del Gran Israel que domine en la región y extienda su influencia al planeta entero, por medio del Estado Profundo y de sus agencias como el Consejo de Relaciones Exteriores, la Comisión Trilateral y el Club Bilderberg, por citar apenas a tres.

Sin embargo, la estrategia de dominio conlleva hacer grandes negocios a costa de el sojuzgamiento de los pueblos y el arrebato de sus recursos estratégicos, como el petróleo. Citemos dos testimonios:

  1. Paul Wolfowitz, entonces subsecretario de Defensa de los Estados Unidos -y uno de los halcones más duros del Estado Profundo, declaró en 2003, que el principal motivo de la operación militar en Irak fue el petróleo de este país. (Milenio Diario, jueves 5 de junio de 2003, página 28).

  2. Alan Greenspan, ex presidente de la Reserva Federal de los Estados Unidos, publicó en su libro La edad de la turbulencia: aventuras en un nuevo mundo, lo siguiente: “Me entristece que sea políticamente inconveniente reconocer lo que todo el mundo sabe: que la guerra de Irak fue básicamente por el petróleo”. (Milenio Diario, jueves 17 de septiembre de 2007, página 40).

La periodista Rosa Townsend reveló, por su parte, parte, los  negocios del entonces vicepresidente de los Estados Unidos, Dick Cheney. Leamos:

La empresa que construye las barracas, limpia las letrinas y da de comer a los soldados en la guerra de Estados Unidos contra el terrorismo alrededor del mundo es la misma que dirigió el vicepresidente Dick Cheney hasta que asumió su cargo. El pentágono le ha otorgado contratos de miles de millones de dólares sin tener que pasar por un proceso normal de licitación […]. (El País, lunes 26 de agosto de 2002, página 4/Internacional).

El control del petróleo significa, pues, el control de la política, de la economía, del comercio y de la guerra, Conlleva, además, negocios particulares multimillonarios para los halcones del Estado Profundo.El Estado de I srael se implantó el 14 de mayo de 1948, en los estertores del mandato británico sobre Palestina. Lo prometido por Londres en 1916 se cumplió 32 años después, tras la liquidación definitiva de la Alemania nazi.

El Hogar Nacional Judío, sin embargo, dista mucho aún de ser la fuerza dominante en el Medio Oriente, a pesar del apoyo financiero de los grandes supracapitalistas del Sionismo Internacional, y del apoyo militar desmedido por parte de Estados Unidos.

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Para que el Gran Israel se concrete es necesaria la pulverización de las naciones árabes que reclaman la titularidad legal sobre Palestina. Con tal motivo, el periodista Oded Yinon, muy vinculado en su momento al Ministerio de Relaciones Exteriores de Israel, redactó en 1982 un plan para “balcanizar” al Medio oriente.

El diplomático sirio Ghassan Abbas, explica que el Plan Yinon plantea que Israel reconfigure su entorno geopolítico mediante la balcanización de los Estados árabes situados a su alrededor, para convertirlos en Estados más pequeños y débiles.¹

Ese plan fue la continuación a la estratagema británica en Oriente Medio. Los estrategas israelíes consideraban a Irak como su mayor reto estratégico de un estado árabe, dado que Irak se perfilaba como la pieza central de la balcanización del Oriente Medio y el mundo Árabe. En Irak, sobre la base de los conceptos del Plan Yinon, los estrategas israelíes requerían la división de Irak en un estado kurdo y dos estados árabes: uno para los musulmanes chiitas y otro para los musulmanes sunitas.

El primer paso hacia el establecimiento de este plan fue una guerra entre Irak e Irán en los años 80, que el Plan Yinon contemplaba. Aparte de un Irak dividido, un mundo árabe dividido: Líbano, Egipto y Siria; la división de Irán, Turquía, Somalia y Pakistán. Para dar vida al plan sionista del Medio Oriente, los israelíes necesitan quebrar el Norte de África y el Oriente Medio, modificando el territorio en pequeños países para dominarlos. Esto es la verdadera interpretación de lo que está azotando a los países árabes bajo el nombre de “Primavera Árabe”, desde el Norte de África hasta el Magreb árabe y especialmente en Siria e Irak con los hechos ocurridos desde 2011 […].²

El 3 de septiembre de 1897, en Basilea, Suiza, el máximo dirigente del Sionismo,Teodoro Herzl, dio un plazo de 50 años para el establecimiento, consolidación y predominio del Estado Judío del Gran Israel.

El plazo venció en 1947. El Estado judío surgió en 1948 con la traición de Gran Bretaña y de Occidente al pueblo palestino. A la fecha, sin embargo, dista mucho de ser el ente dominador e indiscutible que pretende. Por lógica: la guerra iniciada en 1914, continuará, apoyada por sus modalidades especulativas y terroristas. Herzl lo exige.

Notas:

  1. Ghassan Abbas, Nueva narrativa sobre: La guerra sucia en Siria. (México: Club de Periodistas de México, A.C., 2018).

  2. Ibid., páginas 155-156.

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lundi, 10 septembre 2018

Première Guerre mondiale : la division de la civilisation

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Première Guerre mondiale : la division de la civilisation

Article original, publié le 1er août 2018 sur le site Katehon
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Ex: https://versouvaton.blogspot.com
 
Le prochain anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale nous fait à nouveau penser qu'elle a déchiré l'histoire de l'humanité en deux...

Parce qu'après la Première Guerre mondiale, tout était possible. Après il est devenu possible de faire tout ce qui a pu se passer lors la Seconde Guerre mondiale, qui, en fait, n'est la seconde que dans la seule tradition historique. En fait, il s'agissait juste d'une continuation de la première après une trêve de 20 ans, car elle se donnait les mêmes tâches que la précédente.

Au cœur de la guerre est la confiance en soi dans chaque camp

Tout le monde connaît l'histoire. Allons directement aux conclusions quand aux causes de la guerre, et ses résultats. Et la conclusion, en général, est simple jusqu'à l'indécence: la confiance en soi.
L'Autriche-Hongrie, qui a commencé la guerre, était sûre qu'elle battrait la faible Serbie. Et si à cause de cela la Russie intervenait, la grande sœur allemande l'aiderait.

L'Allemagne était sûre qu'elle contrôlerait la Russie à l'est tout en résolvant le problème de la France. Le Kaiser ne se souciait pas beaucoup de l'union de cette dernière avec la Grande-Bretagne ; de Londres, il avait reçu assez de signaux que la Grande-Bretagne n'entrerait pas en guerre, malgré l'alliance franco-anglo-russe.

La France était convaincue que les Allemands ne passeraient pas ses fortifications. A Paris, personne ne croyait au fait que les « Teutons » ignoreraient la neutralité des pays tiers et traverseraient la Belgique.

La Russie était convaincue que le « rouleau compresseur » de ses forces armées ne ferait que rouler sur l'Allemagne pour en faire une crêpe délicate, sans oublier l'Autriche-Hongrie, dont l'armée, en général, se faisait écraser plutôt rapidement et habilement. Mais cette image victorieuse a été gâchée par l'Allemagne, qu'il n'était pas possible d’aplatir aussi facilement.

Enfin, l'Angleterre était persuadée que le « rouleau compresseur » de la Russie écraserait bientôt l'Allemagne, et que Londres n'aurait qu'à profiter de la répétition de la situation de 1812, quand les Russes humilièrent et écrasèrent l'armée de Napoléon.

La Serbie était convaincue que la Russie aurait assez de temps pour la défendre. Les motifs de la Turquie pour rejoindre l'alliance avec l'Allemagne sont brumeux. Le Japon, toujours gourmand, croyait que profitant de l'emballement, il s'emparerait de toutes les colonies allemandes en Chine. L'Italie a longtemps hésité, mais on lui a aussi assuré qu'en toute impunité elle piquerait à l'Autriche quelques vallées dans les Alpes…

En général, tout le monde était confiant en soi. Et ils ont cru qu'en trois mois au maximum la guerre se terminerait par une grande victoire pour leur pays.

Solution fatale

Il est curieux qu'aujourd'hui la situation soit similaire. Non, pas dans le sens du même « défilé de pays ». L'Allemagne n'est plus la même et ses forces armées peuvent être écrasées même par la Pologne. L'Angleterre est sans défense [elle a quand même un arsenal nucléaire maintenu… par les USA, NdT]. La France [idem mais à priori en toute autonomie, NdT] et l'Italie sont aussi sans grandes forces dans les conditions actuelles. Sur le tapis de jeu, avec tous les pays, aujourd'hui, c'est l'Amérique qui a vraiment une force réelle.

Et, néanmoins, les relations internationales sont à nouveau alignées dans la même configuration. La Russie a de bonnes relations économiques et même psychologiques avec l'Allemagne. Mais l'Allemagne mène l'hystérie anti-russe. Et cela pour le bien d'un Empire austro-hongrois inutile et en voie de disparition. Aujourd'hui, c'est l'Ukraine qui tient cette place et qui ne parvient pas à ramasser une colonie pour son propre bénéfice, alors la Serbie, maintenant le Donbass.

Dans l'histoire, les tendances se répètent ainsi que les circonstances. En tout cas, l'Angleterre, comme alors, se cache : mais jusqu'à la fin, personne ne saura si elle agira vraiment, et de quel côté. En tout cas, les observateurs internationaux ont récemment noté la frénésie de Londres par rapport à la Russie.

La Première Guerre mondiale a été une tragédie d'envergure mondiale qui a coûté la vie à des millions de personnes, entraînant d'énormes pertes économiques et remodelant radicalement le paysage politique européen.

11:53 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, première guerre mondiale, europe, civilisation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 22 mars 2018

The “Great War” and Tyranny: E. E. Cummings and John Dos Passos on the Destruction of Order 1914-18

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The “Great War” and Tyranny: E. E. Cummings and John Dos Passos on the Destruction of Order 1914-18

The conservative historical view tends to correlate the ascendancy of the ideological dictatorships with the degrading tumult of World War II, making of the Nazi-Communist rivalry in the 1930s the tense build-up to that war while interpreting the conflict itself as a paroxysmatic re-ordering of world politics. The regulation of the re-ordered world would be technocratic and autocratic – it would ideological – whether the victorious global hegemon was the United States of America or the Union of Soviet Socialist Republics. A type of elective étatisme was in the air. The British majority, for example, voted socialist immediately the conflict ended, contemptuously booting the architect of the victory, Winston Churchill, from office. France and Italy contended with large, well-organized Communist Parties and likewise embarked on the nationalization of their economies and the provision of generous welfare guarantees to the citizenry. The liberal colonization of institutions begins in this period, to become implacable and irreversible about the time that the Soviet Union dissolves in 1990. Quite apart from historical discussion, many non-scholars who think of themselves as conservatives nourish the notion that the “soft” totalitarianism of the contemporary politically correct regime in the West has only a short pedigree and that but a few decades ago, as in the 1950s, perhaps, tradition still reigned and things were in their proper proportion and arrangement. Of course such a view ignores the “enlightened” managerialism of Woodrow Wilson and the socialist quasi-dictatorial style of Franklin D. Roosevelt, just as it ignores the mobilized character of such phenomena as Suffragism and Prohibitionism, early phases of the liberal project that confusingly coincided with the anti-immigration and anti-Communist movements.

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E. E. Cummings

The most famous literary dystopia, George Orwell’s 1984, sees publication in 1948, but the most plausible literary dystopia, Aldous Huxley’s Brave New World, sees publication in 1932. The 1920s and 30s see a flood in spate of critical anti-modern discourse, not least in the single most definitive, formally modernist, text of all, T. S. Eliot’s Waste Land (1922); but also in philosophical works by Oswald Spengler, Nicolas Berdyaev, Herman Keyserling, René Guénon, Paul Valéry, Christopher Dawson, and Jacques Maritain, and in novels and short stories by, among others, F. Scott Fitzgerald, Pär Lagerkvist, Thomas Mann, Huxley himself, and two American contemporaries of Fitzgerald, E. E. Cummings (1894 – 1962) and John Dos Passos (1896 – 1970). Cummings and Dos Passos attended Harvard as undergraduates at the same time, studied with George Santayana, and absorbed his skepticism about modernity. They decided, before Wilson took America to war, to see the front first-hand by joining the ambulance service. Cummings and Dos Passos served in the Norton-Harjes Ambulance Corps as volunteers. Both fathomed the war keenly and both wrote about their experiences within a few years of the Armistice. In The Enormous Room (1922), an experimental non-fiction novel, and in Three Soldiers (1923), a novelistic panorama of America at war, Cummings and Dos Passos respectively and decisively break ranks with what they have come convergently to regard as the claptrap of war talk and the enlistment of whole societies in a project of total conflict.

I. The correctly – that is to say, passively – educated know Edward Estlin Cummings best as “e. e. cummings,” author of brilliant lyric poems, owing something to French Symbolist poetry, and written in an idiosyncratic English that omits capitalization and scrambles grammar and syntax. (Carefully scrambles, but never flouts.) Most of Cummings’ verse belongs to the genre of erotic poetry, but more than a few items of his bardic creativity are scathingly, bitterly satiric, suggesting when taken in isolation a strain of unmitigated sarcasm.

“next to of course god america i
love you land of the pilgrims’ and so forth oh
say can you see by the dawn’s early my
country ‘tis of centuries come and go
and are no more what of it we should worry
in every language even deafanddumb
thy sons acclaim your glorious name by gorry
by jingo by gee by gosh by gum
why talk of beauty what could be more beaut-
iful than these heroic happy dead
who rushed like lions to the roaring slaughter
they did not stop to think they died instead
then shall the voice of liberty be mute?”

He spoke. And drank rapidly a glass of water

cummings cubist portrait.jpgThe “hip” high-school English teachers of one’s youth in the 1960s and the eager, clueless assistant professors of one’s contemporary acquaintance naturally suppose, on the basis of this quasi-sonnet (in the pattern of fourteen lines established by Petrarch), that Cummings must have conducted himself as a self-congratulating liberal, meticulously thinking only approved thoughts, quite as each of them does. Devotees of Goodthink thus interpret the poem for their students catechistically, as their instructors have previously interpreted it for them, seeing in it an attack on patriotism as such, on America as such, on seriousness and high sentiment as such, and, naturally, as the indiscriminate rejection of anything established or traditional. They mistake the syntactic displacements for the “deconstruction” of something, perceiving illusorily a model of the sacrcastico-piety that passes today as humor. When one of the professoriate kens that later in life after a visit to the Soviet Union in 1932, Cummings became an ardent anti-Communist who would defend the activities of Senator Joseph McCarthy – then, as in the case of recent Cummings biographer Christopher Sawyer-Lauçanno, the discourse devolves into condescension. Cummings acquires the epithet of a “hard-line quarrelsome conservative.” Sawyer-Lauçanno also dislikes Cummings for his disdain of homosexuals. Another critic accuses Cummings of “racism” although the use of the forbidden-for-some n-word in Cummings’ published work is obviously denunciatory.

The book that glosses “next to of course god america i,” The Enormous Room, also testifies to its author’s youthful courage and passion for truth, recounting as it does quasi una documentaria his brutal collision with the French Republic, whose violated sovereignty, as he saw it on volunteering, he had crossed an ocean to save from “Prussian Tyranny.” (In the phrase Cummings quotes President Wilson ironically.) In uncanny anticipation of the imbroglio that first inducted Alexander Solzhenitsyn into Archipelago Gulag, an epistolary association brought the suspicious eye of the French wartime government on Cummings, whose buddy in the Norton-Harjes “Section Sanitaire Vingt-et-Un,” William Slater Brown, had written letters in which, casually, he criticized the policies of La belle nation. Betrayal would steal on Cummings, however, from more than one direction. His supervisor in the ambulance outfit, in Kafkaesque nomenclature “Mr. A,” despised Cummings and Brown because he also despised “dirty Frenchmen,” whom the two volunteers admired and with whom they persisted in fraternizing. One day, shortly after the arrival of “a gentleman in a suspiciously quiet French uniform” along with two soldiers, Cummings found himself under arrest and being transported, none too politely, to what turned out to be the Porte de Triage, essentially a political prison, at La Ferté-Macé in Lower Normandy. “Mr. A” did nothing to help either Cummings or Brown; nor did Norton-Harjes, nor did the American government.

752951.jpgThe Enormous Room provides one of the earliest accounts, outside of the French Revolution and the final half-century of Czarist Russia, of political arrest and incarceration. Like the recorders of étatist persecution in those other milieux, Cummings knows with instantaneous conviction that spying on private opinion signifies the advent of a totalitarian order the ideological rigidity and intolerance of which motivate a program of investigation and punishment. This regime directs its supervision at even the most trivial and private utterances of doubt concerning the legitimacy of the state. Such a regime must, according to the insidious logic of its principles, declare war against conscience. In so doing that regime will swiftly make hellish the nation-state it controls. From this premise about ideological-totalitarian politics comes the appropriateness of Cummings’ outstanding narrative gestures, which draw on the descent-imagery of Dante’s Inferno and the tribulation-plot of John Bunyan’s Pilgrim’s Progress. Dante’s native Florence banished him in 1301 when the Ghibelline faction gained power in the city. Bunyan wrote A Pilgrim’s Progress during his twelve years in jail (1660 – 1672) for the offending the Church of England by the lese-majesté of unlicensed preaching.

The scene in which Cummings, after a long sleepless journey by railroad and automobile, at last reaches the Porte de Triage takes inspiration from various Alighierian motifs and from the depictions of Satan by the painters of the Flemish school, especially Jerome Bosch. In the famous triptych, Bosch represents Satan as devouring and excreting the capital sinners. The policeman-clerk who processes Cummings at La Ferté-Macé cannot get his Gallic jaw around the American’s surname: Vous êtes uh-ah KEW-MANGZ… Vous vous appelez KEW MANGZ, n’est-ce pas?” To the inquisition, “why are you here,” Cummings furnishes a non-cooperative sais pas,” after which his inquisitor says, Il a écrit, votre ami, des bêtises, n’est-ce pas?” The moral kernel of such black humor is the metaphysics of the proper name, which Cummings takes seriously. Mangling the name is the objective correlative, as T. S. Eliot might say, of the state’s assault on the person, the inner-person, the conscience. The same petty official says, “Your friend got you into a lot of trouble,” a clumsy attempt to misidentify the agents of injustice. N’importe,” Cummings replies, “we are camarades.”

The system has nevertheless ingested Cummings, who finds himself in the belly of the beast, with its “monstrous atmospheric slime” and “sweet unpleasant odor.” The gendarme has ushered him into the titular Room, where some sixty inmates bide their time for having committed this or that infraction against the absolute privilege of the state. When Cummings awakes on his first morning, Slater-Brown proves himself already present, maintaining paradoxically that, “this is the finest place on earth!” Slater-Brown means what he says morally, of course. Physically, the Enormous Room is overcrowded; its denizens, through no fault of their own, bathe but rarely, and the place stinks from body-odor, piss-pots, and the cabinet d’aisance. And yet distinctions have become adamant and unavoidable. Monsieur le Directeur, for example, specializes in the bullying and abuse of those under detention. “As soon as he saw me,” Slater-Brown tells Cummings, “he bellowed: Imbecile et inchrétien!’; and then he called me a great lot of other things, including Shame of my Country, Traitor to the sacred cause of Liberty, Contemptible coward and Vile Sneaking Spy.”

eec-sm.jpgThe bureaucratic vulgarity that typifies the corporate patois of La Ferté-Macé, especially the use of political clichés of the lowest order during humiliating dressings-down and interrogations, would find concentrated expression in the quasi-sonnet ‘next to of course god america i.” The punitive regimen of La Ferté-Macé extends, however, beyond ritualized verbal abuse; it extends to les cabinots – the wet tubercular chastisement cells to which, at any time, Monsieur le Directeur might consign an inmate. Cummings calls the Director “Apollyon,” the name of the devil in A Pilgrim’s Progress. In his tiny domain, reflecting the perversions in the larger domain without, the Director is “a very complete Apollyon, a Satan whose word is dreadful not because it is painstakingly unjust, but because it is incomprehensibly omnipotent.”

II. The Director figures forth, in Cummings’ words, the “perfect representative of the Almighty French Government.” The adjective, borrowed from theology, indicates compactly an analysis of pure secularity that affiliates The Enormous Room to the work of Edmund Burke, Joseph de Maistre, and such Twentieth Century writers as Nicolas Berdyaev and Eliot. When the state decides to promote itself to godhead the result is not divinity but devilishness, the negation of decency, and a degrading mockery of all things good. The prison building itself, a medieval structure, strikes Cummings as having once served a religious purpose, as a monastery maybe or a cloister. The Director permits Catholic Mass on Sunday, but the Mass takes on the perverse, unholy character of its surroundings. The priest, who changes every week, works with an assistant, a jailer, who never changes, and who polices the Mass, “to gaze about from time to time upon the worshippers for purposes of intimidation.” One priest solemnly tells the celebrants what they already know to be true based on their incarcerated lives, that, L’Eternité est une existence sans durée.” Elsewhere and often Cummings refers to La Ferté as La misère.

The totalitarian regime cannot permit un-vetted thought or its expression; worse than that, the regime insists, not that the dissenter keep his peace, but that the dissenter volubly assent to the correct – to government-approved – locutions. Le gouvernement français had jailed Cummings and Slater-Brown because the latter committed to writing, in letters destined to his family back home, his private reservations about Allied war aims. Cummings shared Slater-Brown’s skepticism. Even before arriving at La Ferté, when he had only just been arrested, Cummings faced questions about his attitude to Les boches. “Monsieur asked,” Cummings records, “if I would have any hesitation in dropping bombs on Germans.” Cummings assented that he would be ready to bomb German soldiers – on the battlefield. That answer pleased the official too little. Est-ce-que vous detestez les boches?” Cummings comes back with: Non. J’aime beaucoup les français.” To which the official insists, “It is impossible to love Frenchmen and not to hate Germans.” Cummings thus finds himself under coercive pressure to join in ritualized collective hatred that is based on logical non-sequiturs and that grossly violates Christian precepts.

Cummings resolves never to relent in resisting the program of conscience-betrayal. He always responds to and records knowledge that bolsters his standing judgment. A fellow inmate called One-Eyed David (“Da-veed”) “had been in prison at Noyon during the German occupation, which he described fully and without hyperbole.” David, Cummings writes, “had seen with his own eyes a French girl extend an apple to one of the common soldiers as the German army entered the outskirts of the city.” The soldier, as David narrated, refused. The soldier said, “Pardon, Madame… but you must know that a German soldier is forbidden to take anything without paying for it.” The plausible anecdote about Teutonic decorousness makes hay of Allied propaganda about Les boches. David tells another story, this one at second or third hand, but having equally the ring of truth. David’s barber’s brother, an airman, “was flying over the lines, and he was amazed, one day, to see that French guns were not firing on the boches but on the French themselves.” When the aviator reports what he has seen to a staff officer at headquarters, the reply comes that, “They have begun; they must finish.”

Another prisoner, whom Cummings calls Guard Champêtre, relates two even more outrageous stories about French military doctrine than One-Eyed David does. Guard Champêtre had served as a motorcycle dispatch rider on the Yser salient. The first of the tales recounts how he had, as Cummings writes, “seen a bridge hastily constructed by les alliés over the Yser River, the cadavers of the faithful and the enemy being thrown in helter-skelter to make a much-needed foundation for the timbers… The Yser, he said, flowed perfectly red for a long time.” The second of Guard Champêtre’s two tales also concerns the fighting on the Yser. Demoralized by the brutality of combat, the French, Belgian, and English soldiers, according to Guard Champêtre: “Did not see any good reason for continuing the battle. But we continued. O indeed we continued.” On the question, why, Guard Champêtre explains: “Because in front of us we had the German shells, behind, the French machine guns, always the French machine guns, mon vieux.” Whenever the soldiery showed signs of flagging, “Pupupupupupupupup” and “we went forward.” Guard Champêtre closes with, Vive le patriotisme.” That the Red Army under Stalinist leadership conducted itself in a similar way at Stalingrad is well known and unsurprising; that the same was French policy in 1917 comes as a shock. Cummings is taken aback and he would convey his deep disillusionment to his readers.

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The French government holds the inmates at La Ferté largely incommunicado, in the political and legal equivalent of Dante’s Limbo. Every three months comes to the Porte a traveling Commission, to hear individual cases recommended to it by Monsieur le Directeur. The hearing entails for Cummings yet another denunciation of Slater-Brown. The investigators, exhausting their questions, tell him nothing. Late in January 1918, a planton or warden suddenly calls Cummings from the barracks to the Director’s office. The Director informs Cummings that he will be discharged from La Ferté but that he will have to remain in France under technical arrest until the end of the war. Meanwhile Cummings’ father has been conducting a panicked search, repeatedly querying the State Department to inquire of the French Government as to his son’s whereabouts and status.

Edward Cummings’ letters to various high officials, including one desperate and irate letter to President Wilson, constitute the prefatory section of Cummings’ narrative in The Enormous Room. At one point, the French War Office declared Cummings dead, listing him falsely as having taken passage on a ship torpedoed mid-Atlantic on the voyage from Le Havre to New York. The elder Cummings wrote to Wilson, “More than two months ago [Cummings and Slater-Brown] were arrested, subjected to many indignities, dragged across France like criminals, and confined in a Concentration Camp at La Ferté Macé; where, according to latest advices they… remain.” Cummings père suggests to Wilson that the American President should “do something to make American citizenship as sacred in the eyes of Frenchmen as Roman citizenship was in the eyes of the ancient world.” Whether Wilson heeded the letter or ignored it, Edward Cummings could not guess.

In The Enormous Room, Cummings describes his own attitude to his experience under incarceration in terms Stoic, sometimes ironic, even declaring his sense of guilt on his liberation: “To leave La Misère with the knowledge, and worse than that the feeling, that some of the finest people in the world are doomed to remain prisoners thereof for no one knows how long – are doomed to continue, possibly for years and tens of years and all the years which are terribly between them and their deaths, the grey and indivisible Non-existence which without apology you are quitting for Reality – cannot by any stretch of the imagination be conceived as a constituting a Happy Ending to a great and personal adventure.” It was thanks to his experience of what the father calls a Concentration Camp that Cummings would recognize the Soviet Union for one vast prison on a continental scale when he visited there in 1932. Cummings could see what the useful idiots – Walter Duranty was one – could not see and he could see it with Dantesque visionary clarity, thanks to his ordeal.

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John Dos Passos

III. Dos Passos likewise volunteered to drive an ambulance but ended up in Italy after only a brief stay in France. Dos Passos never stumbled into anything as nasty as Cummings’ embroilment with Le government français, but what he saw of war and the effects of war influenced him to reassess many of his youthful political convictions and provoked him to judge American participation in the Allied cause with dissident skepticism. His short novel One Man’s Initiation (1920) gave voice to his change of heart and non-conformist attitude, but Dos Passos made no lasting literary impression until the appearance of Three Soldiers, a much more ambitious novel than One Man’s Initiation, in 1923. Where Cummings rarely explained himself directly, Dos Passos offered personal retrospection and autobiographical analysis in abundance all his authorial life. Investigation may therefore trace Dos Passos’ transition from the political left to the political right phase by phase in the author’s own explication. In The Theme is Freedom (1956), for example, Dos Passos republished key items from his journalistic portfolio with added backwards-glancing commentary on his own changing attitude through the decades. Returned from the war service, Dos Passos took interest in labor politics, leftwing political movements like the New England anarchist movement, and the Sacco and Vanzetti case.

jdp-freedom.jpgIn 1928 he went to Russia full of optimism only to leave the Workers’ Paradise in dour mood. In 1936 Dos Passos went to Spain ostensibly to assist in making a documentary film favorable to the Republic; when Dos Passos’ Spanish friend Juan Robles suffered arrest and execution by the Soviet “allies” of the Republic, Dos Passos abruptly lost enthusiasm for the side.

Already in the early and middle 1920s, based on his experience of ideological crudity and gross indoctrination-regimes during the war, Dos Passos had begun to doubt supposed causes that draped themselves in emotive formulas and images of a radiant future. Of Communist infiltration of and influence over the labor movement, Dos Passos grew resentful. Having worked tirelessly on behalf of striking coal miners in Kentucky, it shocked Dos Passos when, “back in New York the chairman of the Central Committee [of the CPUSA] sent for me and asked me to go back [to Kentucky] and stand trial.” That would have been in Harlan County, where the district attorney indicted Dos Passos under an arcane anti-syndicalism law. Dos Passos suddenly saw his putative comrades as “human engineers,” hence also as effective dehumanizers, of the people whose cause they claimed to represent. A man was expendable, on the battlefield or in politics. Dos Passos recognized a “professional’s sneer,” a “scornful attitude toward perfectly sincere I.W.W. and A.F. of L. men,” in the radicals’ gambit of “denying help to men who wouldn’t play their game.” The revolutionaries, as it occurred to Dos Passos, “were out, not to even up the scales, but to smash them.”

50537.jpgSocial engineering, obliterating the individual’s personality so as to refashion it to sub-serve a dehumanizing scheme, mobilization, militarization, and smashing things, whether tangible or intangible: The novel takes these predilections as its themes. The titles of the larger sections into which Dos Passos subdivides Three Soldiers tell already of the author’s point of view: “Making the Mould,” “The Metal Cools,” “Machines,” “Rust,” “The World Outside,” and “Under the Wheels.” The eponymous soldierly trio furnishes a set of American specimens representing classes and occupations. Dan Fuselli hails from San Francisco where he has worked as stock clerk in an optical goods store. Fuselli has little formal education and a restricted intellectual horizon, his idea of success being to rise from private soldier to corporal by fitting in. “Chris” Chrisfield, a kid from Indiana, also lacks formal education. More high-strung than Fuselli, Chrisfield grows swiftly to loathe officers and orders; his disintegration under military discipline reaches its climax in a battlefield homicide. Dos Passos locates the story’s controlling perspective in John Andrews, an Easterner with an education who dreams of becoming a serious composer. No saint and prone to self-pity, Andrews nevertheless grasps what is happening, not only personally to him but also culturally and historically. His plight stands for the plight of all civilized people in a world where civilization has undertaken to see to its own disintegration in ways gross and subtle.

“Making the Mould” takes place in the stateside training and transportation camps where the three characters become acquainted with one another. Whether Dos Passos was responding to Eliot’s poem The Waste Land or not, he was at least participating in the minority spirit that Eliot articulated – and Three Soldiers is replete with “Waste Land” imagery. The numerous “cinder piles” that mark the drill-field are like so many newly dug graves; the “long shadows” of the late afternoon combine with the ticking of many pocket watches to reinforce the unstated theme of death-in-life. Fuselli recalls the “man behind the desk at the draft board,” who, with his “white bony hand,” gave him his induction papers.” Andrews, assigned to wash windows in a filthy barracks, finds the phrase “Arbeit und Rhythmus” seizing his mind until he recalls that it is German and the recognition jolts him back into conscious awareness of his situation. A crude, relentless propaganda regime intrudes everywhere into basic training. Cummings’ jail keepers wanted to know,Est-ce-que vous detestez les boches?” In Three Soldiers, no one heeds subtlety enough to put the compulsion in the form of a question. In the recreation hall before the Friday night movie, the “Y man” (a representative of the Young Men’s Christian Association) leads the soldiers in song: “Hail, hail, the gang’s all here – We’re going to kill the Kaiser, we’re going to kill the Kaiser!” Criticizing the dearth of enthusiasm, the “Y man” presses for “lots of guts in the get and lots of kill in the Kaiser.”

The film depicts “soldiers in spiked helmets… bayoneting civilians in wide Dutch pants.” Chrisfield tells Andrews, “Gee, it makes ye hate the Huns.” Andrews overhears another man: “I never raped a woman in my life, but by God I’m going to” and “I’d give a lot to rape some of those goddam German women.” The coarsening effect on undeveloped minds has consequences unforeseen by the propagandists. Having warmed to the idea of killing, Chrisfield confides to Andrews that if he got the chance on the ocean passage, he would throw a certain sergeant into the sea. Despite nourishing murderous hatred for officers, however, Chrisfield never rebels against his conscript status. Andrews thinks to himself that his companions “did not seem appalled by their loss of liberty.” Fuselli has nightmares of embarrassing himself in front of an officer. When a soldier with the archly appropriate name of Eisenstein comments that “you’ve got to turn men into beasts before ye can get ‘em to act that way,” Fuselli warns: “Be careful how you go talkin’ around the way you do.”

Dos Passos’ novel depicts an Army transforming itself into a police state. Beginning in “The Metal Cools” the MPs become ubiquitous and menacing, a gesture that Ernest Hemingway would appropriate for A Farewell to Arms (1929). Eisenstein interprets the war mentality and the rush to obedience as indicating a slavish proneness to “do what we’re ordered to do.”

Not all MPs are military police; some are morality police. Marching to the trenches, Andrews and Chrisfield take advantage during a break to bathe in a pond. “Say, if you don’t mind my suggestion,” a “Y-man” says, “why don’t you fellers get under water… You see there’s two French girls looking at you from the road.” When Andrews finishes his bath and pulls his uniform back on he says out loud that it feels like “taking up filth and slavery again.” The “Y man” says, “You’ll get in trouble, my boy, if you talk that way.” He adds: “Oh, boys, never forget that you are in a great Christian undertaking.”

IV. In denouncing propaganda (“make the world safe for democracy”) was Dos Passos not simply engaging in his own vulgar “anti-war” propaganda? Could doughboys really face the firing squad, as someone tells Fuselli, for sounding off the way Eisenstein does? But MPs arrested Cummings merely because his friend – in private letters – mildly criticized French belligerent policy. In Three Soldiers, Dos Passos represents the “democratization” of military service as the vanguard phase of the militarization of the democracies and the broad destruction of freedom. He furthermore makes little case for democracy, as such, the language of which strikes him as false (“a great Christian undertaking”). He prefers to give his vote for the traditional civilization that the war, in his view, has ambushed. The “Y-man,” for example, prudishly disdains “French girls,” but it is the war for which the “Y-man” cheers that has driven those girls into prostitution, coarsening the relation of the sexes. Virtually all the females with whom Dos Passos’ soldiers have contact freely sell themselves for a price. Andrews knows what to value; Andrews’ misfortune – or rather civilization’s misfortune in Andrews – is that he knows and experiences his civilized commitment weakly, self-pityingly. The “Rust” segment of the story sees Andrews wounded by shell splinters and sent to hospital for recovery. He acquires a copy of Flaubert’s Tentation de Saint-Antoine, which he studies while recuperating, with the thought of setting it as an opera.

3sol.jpgLike The Enormous Room, Three Soldiers develops a complicated web of literary and artistic allusions. Even so, Flaubert’s recherché theater-of-the-mind of 1874 about the Late-Antique founder of Christian monasticism (251 – 356) seems a peculiar reference. What might justify or explain it? Anthony’s “Thebaïd,” his withdrawal into the Egyptian desert, represented in the first place a spiritual response to the political and moral corruption of existing imperial institutions – and from the clash of religious ideologies that characterized Alexandrian life in the saint’s era. Famously, after many years of isolation and contemplation, Anthony experienced the visionary tentation that chiefly concerns Flaubert in the seven acts of his drama. Andrews fixates on Anthony’s vision of the Queen of Sheba, whose person combines the allure of whoredom with the allure of power. All the tempters in La tentation, however, embody the perverse spirit of libido dominandi. The most apposite of Flaubert’s images for Three Soldiers would therefore be the anchorite’s nightmare-vision of mutual sectarian slaughter in the agora of Alexandria. “We saints,” the butchers say, “to hurry the end of the world, we go poisoning, burning, massacring.” Anthony sees the cutting of throats, incinerations, and he hears a “Terrible Invocation,” until the colonnades and palaces collapse in rubble. The followers of doctrine hate and kill one another.

“Why do you hate the Huns,” Andrews asks another “Y-man.” The answer comes: “Because they are barbarians, enemies of civilization.” Andrews thinks to himself: “How these people enjoyed hating”; and he asks himself: “Was civilization nothing but a vast edifice of sham, and the war… its fullest and most ultimate expression?” He thinks also of those “who had taught unworldliness… Democritus, Socrates, Epicurus, Christ.” It dawns on him that as soon as he recovers, he should “desert.” Andrews spends much of the second half of the novel (“The Outside World” and “Under the Wheels”), which takes place after the Armistice, more or less AWOL, until the increasingly ubiquitous peacetime MPs catch up with him brutally near Chartres. Cathedral spires – glimpsed often in the distance – and Gothic architecture answer implicitly the important question, whether civilization is a “sham.” They signify the spiritually intact order, the civilization proper, that the war has betrayed, only to replace it with the ideological state. It is the ideological state that is the sham. In a YMCA lecture on the meaning of the Occupation, one “Reverend Skinner” admonishes: “I am sorry to say, boys, that the Germans have not undergone the change of heart for which we had hoped. They have, indeed, changed the name[s] of their institutions, but their spirit they have not changed.” In the Reverend’s view, “Germany should have been utterly crushed.”

Bell towers of defunct Christendom and carved ceilings with chivalric panoply now resemble the City of God – they represent a domain of lawfulness not to be realized on this flat earth.

Awash in slogans and second-hand emotions, even those who have spent the war in civilian life find it hard to form independent judgments. When Andrews asks the girl who will later snub him, Geneviève Rod, whether she has read La tentation, she calls it “not [Flaubert’s] best work,” but “a very interesting failure,” a phrase that she subsequently admits having gleaned from writer-critic Emil Faguet. Thought itself has become artificial, restricted, and automatic. In comparison with people of the Gothic Age or the Renaissance, “men seemed [to Andrews] to have shrunk in stature before the vastness of the mechanical contrivances they had invented.” Bureaucracies and police forces merely betoken the rampant “slave psychology.” Andrews, watching the Parisian crowds, thinks: “Today, everything was congestion… men had become antlike.” Crowding invites stringent regulation and then “slavery”; it promotes conformism – precisely José Ortega’s thesis in The Revolt of the Masses (1930). No matter what tendency prevailed – whether “tyranny from above” or “spontaneous organization from below” – it would fall out that “there could be no individuals.” In the final image of Dos Passos’ novel the MPs take Andrews in custody, at gunpoint: “All right, walk downstairs slowly in front of me,” whereupon the sheets of the unfinished Saint-Anthony opera blow through the window on the breeze.

In The Theme is Freedom, commenting on what he latterly saw as his misguided vote for Roosevelt’s third term, Dos Passos wrote: “The federal government [under FDR] became a storehouse of power that dwarfed the fabled House of Morgan that had been the bogy of our youth. When you add to the coercive power of the government the power of the purse and a standing army you have a situation that would have alarmed even the most authoritarian statesmen of our early history.” As Lord Acton said, power corrupts; and as Dos Passos sees it, fear of losing power corrupts absolutely. “Consciously or unconsciously, Roosevelt could find no other way of consolidating the vast power… than by leading the country to war.” Dos Passos omits to mention that in undertaking the war-program Roosevelt followed in the footsteps of Wilson, who sent a million doughboys “over there.” Dos Passos viewed World War II as the phase of consolidation of the already-aggrandized and increasingly dictatorial-technocratic federal government.

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Contemplating this emergent global corporatism, Dos Passos would write that, “The antithesis between capitalism and socialism is beside the point.” What is striking in the convergent mentality of the elites and in the political regimes, which that mentality takes advantage to create, is “the centralization of power and the isolation of the individual in his routine at an office desk, or in his job on the assembly line, or even at the more varied work of turret or lathe.” Everyone is thus held incommunicado in the Enormous Room, or rather shackled to his desk in the corporate office-tower, under threat of his livelihood should he actively dissent. “Y-men” and MPs go disguised as co-workers. Everywhere meanwhile the average, institutionally isolated person must try to make sense of the “selfserving propaganda which is daily pumped in his ears by the political climbers who use corporations, labor unions, stratified organizations of any kind, as ladders to positions from which they may ride to glory on the backs of their fellows.” The choice facing Americans, as Dos Passos wrote (the words come to us from 1955), lay between “a stratified autocratic society more or less on the Russian model and the selfgoverning republic, which is our heritage.”

mercredi, 21 mars 2018

D’Annunzio le magnifique

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D’Annunzio le magnifique

par E. Francovich

Ex: http://rebellion-sre.fr

12 septembre 1919. Onze heures quarante-cinq. Une colonne de deux mille hommes entre triomphalement dans la ville de Fiume, port dalmate occupé par une force interalliée. Les négociations entourant les traités de paix vont certainement refuser l’ancien port hongrois à l’Italie et le donner à la nouvelle Yougoslavie, décision que tous ces hommes — grenadiers, aviateurs, arditi et autres survivants italiens des tranchées, arborant tous chemises noires et poignards — ne se résignent pas à accepter. Audessus d’eux, sur un drapeau rouge, lové sur lui-même, le Serpent Ourobouros transforme l’expression latine de Saint-Paul1 et siffle : « Si spiritus pro nobis, quis contra nos ? » (Si l’esprit est avec nous, qui est contre nous ?) Les hommes, électrisés, répondent en choeur par un chant de combat : « Giovinezza, Giovinezza, Primavera di bellezza / per la vita, nell’asprezza il tuo canto squilla e va ! » (Jeunesse, jeunesse, Printemps de beauté / dans la vie âpre ton chant résonne et s’en va). Débute alors une aventure-épopée unique en son genre, cinq cents jours d’une contre-société expérimentale 2 dont le principe fondamental proclamé est la musique, cinq cents jours d’une cité de vie où se conjuguent fête et discipline, cinq cents jours d’une pratique collective et archéofuturiste de la révolte. A la tête de cette colonne et de la future Régence italienne du Carnaro qui va gouverner la ville, un homme d’un mètre soixante-quatre, chauve, peau couverte de décorations, monoclé et mains gantées, il approche de la soixantaine, il est poète célèbre, soldat de la Grande Guerre, « barde du peuple » et bientôt… Roi. Il s’appelle Gabriele D’Annunzio. A travers le récit des épisodes de son existence, baroque et agitée, c’est le mystère de cet homme étrange, « tout poivre et nerfs », aux allures de Napoléon un peu sauvage, que le livre de Maurizio Serra se propose de pénétrer. D’un côté, la tâche pourrait sembler aisée tant le personnage n’a jamais rien caché et orgueilleux omnivore, a voulu monter sur toutes les scènes et conquérir tous les théâtres sans jamais dissimuler ses intentions. Mais cette profusion de pièces à conviction ne garantie pas une preuve absolue : l’homme se dérobe toujours quelque peu car, selon le mot de Suarès qui a donné le titre au livre de Maurizio Serra : « D’Annunzio est le plus magnifique de ses personnages. » Alors que s’est-il passé sous ce crâne dégarni qu’il surnommait sa « clarté frontale » pour qu’âgé de cinquante six ans son corps se lance dans une folle équipée qui le fera Roi ? L’auteur le confesse : aucune biographie de parviendra à épuiser le « sujet D’Annunzio ». Alors il faut néanmoins rassembler, détailler, examiner toutes les actions, les discours et les gestes, les collisions sensuelles et les étincelles spirituelles, se baigner dans les œuvres, dresser les décors et les personnages qui entourent le poète — la haute société, les femmes virevoltantes, les soldats fascinés, les dramaturgies de volupté et de mort. Et trois grands flambeaux se dressent alors comme des aiguillons brûlants dans cette existence qui ne veut jamais se reposer : la poésie, les femmes, la guerre.

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Aujourd’hui, pour un jeune européen de l’ouest, épargné par la guerre, bercé de discours bêtifiants et béatement humanistes sur la violence et à qui sont proposés, comme héros et hérauts du moment, des saltimbanques millionnaires, des aventuriers de plateaux télé ou des startupers transhumanistes, un caractère rebelle et aventureux comme celui de D’Annunzio suscite des interrogations et semble appartenir à un type d’homme révolu ou, en tous cas, anachronique par rapport aux modèles promus et normalisés par notre époque. Comme si le goût du danger et l’instinct belliqueux chez l’homme pouvaient être éradiqués à coup de longues périodes de paix, d’environnement « climatisé » et de slogans publicitaires. On ne peut supprimer cette part d’ombre. Dans une optique d’harmonisation individuelle et collective, on peut, tout au plus, négocier avec elle et lui laisser la place qui lui revient car le désordre qu’elle porte est aussi source de vie. L’ombre refoulée par une rationalité aseptique fait généralement retour d’une manière extrême, cruelle et avec une intensité décuplée. Ceux qui éconduisent le discours dit progressiste, taxant tout comportement non conforme à son évangile désincarné de modèle dépassé, ont bien saisi le message de Zarathoustra : « Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » C’est le chaos de ce type d’homme différencié que D’Annunzio le Magnifique veut nous faire percevoir. Le poète confie qu’il « adore la guerre » et il ajoute : « Ce fut pour moi un second étincellement de jeunesse. Ne fût le sang d’autrui qui coule, je serai tenté de considérer avec effroi la fin de la guerre ». Ce qui ressort dans les parties du livre consacrées aux expériences guerrières de notre personnage est parfaitement résumé dans leurs titres respectifs : Le Conquérant et Le Commandant. Désir de conquête donc. Conquête du verbe, des femmes, du monde. Désir de conduire également, d’assumer sa nature de « condotierre de la Renaissance », d’être héraut, d’être Roi. Conserver l’énergie pure et première de la jeunesse qui ne veut pas se résigner au statu quo. Être fidèle à sa nature d’ « homme-animal », prendre la guerre comme expérience intérieure, pour reprendre le titre d’un essai d’un autre écrivain-soldat, allemand cette fois, ayant combattu en 14-18. Ainsi, en dépit de leurs réticences, D’Annunzio, alors âgé de 52 ans en 1915, parviendra, à force d’insistance, à convaincre les autorités militaires italiennes de l’enrôler.

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Certes, il n’a pas connu les tranchées, mais aucun doute n’est permis quant au caractère risqué des opérations qu’il a menées, aussi bien dans l’infanterie, la marine ou en tant qu’aviateur, ni sur une certaine bravoure dont il a fait preuve. Selon Maurizio Serra, il serait malhonnête d’en faire un dilettante qui aurait joué à la guerre et se serait préservé de tout danger dans un conflit qui fut d’une violence extrême. Il perd d’ailleurs son œil droit dans un accident dont les circonstances ne sont pas vraiment élucidées3. Cette blessure obligera ce désormais « borgne voyant » à, une fois encore, devoir insister auprès des autorités pour reprendre du service. De cette période de guerre naîtra son dernier chef-d’œuvre, Nocturne, confession dans laquelle il se dévoile plus intimement. L’ouvrage, qui ne sortira qu’en 1921, est décrit par Serra comme « un des documents les plus humains, fraternels, mystiques inspirés par le conflit », « un journal de l’âme par la guerre, plutôt qu’un journal de guerre ».

C’est durant cette même guerre que les italiens créèrent des unités de choc sur le modèle des Stosstruppen allemandes : les arditi. Nombre de ces « hardis » qu’il recruta lui-même l’accompagneront, plus tard, lors de l’épopée de Fiume. Baroudeurs, soldats aguerris, garçons dévoyés et aussi bien aristocrates et intellectuels composeront ces troupes. Cette biographie mentionne également un autre personnage tout aussi fascinant que notre poète-guerrier italien, un japonais membre des arditi et intime de D’Annunzio : le poète japonais Harukichi Shimoi, surnommé plus tard le « samouraï de Fiume » et avec lequel D’Annunzio projettera un raid aérien Rome-Tokyo. A propos de Fiume, nous apprenons que ce coup de force ne fut pas impulsif et improvisé mais préparé de manière pragmatique. Nous pouvons également déceler dans les démarches effectuées auprès de Mussolini en vue d’obtenir son appui, la méfiance de D’Annunzio vis-à-vis du Duce (la suite des événements montrera qu’elle était justifiée). Quant à l’aventure elle-même, l’occupation de la ville qui dura 16 mois, elle est principalement envisagée d’un point de vue politique4 et elle fait pièce aux exégèses visant à réduire cette expérimentation, riche et complexe, à un proto-fascisme de carnaval. A l’appui de cette thèse, plus nuancée et moins idéologisée, viennent quelques faits : Lénine et Gramsci s’intéresseront de près à cette expérience politique avant-gardiste ; la Régence du Carnaro fut le premier État à reconnaître l’URSS ; D’Annunzio reconnaîtra le parti indépendantiste irlandais du Sinn Féin ; plus globalement Fiume portera un message international de droit à l’auto-détermination des peuples ; enfin, à la différence de certaines options fascistes ultérieures, la sédition fiumaine ne s’attira pas la sympathie des Alliés ni des autorités italiennes. Avec le même souci de restituer les événements dans toute leur diversité et leur complexité, l’auteur passe également en revue les différents acteurs de cette entreprise unique. Dans cette galerie de personnages et de tendances dont l’union reposait, pour grande part, sur la personnalité même du Comandante D’Annunzio, on trouvait ainsi des nationalistes ou patriotes, des expansionnistes ou impérialistes, des internationalistes dont le syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris, bras droit de D’Annunzio qui s’opposera plus tard au fascisme au sein des Arditi del Popolo5. Mais se rencontraient aussi des futuristes et des personnages singuliers tels l’as de l’aviation Guido Keller ou le poète et musicien Léon Kochnitzky. Cet exemple d’imagination au pouvoir s’achèvera en décembre 1920, après une longue période de siège et avec l’intervention de l’armée régulière, dans un épisode portant un nom qui parle de lui-même : « Le Noël de sang ».

gda-canne.jpgC’est encore le langage de la guerre et du combat qui prévaut lorsque D’Annunzio parle de la femme. Pour lui, elle est « l’ennemie nécessaire ». Nous verrons plus loin ce que recouvre plus exactement cette expression ambiguë. Toutefois, décrire D’Annunzio comme un Casanova de bazar ne correspondrait pas à la réalité du personnage. Ce qui ressort du livre de Serra, c’est indéniablement une sensualité exacerbée mais le personnage n’est pas, à proprement dit, un obsédé sexuel. Serra parle plutôt d’ « obsédé sensuel » car c’est bien, avant tout, de l’âme des femmes convoitées dont il veut s’emparer. Le magnétisme qu’il exerce auprès d’elles relève certainement de ce « priapisme physique et cérébral » qui émane de sa personne. Fanatiser la femme comme fanatiser la foule — la foule étant femme — semble être la finalité de l’énergie déployée pour ses conquêtes. Sa période romaine fût le théâtre de relations multiples dans lesquelles cet « homme-animal » considérait les femmes comme des proies à posséder intégralement. Cette période marqua également le début de sa carrière d’ « endetté permanent » qui ne finira qu’à sa mort, ses conquêtes et liaisons ne faisant pas l’économie d’une profusion de cadeaux et de dépenses diverses. Quelques éléments témoignent de ce rapport aux femmes qui apparaît aujourd’hui d’autant plus singulier qu’il contrevient aux nouveaux crédos que notre époque tente d’imposer. Il épouse, par exemple, à vingt ans, en 1883, une « petite duchesse inoffensive » dont il ne divorcera jamais pour ne pas être obligé d’épouser les autres compagnes qui jalonneront immanquablement et régulièrement toute son existence. Dans ce rapport aux femmes, nous retrouvons un élément typique de sa personnalité, un mélange de calcul, de contrôle de soi et d’exaltation. Belliciste et esthète à la sensibilité élevée, il est par ailleurs extrêmement attentif aux détails physiques, caractéristique qui nourrira bien entendu sa littérature. Sur le terrain des femmes, c’est donc encore sa prédilection pour la conquête et la possession qui s’exprime. La plus rétive à cette disposition toute totalitaire et à ce machisme vampirique fut Eleonora Duse, une tragédienne surnommé la Divina qui s’emploiera à ne pas abandonner ses velléités d’indépendance ainsi que son goût pour les femmes. La résistance de cette primadonna de laquelle « émane un halo sexuellement trouble » et qu’il rencontra en 1895, alors qu’elle avait entamé la trentaine, laissera d’ailleurs notre héros quelque peu dépité. Elle fut toutefois une vraie muse et nourrira la production de D’Annunzio jusqu’en 1905 quand, mû par sa logique vampirique de possession et de rejet (« ce qui a été n’est plus »), il se tournera alors vers une nouvelle proie, Alessandra di Rudini Carlotti del Garda, qu’il surnommera Niké en hommage à la divinité de la victoire. Sur l’importance de la Divina, nous pouvons lire la chose suivante : « On a calculé qu’en six ou sept ans à peine, entre 1898 et 1905, D’Annunzio a écrit vingt mille vers sous forme de poèmes et douze mille vers pour ses drames (…). Cette productivité phénoménale, même pour lui, n’a pas été toujours inspirée par la Duse, mais aurait atteint difficilement ce record sans elle. » Cette aventure passionnée irriguera également son grand roman intitulé Le Feu dont le personnage principal sera Eleonora.

Deux autres figures féminines émanent de cette myriade de rencontres et de liaisons, du moins pour ce qu’elles révèlent de la psychologie de D’Annunzio, c’est-à-dire de cette oscillation entre mépris utilitariste et exaltation démesurée : une première, antérieure à la Duse, Barbarella Leoni en 1887 et une autre, postérieure, Nathalie-Donatella en 1908. La rencontre avec la première fut un véritable choc pour Gabriele. Cette « lionne barbare », cette « espèce de sauvageonne », cette « pulpeuse fille du peuple » trouvera avec lui cette volupté de laquelle un traumatisme subi dans le lit nuptial — un mariage malheureux avec comme cadeau de noces une maladie vénérienne — l’avait séparée. La secousse sismique subie par Gabriele eut des répercussions pendant cinq ans et s’estompa après avoir provoqué une avalanche de milliers de lettres, de télégrammes et de billets doux. Serra ajoute : « Il est amoureux de l’amour, pas de cette créature de rêve, qu’il veut dévorer jusqu’au bout, pour assouvir la faim qu’elle lui inspire. » Concernant Nathalie-Donatella, Maurizio Serra donne également les raisons de l’intérêt qu’elle suscite chez D’Annunzio et en quoi cette liaison révèle un ressort psychologique du Magnifique : « Elle l’intrigue par son charme slave, son allure de panthère, son insatiable lubricité, bref tout le paquet. Sans compter le mystère de ses origines : est-elle fille d’un petit marchand juif, ou d’un officier de la garde impériale ? Cette nouvelle incarnation de la Femme fatale aux multiples attraits (…) n’ajoutera pas grand-chose au sérail d’annunzien. Elle est pour lui le prototype de ces « pauvres folles » (Roland), ou cinglées de luxe (…). A une ou deux exceptions près, ces vestales n’ont rien signifié pour lui, rien ajouté à son œuvre, rien perçu de l’exigence qui l’habitait. Elles n’auront finalement représenté qu’un divertissement ou un décor qui servait (…) à meubler ses baisses d’inspiration et sa virilité déclinante. » Nous saisissons donc mieux au travers de ces exemples ce que recouvre l’expression « l’ennemie nécessaire » par laquelle nous avions introduit cette partie consacrée aux femmes.

gdaavia.jpgD’Annunzio, ce sont donc des grandes lignes de force qui s’activent. Se détachent d’abord ce goût pour l’aventure et un sens aigu de la dramaturgie, dispositions qui verseront indéniablement dans l’emphase mais qui se contenteront de flirter incidemment avec le cliché sans jamais toutefois y succomber. Prend forme également au fil de la lecture de D’Annunzio le Magnifique, une silhouette nietzschéenne qui refuse la vie tiède et bourgeoise et prend le parti de la vie, mobilisant pour cela une énergie toute dionysiaque. Ce qui frappe c’est cette volonté de ne pas s’endormir, ne pas céder à la satisfaction, au confort. Lorsque le guette le dannunzisme, lorsqu’il atteint une sorte de maîtrise à la fois de son art et de son personnage, il cherche dans la vie même le danger, le feu régénérateur qui lui évitera d’être simplement lui-même, achevé dans un contentement de soi de ruminant. C’est ce caractère faustien qui le poussera à 56 ans à se lancer dans l’aventure de Fiume. Pour lui, s’endormir c’est se rendre vulnérable. Il est animé d’un vitalisme nourri par ce proverbe local qu’il n’oubliera jamais : « Qui se fait brebis, trouve le loup qui le dévore. » Pour ce faire, il doit créer avec frénésie, créer sa propre vie et la créer la plus extraordinaire qui soit dans un royaume à son image. Si l’on devait résumer ce qu’il est, on pourrait dire : D’Annunzio c’est Fiume, Fiume c’est D’Annunzio. Et Fiume, c’est un radical et nietzschéen oui à la vie. Et d’ailleurs, pour se définir lui-même, on l’entendrait bien dire, amusé : D’Annunzio c’est moi !

D’Annunzio, ce sont aussi les opposés qui s’accordent : préciosité et violence, la volupté et le raffinement avec la sauvagerie la plus primitive6 ; l’ascétisme et le calcul avec la démesure la plus fantasque (il avait pour projet fou de faire construire un amphithéâtre gigantesque en plein air) ; enfin l’Antiquité comme bain spirituel avec la modernité la plus excessive (il était un amateur de vitesse, de technique, cela l’amènera d’ailleurs à s’intéresser au cinéma naissant). En résumé, il est « impulsif à la surface » et « calculateur dans le fond », la chair contre l’esprit. Laisser agir ses instincts et ses pulsions tout en contrôlant son destin, tel semble avoir été l’enjeu. L’amour sous la volonté. Du livre de Maurizio Serra, se dégage enfin la figure d’un individu absolu désireux de se mettre au service d’un ordre supérieur. Il veut avoir un rôle à jouer et incarner, dans cette modernité asphyxiante qui tue dans l’œuf les légendes et les mythes, un type d’homme intemporel.

L’enjeu était de taille et c’est avec un D’Annunzio mis à l’écart (par Mussolini) et quelque peu épuisé que se conclue cette biographie. Cloîtré dans son Vittoriale degli italiani, supplanté dans le monde par de nouvelles forces et de nouvelles figures, on l’imagine mal cependant en train de savourer une sorte de devoir accompli et de se dire que, voilà, il a joué son rôle et il a fait de son mieux. Ceux pour lesquels il est encore aujourd’hui une figure agissante se représentent plutôt le héraut au seuil de la mort dans une posture toute olympienne, en train de lancer par delà les générations un radical et tonitruant : « En avant, par delà les tombeaux ! »7.

E. Frankovich

Sauf mention contraire, les expressions entre guillemets sont tirées du livre de Maurizio Serra.

A lire : Maurizio Serra, D’Annunzio le Magnifique, Grasset, 14 février 2018. 

Note

1. Lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8, 31b-39) : « Si Deus pro nobis, quis contra nos » (Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?)

2. « contre-société expérimentale », l’expression est de Claudia Salaris dans son ouvrage A la fête de la révolution, Editions du Rocher, 2006.

3. Maurizio Serra fait cette remarque à propos de la perception de la réalité : « D’ailleurs ce qui est vrai pour d’Annunzio est ce qu’il sent, croit imagine comme tel. »

4. Dans la présentation des différents groupes présents sur place, Maurizio Serra distingue entre « fiumains, centrés sur l’agenda politique » et « fiumistes, plus sensibles aux aspects de caractère social, existentiel et intellectuel ». Ce versant plus intellectuel et artistique a été magnifiquement traité dans l’ouvrage A la fête de la révolution, Artistes et libertaires avec D’Annunzio à Fiume de Claudia Salaris.

5. C’est une organisation née de la scission des Arditi et qui optera pour la lutte contre les fascistes.

6. Cette fougue lui vient de la terre abruzzaise de ses origines, fonds dont il ne se séparera jamais. Ce loup des Abruzzes conservera cette dimension primitive et sauvage, forme de saine vulgarité provinciale qui ne fera pas de lui un dandy éthéré et caricatural assimilé à une bourgeoisie gangrenée par l’argent.

7. Cité dans Un Prince de l’Esprit, Raymonde Lefèvre, Nouvelles éditions latines, 1951.

lundi, 05 mars 2018

Ernest Psichari, prince de la jeunesse en armes

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Ernest Psichari, prince de la jeunesse en armes

1913 : la France cède aux « douces romances » du pacifisme. Sous l’influence de l’intelligentsia parisienne, la jeunesse française se désintéresse de la guerre et des soldats. Contre le parti des intellectuels, Ernest Psichari, un jeune officier d’artillerie coloniale, publie son deuxième roman, un roman à thèse, dont le mot d’ordre est le « militarisme intégral ». Achevé sous la tente saharienne, L’appel des armes (1913) célèbre la figure du soldat, la beauté de l’action et de la force. Par le service des armes, il redevient possible de mener dans le monde une vie de grand style.

« Lorsque l’auteur de ce récit fit ses premières armes au service de la France, il lui sembla qu’il commençait une vie nouvelle. Il eut vraiment le sentiment de quitter la laideur du monde et d’accomplir comme la première étape d’une route qui devait le conduire vers de plus pures grandeurs. » Engagé à 20 ans, Ernest Psichari quitte avec enthousiasme la maison paternelle. Ce jeune intellectuel, petit-fils d’Ernest Renan, trouve dans la vie militaire une délivrance de la vie ordinaire qu’il mène à Paris. Admis dans l’artillerie coloniale, Psichari découvre la joie de l’action, et consacre près de cinq années de sa vie à l’Afrique. Au cours d’un « magnifique exil » en Mauritanie, il rédige L’appel des armes, un roman d’apprentissage dont la trame n’est pas sans rappeler le parcours du jeune écrivain.

Le héros de ce roman, Maurice Vincent, est un adolescent, fils d’un instituteur antimilitariste. Au contact de Timothée Nangès, capitaine dans l’artillerie coloniale, il trouve dans son cœur une vocation de soldat. Prenant « contre son père le parti de ses pères », il choisit le parti des hommes d’action et s’engage comme simple canonnier. Contre son père biologique, il se réfère désormais à une autre paternité, spirituelle, incarnée par ce soldat de l’armée coloniale. Les rapports entre les deux hommes sont désormais ceux de maître à disciple, d’initiateur à initié. L’adolescent embrasse une vie entièrement nouvelle, qui s’apparente à une seconde naissance.

Selon Psichari, les soldats sont les derniers représentants d’une idée, l’incarnation de l’action et de la force. À l’abri de toute compromission, de toute faiblesse, l’armée est le dernier rempart de la nation. Quelque direction que prenne le monde, il ne se passera pas des armes. Psichari rejoint en cela son ami Charles Péguy : « Que la Sorbonne le veuille ou non, c’est le soldat français qui lui mesure la terre. […] C’est le soldat français qui fait qu’on parle français à Paris » (L’Argent). Pour la nouvelle génération, l’armée est la meilleure école. Elle est l’héritière de la « grande œuvre romaine et française », le seul moyen d’échapper à son siècle et la société moderne. Elle est également l’objet d’un véritable mystique : sa mission est de « racheter la France par le sang ». Contre l’humanitarisme, contre le pacifisme, l’armée incarne la France éternelle, « fille aînée de la Gloire », « toujours guerrière et aventureuse », « toujours prête à se lancer dans une généreuse aventure […] s’il est de la gloire à glaner ».

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Le jeune Maurice Vincent cultive des « pensées de gloire ». Il rêve de pays lointains, de champs de bataille ensoleillés. « Son foyer, désormais, serait une tente errante parmi les déserts roses des Tropiques. » Son modèle, le capitaine Nangès, est une force vive, un homme tendu vers l’action, une authentique figure de guerrier. Celui-ci se charge de son éducation, lui enseigne un idéal. En parallèle de son instruction militaire, l’adolescent recueille l’instruction spirituelle du capitaine. L’enfant soldat s’éveille au « militarisme intégral ».

L’annonce de son départ pour la Mauritanie est « la plus belle heure de sa vie », le point culminant de son destin. L’Afrique est une « terre d’action », la seule qui permette à son pays d’inscrire quelques pages de gloire dans l’histoire médiocre de son temps. Le principal danger, c’est « d’oublier l’histoire », de perdre le sens de celle-ci. « Nous nous préparons des années d’histoire vide. Pensez-vous à ce que pourront dire plus tard de nous les historiens ? Nos enfants verront dans leur manuel : ‘‘De 1880 à 19.., le commerce et l’industrie prospérèrent’’. À quoi servons-nous, sinon à faire l’histoire, et si nous ne la faisons pas, qui la fera ? »

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L’appel de la tradition

Héritière d’un passé glorieux, véritable incarnation de l’ordre, l’armée est la seule, avec l’Église, qui ait maintenu une tradition : « L’armée représente une grande force du passé, la seule, avec l’Église, qui reste vierge, non souillée, non décolorée par l’impureté nouvelle. » Le rôle du soldat, c’est donc de maintenir un certain « fonds moral », qui s’oppose au pacifisme, à l’humanitarisme, aux rêveries infécondes de son siècle. Le parti des intellectuels est représenté par le père biologique de Maurice, un « sophiste », une « âme tiède » maudissant les soldats et leur drapeau. Paradoxalement, Maurice est un représentant du passé, d’un passé héroïque – son père, un représentant de l’avenir, du parti des intellectuels, grands selon l’esprit, mais non selon le cœur. Maurice est désormais « un bel enfant barbare, dans un monde jeune ».

EP-soleilsommeil.jpgEn rêve, le capitaine Nangès rencontre Timoléon d’Arc, un personnage de Servitude et grandeur militaires (1835) de Vigny. Le héros de Vigny envie le héros de Psichari. Il aurait aimé fouler en conquérant cette terre d’Afrique, pleine de charme et de volupté. Là, l’homme se purifie, s’épure, loin des « pourritures modernes ». Là, du moins, « quelque idéal reste encore ». En réponse, le capitaine Nangès évoque le mépris de la nation, le rejet du colonialisme. La métropole tient les glorieuses chevauchées des soldats en piètre estime. « Le bourgeois a la crainte de ce qu’il ne comprend pas. Il tremble aux mots d’infini, d’absolu. Le Sahara lui fait peur, comme la musique de Wagner. » Comme Ernst Jünger le décrira quelques années plus tard : « L’élémentaire réside en dehors de son monde idéal ; pour lui, l’élémentaire est l’irrationnel voire l’immoral. »

Au contraire, « la guerre est divine ». Dans Terres de soleil et de sommeil (1908), Ernest Psichari décrivait la guerre comme un « indicible poème de sang et de beauté ». Elle est « la plus voisine des puissances cachées qui nous mènent » et le capitaine Nangès ne regrette pas que le jeune Maurice ait éprouvé cela : « Heureux les jeunes hommes qui, de nos jours, ont mené la vie frugale, simple et chaste des guerriers ! […] Toutes les terres sont belles pour un jeune soldat. Toutes les aubes sont fraîches, naïves ; puisqu’on s’y lève joyeux, confiant dans sa force, audacieux. » Dans cette terre d’Afrique, terre de soldats, imprégnée de grandeur et de noblesse, le capitaine Nangès entend son métier « en artiste ». Et Psichari de citer Alfred de Vigny : « Il exerce, non en ambitieux, mais en artiste, l’art de la guerre. » Ernst von Salomon, reprendra cette image dans Les Cadets (1933) : « Les soldats sont des artistes et les grands maîtres de la guerre sont le cœur mystique du monde. »

Témoignage d’une génération, L’appel des armes rencontre en 1913 un succès notable. La conversion de Psichari au catholicisme la même année achève d’en faire un modèle à la jeunesse de France. Il connaîtra néanmoins une destinée tragique. Comme Charles Péguy, dont il fut le « disciple préféré », Ernest Psichari est rappelé à Dieu au cours des premières semaines de la Grande Guerre. Mort à 30 ans le 22 août 1914 à la tête de ses hommes, le lieutenant Psichari devient l’un des héros de la « génération sacrifiée ».

vendredi, 15 septembre 2017

Dominique Lormier déconstruit le « Mythe du Sauveur Américain »

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Simulacre-USA, à l’origine : Dominique Lormier déconstruit le « Mythe du Sauveur Américain »

14 juin 2017 – Il est entendu que John “Black Jack” Pershing débarquant du bateau et posant le pied sur le sol français, et proclamant “Lafayette, We Are Here” (ce qu’il n’ jamais dit, la chose ayant été dite avant lui par Charles E. Stanton et réattribuée, mythe déjà en formation, à Pershing par un officier des RP) ; les Sammies défilant par milliers dans les villes françaises en 1917, les journaux français chantant la gloire de la bannière étoilée illustrent l’événement du début de l’hégémonie de communication des USA sur la France (sur l’Europe), qui s’illustre par l’acte décisif qui permit la victoire de 1918. Je ne discuterais pas la première proposition, mais en remplaçant le mot “hégémonie” par l’expression “simulacre d’hégémonie” ; quant à la seconde, elle est outrageusement fausse, un mythe, une idole de la nouvelle religion transatlantique à laquelle la France en premier fit acte de “servitude volontaire”.

Il est important de déconstruire cette architecture subversive de déconstruction de la vérité historique (“déconstruire une déconstruction”). Il est essentiel de savoir que les USA jouèrent un rôle opérationnel très mineur, – à peine supérieur à celui des valeureux Belges, qui sont tout de même dans une autre échelle de puissance, – dans la victoire de 1918. Au contraire, cette victoire fut assurée pour l’essentiel par une armée française irrésistible, absolument transformée, reconstituée, renée en une puissance opérationnelle, humaine et industrielle, comme la première armée du monde après la terrible année 1917 (Le Chemin des Dames suivi des mutineries) ; et l’armée française secondée dans l’irrésistible victoire stupidement sacrifiée sur l’autel d’une diplomatie où la trahison s’exprima de tous les côtés chez les Alliés, par la participation étonnante de puissance et de courage de l’armée italienne contre l’Autriche-Hongrie.

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Un petit bouquin qui ne paye pas de mine vous règle tout cela, allant dans le sens que j’ai toujours eu intuitivement à partir de certains faits militaires avérés. L’intérêt du Mythe du Sauveur Américain – Essai sur une imposture historique de Dominique Lormier (*) est dans ceci qu’il nous donne une synthèse rapide du phénomène (l’imposture), charpentée sur une multitude de détails essentiels et de citations venues des archives, sur les effectifs, les matériels, la répartition des forces, les opérations et les chefs qui les dirigèrent, durant cette période décisive entre la fin du printemps 1918 (avril-mai) et l’armistice du 11 novembre. Une place essentielle est faite sur la posture des forces américaines, leurs effectifs, leurs opérations, leur comportement.


Le livre commence par un chapitre consacré aux opérations entre le 21 mars et le 1er mai 1918, ou comment l’armée française sauva l’armée britannique du désastre sans la moindre participation américaine. (Foch comme généralissime des forces alliées depuis mars joua un rôle d’influence prépondérant dans cette opération, convainquant un Pétain [commandant en chef de l’armée française] qui pensait à garder ses forces de réserve essentiellement pour couvrir Paris, d’en détacher une partie pour soutenir l’aile droite des Britanniques, avec leur VIème Armée en pleine déroute.) Le 1er mai 1918, les Français tiennent 700 des 850 kilomètres du front de l’Ouest, alignant 110 divisions, avec 12 divisions belges, 46 britanniques, 4 américaines et 2 italiennes, contre 204 divisions allemandes. Le 1er août 1918, il y a 1.300.000 soldats américains en France, mais seulement 150.000 ont été engagés dans les combats. Ce contingent a participé avec grand courage à la deuxième victoire de la Marne de juillet, la bataille décisive de la fin du conflit, alors que les Français alignent 1.100.000 combattants qui se battent non moins courageusement dans cette même bataille. Le 1er novembre 1918 sur la ligne du front de l’Ouest en France, l’armée américaine aligne 400.000 combattants, dont 200.000 considérés comme non encore aguerris, tandis que l’armée française déploie 2.600.000 combattants, l’armée britannique 1.700.000, l’armée belge 170.000 et l’armée italienne 60.000. La France dispose d’une écrasante supériorité matérielle qu’elle utilise avec une souplesse et une efficacité exceptionnelles. (Pour les chars par exemple, 2.600 suppléés par les 610 de l’armée britannique, et 250 chars français livrés aux Américains, contre 50 chars du côté allemand)

 

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Directement derrière l’armée française, on trouve comme contributrice essentielle à la victoire générale l’armée italienne avec ses 2.204.000 combattants, qui obtient la capitulation de l’Autriche-Hongrie huit jours avant l’armistice du 11 novembre. Lormier insiste sur la façon indigne dont l’Italie fut et reste traitée dans l’historiographie de la Grande Guerre, y compris par des historiens français, et bien entendu abondamment par les historiens anglo-saxons qui limitent la vista et la puissance des forces alliées dans la Grande Guerre aux seuls Britanniques renforcés par les glorieux Américains. Il cite les observations admiratives du courage des Italiens de Pétain et de Mangin, et rapporte cette note du maréchal Hindenburg : « Beaucoup plus que l’engagement de quelques divisions américaines sur le front occidental, ce fut la défaite de notre allié austro-hongrois contre l’Italie qui nous poussa à conclure aussi rapidement un armistice avec les Alliés. La perte d’une soixantaine de divisions austro-hongroises était pour nous un désastre irrémédiable… »


A la litanie des chiffres absolument impressionnants s’ajoute celle des faiblesses de l’armée US. L’amateurisme des Américains, leur absence d’organisation, leurs difficultés à mettre en place des commandements capables de maîtriser les opérations, leurs déficiences en matériels, leurs erreurs tactiques, le peu d’attention portée aux pertes par Pershing, tout cela doit être pris en compte pour pulvériser le mythe qui a été imposé à nos mémoires, sans pour autant ignorer le courage exceptionnel que montrèrent certaines unités, notamment durant la deuxième bataille de la Marne, et le combat légendaire livré par une brigade des Marines dans la bataille du bois de Belleau.


Ainsi pulvérise-t-on le mythe simplement en découvrant ce qui, justement, a permis au mythe de s’installer, confirmant le caractère absolument inverti de la modernité et l’avantage donné au simulacre contre le modèle. Les difficultés américaines à s’adapter et à intégrer les enseignements des détachements (français) chargés de les entraîner, leur tendance à ajouter du poids là où la qualité ne s’affirme pas et à mettre l’accent sur l’abondance de la logistique pour dissimuler la faiblesse de la participation au combat, – ce qui débouche sur une armée d’un million six cent mille hommes installée en France pour 400.000 soldats déployés sur le front et en réserve opérationnelle le 11 novembre, – tout cela donne à la population et aux différents moyens de communication (presse & le reste) l’impression d’une force gigantesque installée en France, en cela véritable simulacre. Les consignes du pouvoir politique d’acclamation et de publicité exaltées de l’aide US font le reste, dans une occurrence où les chefs militaires les plus expérimentés ne sont parfois pas en reste.


(La phrase de Pétain après sa prise du commandement en chef et l’apaisement des mutineries en juin-juillet 1917 pour résumer sa stratégie, — « J’attends les chars et les Américains », – est extrêmement malheureuse, parce qu’à moitié vraie et à moitié fausse : qu’il ait attendu les chars, tout le monde le comprend et partage cette attente, d’autant que les Français produisent les meilleurs chars, très rapidement, et sont les plus habiles à en comprendre l’emploi et l’efficacité. Mais “attendre les Américains” ? A part l’apport psychologique de cette attente en 1917 où le moral français était très atteint, c’était bien inutile et l’on comprend aisément que le but prioritaire de Pershing en France était de constituer et de garder à tout pris l’autonomie de son armée de l’emprise des Alliés, pour imposer à Washington D.C. le fait accompli de l’installation d’une grande institution militaire. Pour le reste, Pershing comme Wilson était persuadé que la guerre durerait jusqu’à la fin de 1919 et consacrerait opérationnellement la prédominance institutionnelle de l’U.S. Army.)

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L’entreprise de la construction du mythe de l’invincibilité de la puissance de l’américanisme (utilement complété par le “déclinisme” français débouchant sur l’auto-flagellation actuelle) qui va empoisonner tout le XXème siècle jusqu’à nous, et qui se poursuit en ce début de XXIème siècle, cette construction s’achève par la faute majeure du pouvoir politique, notamment le français qui ne semble pas avoir réalisé que la puissance française sur le terrain lui donnait la capacité d’imposer une nouvelle situation stratégique pour la victoire, qui aurait totalement modifié la suite. Les grands chefs militaires (Foch, Pétain, Mangin, Castelnau) jugèrent catastrophique que l’armistice ait empêché « la puissante offensive en Lorraine [sous les ordres de Castelnau], avec les VIIIème et Xème armées françaises, regroupant 20 divisions et 600 chars. Ce coup de grâce devant permettre d’envahir l’Allemagne, uniquement avec des unités françaises, n’aura pas lieu. [… Les chefs militaires] estiment que c’est une faute capitale d’annuler cette offensive. En effet, l’Allemagne préserve pour le moment son territoire de toute occupation étrangère, donnant ainsi le sentiment à la population et à ses militaires qu’elle n’a pas été réellement vaincue. »


Les pacifistes sont satisfaits de terminer au plus vite “la der des ders” et, quant aux autres dont nous-mêmes, nous héritâmes de Hitler & le reste en prime.

Note
(*) Le Mythe du Sauveur Américain – Essai sur une imposture historique de Dominique Lormier, éditions Pierre de Taillac, Paris 2017.

vendredi, 07 juillet 2017

»Der rote Kampfflieger«

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»Der rote Kampfflieger«

Manfred von Richthofen formte wie kaum ein anderer das Bild vom ritterlichen Jagdflieger

Wolfgang Kaufmann

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de

Freiherr Manfred von Richthofen erzielte nicht nur die höchste Zahl von Luftsiegen, die im Ersten Weltkrieg von einem einzelnen Piloten erreicht wurde, in der vor 100 Jahren erschienenen autobiografischen Schrift „Der rote Lampfflieger“ thematisierte er auch die ritterlichen Ideale im modernen Massenkrieg, für die er von Freund wie Feind geehrt wurde. Am 2. Mai jährt sich die Geburt des adligen Preußen zum 125. Mal.

Der gebürtige Breslauer entstammte einer traditionsreichen Offiziersfamilie und hatte solch prominente Vorfahren wie den Feldmarschall Leopold von Anhalt-Dessau und General Johann Philipp von Beust. So verwundert es nicht, dass auch er die militärische Laufbahn wählte. Sie begann im April 1911 mit dem Eintritt ins Westpreußische Ulanen-Regiment „Kaiser Alexander III. von Russland“. Die für den Ersten Weltkrieg so typische Monotonie des Stellungskrieges, in dem der einzelne kaum zählt, schreckte den jungen Offizier ab. Nach einigen ereignislosen Fronteinsätzen zwischen August und Dezember des ersten Kriegsjahres meldete er sich deshalb zur Fliegertruppe. In dieser diente er ab Juni 1915 als Beobachter. Das befriedigte allerdings nicht seinen Ehrgeiz, und so beschloss er, Jagdflieger zu werden. Den Ausschlag dazu gab eine zufällige Begegnung mit dem zu jener Zeit populärsten Fliegerass, Oswald Boelcke.


Als Naturtalent hinter dem Steuerknüppel erwies sich der vormalige Kavallerist bemerkenswerterweise nicht gerade. So brauchte er drei Anläufe, um das Pilotendiplom zu erwerben. Der Beginn der Jagdflieger-Karriere von Richthofens im Kampfgeschwader 2 verlief zunächst vollkommen unspektakulär.


Das änderte sich jedoch schlagartig mit der Versetzung zu der von Boelcke kommandierten Jagdstaffel 2 in Bertincourt am 1. September 1916. Nur 16 Tage später konnte Richthofen über Cambrai seinen ersten bestätigten Luftsieg gegen einen zweisitzigen britischen Bomber vom Typ Royal Aircraft Factory F.E.2 verbuchen. Dem schlossen sich in schneller Folge die nächsten neun Abschüsse an, bevor der elfte dann den Grundstein zum Mythos vom „Roten Baron“ legte – obwohl nicht jede Maschine Richthofens den legendären roten Komplettanstrich trug. Vielmehr waren bei seinen Jagdeinsitzern vom Typ Albatros D.I, D.II und D.V und Fokker Dr.I oftmals nur Teile des Rumpfes und der Radscheiben sowie die Oberseite der obersten Tragfläche rot, während der Rest des Flugzeuges im üblichen Tarn-Oliv gehalten war.


An Nachmittag des 23. November 1916 gelang Richthofen ein besonderer Erfolg. Er holte den britischen Major Lanoe Hawker vom Himmel, den ersten Kampfpiloten, der das Victoria Cross, die höchste Tapferkeitsauszeichnung des Empire, erhalten hatte. Für diesen Triumph und 15 weitere Luftsiege bekam der Preuße am 12. Januar 1917 den Orden Pour le Mérite verliehen. Dem folgten in schneller Folge die Beförderung zum Oberleutnant und Rittmeister sowie die Ernennung zum Kommandeur der Jagdstaffel 11. Nach dem Tod der beiden Fliegerasse Max Immelmann am 18. Juni 1916 bei Annay und Boelcke am 28. Oktober 1916 bei Bapaume wurde Richthofen zum erfolgreichsten deutschen Kampfpiloten.


Unter seiner Führung entwickelte sich die Jagdstaffel 11 im Frühjahr 1917 zu einer absoluten Eliteeinheit, die den Briten einen „Blutigen April“ bescherte. Schon Richthofen selber erzielte in diesem Monat sagenhafte 21 Abschüsse, darunter vier am Nachmittag des 29. April. Dies hatte zwei Konsequenzen für ihn: Zum einen avancierte er am 24. Juni 1917 zum Chef des Jagdgeschwaders 1, in dem die Staffeln 4, 6, 10 und 11 zusammengefasst wurden; zum anderen lobten die Briten nun vermutlich 5000 Pfund Belohnung für denjenigen aus, der Richthofen unschädlich machte.

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Second Lieutenant A. E. Woodbridge, dem Bordschützen einer Royal Aircraft Factory F.E.2 des Royal Flying Corps, wäre letzteres beinahe am 6. Juli 1917 gelungen, als er aus 300 Metern Entfernung auf Richthofen feuerte und diesen am Kopf traf. Hierdurch verlor der Rittmeister zeitweise das Sehvermögen und konnte nur mit äußerster Mühe notlanden. Nichts­destotrotz setzte er sich bereits 40 Tage später gegen den Rat der Ärzte wieder ins Flugzeug.


Einige Mediziner gehen heute davon aus, dass die Schädelverletzung bleibende Hirnschäden verursachte, die auch den Kampfstil der Fliegerlegende beeinflussten. Vorher hatte Richthofen stets äußerst bedacht agiert und waghalsige Manöver strikt vermieden. Loopings und Kopfüberflüge waren für ihn „Blödsinn, der in einem Luftkampf nichts zu suchen hat“. Er hatte nur angegriffen, wenn er sich taktisch überlegen wähnte, und dabei die von Boelcke aufgestellten Luftkampfregeln penibel eingehalten.


Anders hingegen sein Verhalten später, so auch an jenem schick­salhaften 21. April 1918, als er versuchte die Sopwith F.1 „Camel“ des kanadischen Fliegerleutnants Wilfrid „Wop“ May zu Boden zu drücken. Verbissen hielt er an diesem Unterfangen auch dann noch fest, als Mays Staffelführer Captain Arthur Brown ihn von hinten beschoss und alle drei Flugzeuge in extrem niedriger Höhe über die Frontlinie hinwegjagten. Nun über von den Alliierten beherrschtem französischem Gebiet, geriet Richthofens Fokker in den Feuerbereich australischer Bodentruppen, was ihm zum Verhängnis wurde. Bis heute ungeklärt ist, welcher der australischen Maschinengewehrschützen das tödliche Projektil auf den Weg schickte, das Richthofens Lunge, Leber und Herz verletzte und dazu führte, dass er unmittelbar nach seiner Notlandung zwischen den Gemeinden Corbie und Vaux-sur-Somme verblutete. Aktuellen ballistischen Untersuchungen zufolge war es wohl Sergeant Cedric Bassett Popkin von der 24th Machine Gun Company der Australian 4th Division.


Der Respekt vor der fliegerischen Leistung Richthofens, der 80 bestätigte Luftsiege errungen hatte, und der ihm nachgesagten Ritterlichkeit war so groß, dass seine vormaligen Gegner ihn am 22. April mit vielfältigen militärischen Ehren in Bertangles bestatteten. Französische Dorfbewohner versuchten in der Nacht darauf, den Leichnam auszugraben und zu beseitigen, aber der Versuch misslang. Nach Kriegsende wurden die sterblichen Überreste 1925 vom Bruder in die deutsche Heimat überführt. Auf dem Familiengrab auf dem Südfriedhof Wiesbaden hat Manfred von Richthofen seine letzte Ruhestätte gefunden.    

Wolfgang Kaufmann

dimanche, 11 juin 2017

Frontbeweging was geen speeltuin van beperkte groep intellectuelen

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Pieter Bauwens:

Frontbeweging was geen speeltuin van beperkte groep intellectuelen

Ex: http://www.doorbraak.be

De hete zomer van 1917: radicalisering van Vlaamse soldaten en de rol van een omstreden kapelaan.

Romain Vanlandschoot draagt, met zijn akoliet Pieter Jan Verstraete, de onofficiële titel ‘historicus van de Vlaamse Beweging’. In zijn bibliografie vinden we verschillende boeken en biografieën. Uitingen van een leven lang historisch onderzoek. Een van die biografieën is van Cyriel Verschaeve en Vanlandschoot is ook de afgevaardigd bestuurde van de vzw Kapelaan Verschaeve die het museum beheert dat in de voormalige kapelanij gevestigd is. De geknipte man om meer te vertellen over ‘de hete zomer van 1917’ en over de rol van Verschaeve in de Frontbeweging. Niet geheel toevallig het onderwerp van een colloquium op 8 juli 2017 in Alveringem.

Doorbraak: Hing er in ‘de hete zomer van 191’, een revolutionair klimaat in de loopgraven, of is dat overdreven?

Romain Vanlandschoot: ‘Neen dat is niet overdreven. Wat in de Belgische loopgraven gebeurde willen we plaatsen in een breder kader. Er waren de Ieren (na de Paasopstand in 1916 - red.), de Russische revolutie, de opstandigheid van de Franse soldaten én het ongemak aan de IJzer.’

De voorbeelden die u noemt zijn algemeen bekend, tenzij misschien wat in de Belgische loopgraven gebeurde.

‘Dat is ook het gevolg van een historische kijk op de Frontbeweging, de Vlaamse beweging aan het front. Dat werd te veel op zichzelf, los van de context bekeken. Ik ben nu al een aantal maanden bezig met een heel precies onderzoek naar de editorialen van Ons Vaderland het meest progressieve Vlaamsgezinde blad toen aan het front. Het is buitengewoon merkwaardig om de optelsom te maken van de internationale problemen die in de editorialen van Ons Vaderland worden besproken. Die internationale problemen vormen het kader waarin we de taaleisen en autonomie-eis aan het front kunnen plaatsen. Formeel is er natuurlijk een moment aan te wijzen: 11 juli  1917 met de brief aan koning Albert.’

Is toen het ongenoegen echt naar boven gekomen?

‘Een deel van die problemen bestonden al langer. Maar de meest eenvoudige uitleg is dat vele soorten van ongenoegen en ongemakken van de soldaten die in het slijk en de modder zaten toen samen kwamen. Het Belgische leger zat in een heel specifieke situatie vergeleken met de soldaten van de andere legers. De Engelsen en Fransen trokken welgezind naar huis op vakantie. Maar de Belgische soldaten zaten opgesloten achter het front. Het enige wat ze hadden waren kantonnementen en heel uitzonderlijk en pas vanaf 1917 kregen ze de kans om eens vijf dagen naar Engeland of Frankrijk ‘op congé’ te gaan. Je moet je de vereenzaming voorstellen in modder en slijk, in heel slechte winters, die van 1917 nog het slechts van al. En daar broeide en gistte van alles en nog wat aan ongenoegen.’

1917 is ook het activisme, had dat een invloed aan wat aan het front gebeurde?

‘Jazeker. Dat was voordien al begonnen. Lange tijd was ik van mening dat nauwelijks een paar mensen aan het front daarmee bezig waren. Er is een lange passage in het dagboek van Verschaeve in mei 1916, toen de belangrijkste maatregelen van Von Bissing in voege waren, hij schrijft een 20-tal bladzijden over het al dan niet accepteren van hulp bij het tot stand brengen van een fundamentele Vlaamse eis, de "Vlaamse Hogeschool" (in Gent - red.). Dat moet ook in de kapelanij bediscuteerd zijn. Maar de opinie was lange tijd: er is daar een kleine groep, enkele intellectuelen, maar de gewone Vlaamse jongens worden daar niet door geraakt. Maar in Ons Vaderland kan je lezen hoe aan de gewone Vlaamse soldaat wordt uitgelegd hoe belangrijk die Vlaamse universiteit voor hen is. Daarnaast is er de verbreding van de werking van het SKVH (Secretariaat van Katholieke Vlaamse Hoogstudenten - red.), dat begon als iets studentikoos, maar groeide uit tot veel meer. Het SKVH zette zich in voor elementaire vorming van soldaten zonder enige opleiding, die vaak analfabeet waren. Renaat De Rudder, is zo iemand die in heel eenvoudige taal voortdurend op die nagel klopt en soldaten leert lezen, rekenen en tekenen. Het was dus geen kleine afgescheiden groep intellectuelen. Het zat allemaal samen, maar in de historiografie van het interbellum en in het beeld dat het Vlaams-nationalisme zich gemaakt heeft, tientallen jaren later, is de visie verengd naar de Vlaamse eisen en zijn we het bredere zicht verloren.’

Klopt dan de stelling dat aan het front de flamingantische culturele en intellectuele beweging voeling kreeg met de volksjongens, tot dat moment zich weinig tot niet bewust van de  ‘Vlaamse zaak’ en een brede beweging werd?

‘Breder dan wat de officiële geschiedschrijving daarover kwijt wil. Sophie de Schaepdrijver zegt dat het een hoopje mensen is. Daarnaast is er het rapport van de hoofdaalmoezenier, Jan Marinis, die van de kardinaal de opdracht kreeg om een heel precies rapport te maken van de situatie aan het front, met inbegrip van de politieke eisen. Twee passussen zijn van belang als we het over de hete zomer van 1917 willen hebben. Marinis had begrip voor de taaleisen in het leger, maar was een formeel tegenstander van de politisering daarvan, en dat was waar Verschaeve voor stond. Volgens Marinis is de figuur van Verschaeve is groter en belangrijker dan wat men daar altijd over zegt. Daarnaast waarschuwt Marinis over de Frontbeweging, hij schrijft dat als het fout loopt met Verschaeve er minstens vijfduizend soldaten klaar staan om op straat te komen. Dat zegt een grote tegenstander van de frontbeweging, die op de vergaderingen van de aalmoezeniers en brancardiers formeel verbiedt om in de contacten met de soldaten te spreken over de Vlaamse kwestie en de taalproblemen.’

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Misschien moeten we de vraag anders formuleren. Is de Eerste Wereldoorlog het moment dat de gewone Vlaamse man als soldaat in contact kwam met die Vlaamse beweging en tot de conclusie kwam dat er iets niet klopte?

‘Het is duidelijk dat de Frontbeweging geen politieke speeltuin was van een beperkt clubje intellectuelen die hun studentikoze periode willen voortzetten aan het front. Het is dieper dan dat. Als je weet dat Ons Vaderland gedrukt werd op 9000 exemplaren en dat er 5000 verkocht werden dan kan je me niet meer wijsmaken dat er enkel een klein kringetje is van ex-AKVS’ers die elkaar vinden (AKVS = Algemeen Katholiek Vlaams Studentenverbond - red.). Het is breder. We moeten het ook niet overdrijven. Er waren ook Vlaamse soldaten die zich daar niets van aantrokken. Je kan niet zeggen dat de hele frontlijn wakker lag van de Vlaamse kwestie aan het front. De waarheid ligt daar tussen. Het grootste bewijs is gegeven in 1919, toen de Frontpartij deelnam aan de verkiezingen. Dan zie je aan het aantal stemmen hoe klein haar aanhang is vergeleken met het totale kiezersaantal, maar hoe groot hun aantal is bij de fronters, die niet allemaal plots wakker geschoten zijn in 1919. Dat is voornamelijk sterk beginnen leven in de zomer van 1917.‘

Op 11 juli 1917 is er een uitgebreide brief aan de koning verspreid aan het front. Een belangrijk en gedurfd signaal.

‘Hoe sterk autoritair en repressief de Belgische legerleiding ook was, men heeft die brief niet kunnen verhinderen. Vanaf mei 1917 is men aan de voorbereiding begonnen. Je kan dat lezen in het oorlogsdagboek van Van Severen. Die eerste brief is niet door Verschaeve geschreven. Verschaeve is er zelfs ontgoocheld over. Hij vindt die brief te chaotisch geschreven, te veel in "soldatentaal". De klachten zijn allemaal juist, maar de generaals in Houtem kunnen die te makkelijk wegzetten als goedkope soldatenklachten vindt Verschaeve. En dan reageert Verschaeve en daarover willen we het hebben in het colloquium op 8 juli. Hij schrijft daarop een hele serie brieven.’

‘De eerstvolgende is de Tweede Open Brief aan de Koning, veel korter en logischer opgebouwd. Door Verschaeve geschreven en veel scherper door een preciezere formulering. Die brief zet de toon voor de Frontbeweging in de komen de tijd. Die brief komt er al een maand na de eerste. De Fronters zijn nijdig, door gebrek aan antwoord en door de repressieve maatregelen die volgden na de brief. Daarna schrijft Verschaeve nog twee brieven: aan de paus en aan kardinaal Mercier. Heel typisch: Verschaeve denkt aan de paus en de kardinaal. Verschaeve schrijft aan de kardinaal een zuiver politieke brief om hem te zeggend dat hij fout zit met de maatregelen tegen de Von Bissingen. Mercier verwart volgens de brief politiek met godsdienst. Voor zover we dat kunnen natrekken in Vaticaanse documenten dacht men er in Rome ook zo over. Voor Verschaeve gaat het om de toekomst van Vlaanderen, eigenlijk kan België niet verder blijven bestaan, tenzij de twee ‘nationaliteiten’ structureel gevormd worden. De brief aan de kardinaal is volgens mij het meest politieke document van de Frontbeweging.’

‘De brief aan de paus is een typische "ultramontaanse" brief. Waarbij de paus ook gezien wordt als wereldlijk staatshoofd, met zeggenschap over de andere staatshoofden. De paus verdedigt de vrede en de kleinere volkeren en Verschaeve denkt naïef dat de paus zal deelnemen aan de vredesconferentie na de oorlog. Die context moet je meenemen als je de brief aan de paus leest. De paus wordt opgeroepen om in te grijpen voor de Vlamingen in België tijdens die vredesconferentie. De grote vraag is hoe die brief in Rome is geraakt en wat men ermee heeft gedaan. Er zijn in het Vaticaan verschillende brieven van aalmoezeniers aan de paus, niet enkel Vlaamse. Ook zijn er duidelijke aanwijzingen dat in het Vaticaan de positie van Mercier in vraag werd gesteld.’

Verschaeve had een enorme invloed in 1914-1918 en heeft na 1944 een heel slechte naam gekregen. Heeft de Tweede Wereldoorlog het beeld van de Verschaeve uit de Eerste Wereldoorlog beïnvloed?

‘De schaduw van de Tweede Wereldoorlog hangt over de verdiensten van Verschaeve. Dat is zo. Ik heb geprobeerd om dat historisch recht te zetten door een biografie van Verschaeve te schrijven. Ik wou een teken geven. Je kan de zware fouten die Verschaeve maakt er niet zomaar uit lichten en open spreiden over alles wat daarvoor is gebeurd. Dat is recurrente geschiedenis. Ik wil wel sporen zoeken in het leven van Verschaeve, hij was voor de Eerste Wereldoorlog al romantisch germanofiel en Deutschfreundlich. Er waren er meer zo in die tijd. Dat blijft aanwezig, maar mag niet in rekening gebracht worden om te zeggen in Wereldoorlog I, dat is de SS’er uit '44. Wat men wel gedaan heeft.’

‘Verschaeve heeft tijdens de Eerste Wereldoorlog wel nagedacht over het activisme en over de rol van Lodewijk Dosfel in het bijzonder. Hij maakte heel genuanceerde afwegingen over wat fout is en wat "schuld" is. Hij veroordeelde ten gronde en volledig de stap van de activisten naar de Duitsers en naar Berlijn. Maar hij vindt dat we achteraf bereid moeten zijn om te zien dat uit een slecht principe een goed gevolg kan komen. Dat is een bekend principe uit de moraaltheologie. Daarom moest de Vlaamse universiteit in Gent na de oorlog behouden blijven.’

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Dan is het des te verwonderlijk dat hij in de Tweede Wereldoorlog dezelfde weg op gaat en ook in fout gaat.

‘Hij maakt in de Tweede Wereldoorlog een hele zware fout. In mijn biografie heb ik geprobeerd om aan te duiden hoe Verschaeve na zijn zestigste verjaardag vereenzaamt. Politiek, ook door hem gewild, hij zweefde op wat de nationaalsocialistische propaganda over hem steeds herhaalde: "de geestelijke leider van Vlaanderen". Dat werd jaren na elkaar gezegd en in november 1940 stapt Verschaeve onmiddellijk in de collaboratie als voorzitter van de Cultuurraad. Maar hij ging daarna veel verder dan culturele collaboratie hij riep in toespraken op om mee te gaan in het verhaal van het nationaalsocialisme.’

We kennen die Verschaeve, maar was hij even radicaal in vorige oorlog?

‘Verschaeve is in zijn schrijven vrij ongenuanceerd, dat zeker, maar zowel Belpaire als minister Van de Vyvere die Verschaeve kennen en geen medestanders zijn, zijn overtuigd van zijn matigende invloed bij de militairen om niet over te gaan tot geweld. Je kan je niet voorstellen dat dat dezelfde man is die later oproept om met de SS te vechten in Rusland. Daar is Verschaeve nog de katholieke theoloog die tegen revoluties is, in het verlengde van de Franse revolutie.’

Hoe belangrijk was Verschaeve dan in de opbouw van de ‘ideologie’ van de Frontbeweging?

‘Zijn invloed is kleiner dan ik aanvankelijk dacht, maar groter dan groter dan uit de bestaande geschiedschrijving blijkt. Want in december 1918, nauwelijks enkele weken na de oorlog, zit Verschaeve in de redactie van (de krant - red.) Ons Vaderland dat zich wil ontpoppen tot het partijblad van de nieuw te ontwikkelen Frontpartij. En schrijft hij gedurende vier maanden minstens elke week een groot artikel onder de titel "de stem der Vlaamse doden". Die tien-twaalf artikels zijn een politieke explicitering van het vers "Hier liggen hun lijken als zaden in ’t zand, hoopt op den oogst o Vlaanderland". De oogst, dat was de Frontpartij. Hij pleit er ook voor in brieven dat de soldaten op de lijst staan van de Frontpartij in 1919.’

De Eerste Wereldoorlog was een belangrijk moment voor de Vlaamse beweging, maar in de herdenking van honderd jaar horen we daar maar weinig van.

‘Er is een eenzijdigheid die je al van vroeg zag aankomen. We hebben de kapelanij van Verschaeve aangepakt en geheroriënteerd. De focus van het historisch onderzoek is ook veranderd die ligt nu op het leven van de gewone soldaat. In soldatenbrieven gaat men op zoek naar hoe die soldaten de oorlog beleefden. Ik ben er van overtuigd dat uit Belgisch onderzoek ook die Vlaamse verzuchtingen naar boven zullen komen. Er is een soort verstenening van de mythes rond de Eerste Wereldoorlog, Belgische zowel als Vlaamse mythes. Ik ben ervan overtuigd dat die door het huidig onderzoek sterk genuanceerd zullen worden.’

We zijn honderd jaar later, maar er is blijkbaar nog veel dat niet onderzocht is. Siegfried Debaeke zei in een interview met Doorbraak dat het onderzoek naar het Belgische leger in de Eerste Wereldoorlog nog in de kinderschoenen staat. Deelt u die analyse?

‘Voor de helft heeft hij gelijk. Er zijn in de Westhoek twee verschijnselen, alles draait rond Flanders Fields en er bestaat een enorme blinde vlek; heel de bovenkant van de westhoek. Hoe leefden de Belgische soldaten in hun kantonnementen? Er is daar nauwelijks iets van onderzocht. We moeten ook die aspecten onderzoeken. We missen nu nog altijd een grote synthese van wat er met dat Belgische leger in die grote bocht van Nieuwpoort tot voorbij Diksmuide is gebeurd. We weten alles rond Passendale en Mesen. We weten iets van de dodengang, maar dat is fragmentair. Vele facetten zijn onderbelicht. Er komen nu nog honderd jaar later, nieuwe documenten boven. Ik inspireer me op de egodocumenten die er zijn in Flanders Fields. Ik vind dat hetzelfde moet gebeuren over de "Belgische Courbe". Je moet dan ook de vraag stellen hoe dat komt. Wel, ik denk dat men er in de officiële geschiedschrijving nooit is aan durven of willen beginnen, want als je die geschiedenis schrijft dan bots je natuurlijk op de hele geschiedenis van de Frontbeweging en alles wat eraan vasthangt. In die zin is de tekstkritische uitgaven van de Open Brieven een belangrijk moment. Dat het boek in het Vlaams Parlement werd voorgesteld is daarin symbolisch. De Frontbeweging is de geboorte van iets dat tot op de dag van vandaag doorwerkt. Met dat boek kan men daar ook wetenschappelijk niet meer zomaar omheen.’

Is de Frontbeweging dan zo belangrijk in de geschiedenis van de Vlaamse beweging?

‘Zij is een onverhoopt onverwacht acceleratiepunt van enkele eisen van de Vlaamse beweging die begonen is van een loutere taalbeweging maar plots verhoogd, verbreed en verdiept naar volksautonomie. Wilson zei dat er maar vrede kon komen in Europa als de kleine volkeren hun rechten krijgen. De paus steunde dat. Vlamingen voelden zich aangesproeken. Hun terminologie is onduidelijk en dat duurde de hele oorlog. Verschaeve heeft dat in zijn brief aan de kardinaal duidelijk gemaakt door over federalisme te spreken. Dis versnelling was revolutionair en mogelijk ondanks de legercensuur. De 21 juli van 1918 spreekt Van Cauwelaeert in Le Havre over het recht van de kleinere volkeren. Ons Vaderland vind maar een ding jammer ‘Hij vernoemt ons niet’. Ik denk dat hij niet durfde. Zo revolutionair was de Frontbeweging dus.’

Recent verscheen het boek ‘Alleen in u -o koning- geloven wij nog’ (recent besproken op Doorbraak) een tekstkritische publicatie van de Front brieven, en de historische context waarin ze tot stand kwamen. Daarin staan ook enkel bijdragen van Romain Vanlandschoot. Het boek is verkrijgbaar via onze webwinkel.

In de recent door Doorbraak uitgegeven politieke biografie van Frans van Cauwelaert, neemt de Eerste Wereldoorlog en de Frontbeweging een belangrijke plaats in. Ook dat boek is te koop op onze webwinkel.

Op zaterdag 8 juli 2017 organiseert de vzw Kapelaan Verschaeve een colloquium onder de titel ‘De hete zomer van 1917’. Naar aanleiding van de honderdste verjaardag van de Open Brief aan koning Albert I is het de bedoeling om de positie en de invloed van Verschaeve te herdefiniëren op basis van recente onderzoeken en publicaties.

vendredi, 05 mai 2017

The Promise

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The Promise

When the Young Turk government dragged the Ottoman Empire into the First World War on the side of the Central Powers, their aim was to create a pan-Turkic empire incorporating Turkic lands that were part of the Russian Empire. A major impediment to these plans were the Christian minorities of Eastern Anatolia: the Armenians, Greeks, and Assyrians, who naturally looked to Russia as a potential ally and protector. Thus the Young Turks hatched a plan to exterminate these groups.

The Promise, helmed by Irish director Terry George, is a story from the Armenian genocide, which began with the arrest of the leaders of the Armenian community in Constantinople on April 24, 1915. Most of them were later murdered. Young Armenian men were inducted into the Turkish military, where they were put to work as slave laborers building roads and railroads, then massacred. Older and infirm men, as well as women and children, were marched out of their towns and villages, ostensibly to be relocated to Syria, then massacred. All told, 1.5 million Armenians were killed, as well as 450,000 to 750,000 Greeks and 150,000 to 300,000 Assyrians. Most survivors fled abroad, essentially ridding the heartland of the Empire, which is now modern-day Turkey, of Christians.

The Promise is an excellent movie: a visually sumptuous, old-fashioned period film — a story of love, family, and survival set against the backdrop of a decadent and crumbling empire, the First World War, and the 20th century’s first genocide. In terms of visual grandeur and emotional power, The Promise brought to mind David Lean’s Doctor Zhivago. Although some have criticized The Promise for making the Armenian genocide the backdrop of a love triangle, what did they expect? A documentary? Besides, The Promise is no mere chick flick. It is a genuinely moving film, with a host of excellent performances, not just a predictable, cardboard melodrama — as fun as those can be. And although the comparison actually cheapens this film, if you like historical soaps like Masterpiece Theatre, Downtown Abbey, and Merchant-Ivory films — or high-order chick flicks like Anthony Minghella’s The English Patient — you will love The Promise.

Another delightful, old-fashioned feature of The Promise is its original orchestral score by Lebanese composer Gabriel Yared, who incorporates Armenian music. There is also gorgeous music in a church scene in which the great Armenian composer and musicologist Father Komitas [2] is portrayed singing on the eve of his arrest along with the other leading Armenians of Constantinople. (He survived but was driven mad by his ordeal and never composed again.)

The Promise focuses on Mikael Boghosian (Oscar Isaac), a young Armenian from a small village in southern Turkey who takes the dowry from his betrothal (the promise of the title) to Marak (Angela Sarafyan) to enroll in the Imperial Medical Academy in Constantinople. There he meets and falls in love with Ana Khesarian (Charlotte Le Bon), the French-educated daughter of a famous Armenian violinist, who is the lover of American journalist Chris Myers (Christian Bale). When the genocide begins, Mikael’s wealthy uncle is arrested, Mikael is conscripted as a slave laborer, and Ana and Chris work to document the atrocities and save lives. Eventually Mikael makes his way back to his village, finds his family, and marries his betrothed. He then encounters Ana and Chris and joins forces with them to try to save his family, his village, and other Armenians.

All the leading characters in The Promise are convincingly three-dimensional and well-performed. Oscar Isaac is excellent as Mikael, as is Charlotte Le Bon in the role of Ana. Every Christian Bale fan, of course, will want to see this film. Although this is not his most compelling character, it is an enjoyable performance nonetheless. My favorite minor character was Mikael’s mother Marta, played by the charismatic, husky-voiced Persian actress Shohreh Aghdashloo.

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I recommend that all my readers see The Promise. It is worth seeing simply as a film, but it is also worth seeing to send a message. For powerful forces are working together to make sure that you do not see this film. A movie about the Armenian genocide is viewed as a threat by the Turkish government and the organized Jewish community, both of which oppose designating the Armenian tragedy a genocide. The Turks wish to evade responsibility, and the Jews fear any encroachment on their profitable status as the world’s biggest victims. Before the film’s release, Turkish internet trolls spammed IMDb [3]with bogus one-star reviews. Since the film’s release, the Jewish-dominated media has given the film tepid to negative reviews. Given the film’s obvious quality, I suspect an organized campaign to stifle this film. Don’t let the bastards win.

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For many years, I illustrated the Jewish will-to-power compared to other market-dominant minorities with the story of Kirk Kerkorian’s purchase of MGM Studios. Kirk Kerkorian was a self-made Armenian-American billionaire. At his peak, he was worth $16 billion and was the richest man in California. In 1969, Kerkorian bought MGM, and instead of seeing it as an opportunity to influence the culture by making movies and television shows, he sold off a lot of its properties and basically turned it into a hotel company. Before he died at the age of 98, however, Kerkorian realized the cultural value of movies and bankrolled The Promise with $100 million.

Over his lifetime, Kerkorian gave away more than $1 billion, spending most of it on helping the Republic of Armenia. If only white American billionaires had a shred of this sort of ethnic consciousness, White Nationalism would be flourishing. Until such figures emerge and start taking media power seriously, the Western mind will be nothing more than a battleground over which highly-organized Levantines fight for control. From a White Nationalist point of view, of course, this is an intolerable situation. But anything that challenges Jewish media hegemony is in the long-term interests of whites. White Nationalism, moreover, has many Armenian allies and well-wishers. So I regard The Promise not just as an excellent film, but as a positive cultural and political development. Thus we should wish it every success.

I can hardly wait for a movie about Operation Nemesis [4].

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2017/05/the-promise/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2017/05/The_Promise_2016_film.jpg

[2] Komitas: https://en.wikipedia.org/wiki/Komitas

[3] spammed IMDb : https://en.wikipedia.org/wiki/The_Promise_(2016_film)#IMDb_pre-release_voting_controversy

[4] Operation Nemesis: https://www.counter-currents.com/2015/07/operation-nemesis/

 

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jeudi, 04 mai 2017

1917 : les Etats-Unis entrent en guerre

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Bernhard Löhri

1917 : les Etats-Unis entrent en guerre

Cette entrée en belligérance a révolutionné durablement la communication politique

Il y a cent ans, la politique américaine mettait un terme définitif à son isolationnisme, celui qu’avait préconisé la Doctrine de Monroe (« L’Amérique aux Américains »). Cette doctrine impliquait la neutralité américaine dans tous les conflits qui déchiraient l’Europe. En 1917, les Etats-Unis disent adieu à cette neutralité et entrent en guerre aux côtés des Alliés franco-britanniques. Le Président américain James Monroe avait souligné, dans les années 1820,  que les Etats d’Amérique entraient dans un processus irréversible d’indépendance et se détachaient ainsi des puissances européennes, du Vieux Monde. Monroe évoquait alors l’émergence de deux sphères politiques (le Vieux et le Nouveau Mondes) et l’avènement d’un principe de non immixtion des Etats-Unis d’Amérique dans les conflits européens. Suite à cette déclaration de leur Président, les Etats-Unis ont pu développer une stratégie hémisphérique brillante, ont consolidé leurs acquis territoriaux et les ont protégés. L’Europe, elle, ne s’occupait que d’elle-même en cette période post-napoléonienne : elle entendait conférer aux Etats qui la constituaient une épine dorsale constitutionnelle destinée à les stabiliser. Pendant ce temps, les Etats-Unis bâtissaient leur propre Etat aux dimensions continentales, avec la ferme intention de le rendre militairement invulnérable. Sur le plan de la sécurisation militaire, les Etats-Unis acquièrent, dans le dernier tiers du 19ème siècle, l’Alaska et annexent les Iles Hawai, parachevant de la sorte leur projet stratégique. En entrant en belligérance dans la première guerre mondiale, déclenchée en Europe par les puissances européennes, les Etats-Unis manifestent ipso facto la prétention d’agir activement sur la scène mondiale, en y imprimant leur volonté, comme l’histoire ultérieure le démontrera.

L’entrée en guerre des Etats-Unis a surpris car, à l’automne 1916, le Président américain Woodrow Wilson avait fait campagne pour les Démocrates avec le slogan ‘He kept us out of war !’ (« Il nous a maintenu hors de la guerre »). Il a été réélu. Se maintenir hors de la guerre qui faisait rage en Europe fut le message principal du mouvement politique animé par Wilson. Mais cette promesse n’a duré que quelques mois, au bout desquels les Etats-Unis sont bel et bien entrés en guerre. Une victoire des puissances centrales, c’est-à-dire l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, avec la Bulgarie et l’Empire ottoman comme partenaires mineurs, était parfaitement envisageable au printemps de 1917. L’entrée en guerre des Etats-Unis, d’abord contre l’Allemagne seule, peut donc être considérée comme décisive dans la défaite des puissances centrales. La supériorité des Alliés en troupes et en armes a fait la décision au détriment de l’Allemagne sur le front occidental.

doughboy.jpgSur les plans idéologique et moral, cette entrée en guerre a été décrite comme « une croisade nécessaire contre les monarchies militaristes et autoritaires de l’Empire allemand et de l’Autriche-Hongrie ». A cela s’ajoute la conscience d’une mission quasi religieuse et bien précise : « Rendre la monde sûr pour la démocratie ». Mais ce conglomérat de moralisme et d’idéologie à connotations puritaines était pur discours : derrière lui se profilaient des motivations essentiellement économiques. Les dettes de guerre inter-alliées, soit les dettes contractées entre Alliés et celles contractées entre les Alliés et les puissances associées, avaient pour créancier principal les Etats-Unis et comme débiteur principal la Grande-Bretagne : cette dernière avait contracté la grosse masse de ses endettements auprès du gouvernement fédéral américain. Au total, les crédits pris sur le système financier américain s’élevaient à un capital de 26,5 milliards de dollars (somme sur laquelle intérêt était dû). Une victoire des puissances centrales aurait eu des conséquences considérables sur le système financier américain. Il fallait l’éviter à tout prix. En entrant en guerre, Wilson rendait un immense service aux intérêts vitaux du secteur financier américain.

Dans l’espace-temps qui va de l’automne 1916 au printemps 1917, nous avons assisté à un renversement total de l’opinion publique aux Etats-Unis. Ce renversement inaugure dans l’histoire mondiale l’avènement du marketing politique moderne et du modelage médiatique des mentalités. Le plus important des experts en ce façonnage des mentalités nouvelles fut Edward Louis Bernays, né à Vienne en 1891. On le considère désormais comme le père des techniques de « relations publiques » et de l’art des « spin-doctors ». Ce fut lui qui transforma la notion de « propagande », la débaptisa en « relations publiques ». Il était fasciné par la capacité à « produire des opinions ». Bernays était l’un des neveux de Sigmund Freud. Il s’est efforcé de populariser les thèses psychanalytiques de Freud aux Etats-Unis. Bernays était fasciné par l’idée freudienne qu’il existait des forces cachées et irrationnelles qui poussaient les hommes à l’action. Il avait reconnu le fait que les sociétés humaines étaient dirigées sur les plans économique, politique et social par une poignée d’hommes puissants « qui tiraient les ficelles de l’opinion publique » après avoir donné les directives adéquates. Quand il a fallu, en 1916/1917, faire basculer l’opinion publique américaine et lui faire accepter l’entrée en guerre du pays-continent, le jeune Edward Bernays prit contact avec le « Committee on Public Information », chargé de préparer à la guerre et au sang à verser tous ceux qui doutaient du bien fondé d’une immixtion américaine dans la grande guerre européenne, et, finalement, l’opinion publique toute entière des Etats-Unis. Bernays a eu l’intelligence de faire miroiter aux opinions publiques américaine et européenne l’idée d’un nouvel ordre mondial sécurisé et pacifique, que les armées américaines allaient promouvoir par leur engagement dans les combats. « Rendre le monde sûr pour la démocratie » (« Make the world safe for democracy »), tel était son slogan-clef, celui qui devait présenter l’entrée en guerre comme le seul projet possible.

Après la fin des hostilités, Bernays accompagna la délégation américaine regroupée autour du Président Wilson lors des conférences de la paix de la banlieue parisienne. Il s’est rapidement aperçu que le champ d’application de sa praxis d’influence des sociétés pouvait s’étendre non seulement en temps de guerre mais aussi en périodes de paix. Il voyait la nécessité de créer « une ingénierie du consensus » (« engineering of consent »), c’est-à-dire, à ses yeux, une nouvelle science basée sur les techniques de la formation des opinions.

Bernhard Löhri.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°14/2017, http://www.zurzeit.at ).

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De la psychologie des masses selon Edward L. Bernays

En 1892, la famille de Bernays quitta Vienne pour émigrer aux Etats-Unis, où Bernays se consacra à l’étude des opinions publiques. Il façonna ses campagnes d’influence des opinions sur base de ses connaissances en psychologie des masses. Ses arguments :

  • Lorsque nous comprenons les mécanismes et les motivations de la pensée en groupe, il nous est simultanément possible de contrôler et de téléguider les masses sans qu’elles le sachent et selon notre propre volonté.

Lorsque Bernays, âgé de 25 ans, a constaté que l’opinion américaine basculait dans le sens des bellicistes et se mettait à vouloir la guerre contre l’Empire allemand, il s’est senti appelé et a voulu servir sa nouvelle patrie. Devenu expert, son influence fut également profonde dans l’élaboration des stratégies de marketing, dans la promotion des produits à vendre. Bernays est celui qui, le premier, a bien vu que les sociétés humaines ne sont pas des systèmes objectifs de besoins rationnels mais des systèmes animés par des désirs subjectifs. Par conséquent, la question qui ne cessait de se poser était la suivante : « Comment des stratégies d’influence peuvent-elles s’utiliser pour piloter le comportement des hommes ? ».

Dans les années 1920, Bernays conféra au Président Calvin Coolidge l’image d’un « society-tiger ». Il induisit l’idée du « Bacon & Eggs » comme nouvelle variante du petit déjeuner et travailla à faire accepter les femmes fumeuses, tout comme, plus tard, il oeuvra dans les lobbies anti-tabac.

 

lundi, 20 février 2017

Äthiopiens Kaiser alliierte sich mit den Deutschen im Ersten Weltkrieg

Äthiopien liegt in Afrika. So viel werden wohl die meisten Menschen noch über das Land wissen. Weniger bekannt ist, dass die Nation Äthiopien die einzige afrikanische Nation war, welche sich erfolgreich gegen westliche Kolonialisierung zur Wehr setzen konnte. Über Jahrhunderte weg schmiedete Äthiopien als souveräner Staat Allianzen, schützte sich mit einer verhältnismäßig starken Armee und unterhielt enge Beziehungen zur orthodoxen und katholischen Kirche in Europa. Es ist eines der ältesten christlichen Länder dieser Erde und hat eine lange Geschichte, die auch in der Bibel Erwähnung findet. Dort bekannter als Abyssinien, welches zeitweise Kriege mit Ägypten führte. Die äthiopische Bibel ist womöglich die älteste Bibelübersetzung in einer nicht-europäischen Sprache. Und interessant ist, dass Äthiopien immer schon ein Vielvölkerstaat war. Multiethnisch, multikulturell und multireligiös. Muslime, Christen, Juden und heute über 80 verschiedene Sprachen/Dialekte.  Das ethnische Bild ist gemischt und die Einschläge aus Nordafrika, Arabien und dem Orient generell geben den Äthiopiern doch ein recht markantes Aussehen. Ähnlich den Nachbarnationen Eritrea und Somalia. Hungersnöte plagten das Land in den letzten Jahrzehnten immer wieder. Dabei war Äthiopien lange Zeit der Brotkorb Afrikas.

Aber wussten Sie, dass Äthiopien eine Nebenrolle im Ersten Weltkrieg spielte? Tatsächlich befand sich das Land damals im Tumult. Es ging um Erbfolge, Streitigkeiten im Königshaus und die Frage, auf welche Seite sich das unabhängige Königreich stellen sollte. Sowohl die Briten, als auch die Deutschen und Türken umwarben das afrikanische Reich.

Der deutsche Botschafter in Addis Abeba war der Mann, der dem äthiopischen (semi-legitimen) Kaiser Iyasu V. gut zuredete und ihm versprach, dass man das Königreich vor dem Kolonialismus der Briten, Franzosen und Italiener schützen würde. Ob das letztendlich stimmt, kann man anzweifeln. Aber Iyasu V. nickte im Laufe des Krieges nach 1916 deutlich den Deutschen zu. Deutschland garantierte den Äthiopiern im Gegenzug für ihre militärische Hilfe bei einem türkisch/deutschem  Angriff auf den von den Briten kontrollierten Suez Kanal, dass das Deutsche Reich die von Äthiopien gemachten Landgewinne anerkennen würde. Propagandablätter sollen zu dieser Zeit auch den Dschihad gegenüber den Briten ausgerufen haben. Die Nähe von Iyasu zum Islam war auch einer der Gründe, warum es mit seiner Herrschaft bald vorbei war.

Zu dem gemeinsamen Angriff kam es nicht. Im Oktober 1916 besiegte die Thronrivalin Zauditu die Loyalisten von Iyasu und verjagte das deutschenfreundliche Regime aus dem Land.  Die Orthodoxe Kirche Äthiopiens führte gegenüber Iyasu eine Exkommunikation durch und rekonstituierte eine christliche Identität als Leitbild Äthiopiens. Heute macht sich der Einfluss der Salafisten aus Arabien in Äthiopien breit und versucht in den traditionellen Sufi Gemeinden Fuß zu fassen, die von den Islamisten als unrein und ketzerisch bezeichnet werden. Denn der Einfluss der heidnischen Naturreligionen ist bei allen Religionen Äthiopiens groß, während Christen, Muslime und Juden dort religionenübergreifend auch die Feste des jeweils anderen Feiern können.  Die Wahhabisten kommen auch nach Äthiopien, wo über ein Drittel der Bevölkerung muslimisch ist und die uralte Frage aufkommt, wo die Identität des Landes liegen soll.

Im Jahr 1855 sandte die Sankt Chrischona-Pilgermission Handwerker und Missionare nach Äthiopien. Auch zu Zeiten des Deutschen Kaiserreiches kamen einige Deutsche hinunter, wo sie sich in meist christlichen Missionen betätigten.

jeudi, 09 février 2017

Adolf von Harnack’s Dark Theology

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Adolf von Harnack’s Dark Theology

Early Life and Career

Adolf von Harnack was one of the most eminent scholars in Germany of his day, and his reputation as a Church historian and New Testament scholar was unparalleled in Europe. He was born in 1851 in the town of Dorpat in Livonia, a province of Russia (today, Tartu in Estonia). He died in 1930 in Berlin.

Harnack belonged to a Prussian nationalist elite that ruled his Russian-majority town. His father, Theosodius Harnack, was a theology professor at Dorpat, and was a strictly orthodox Lutheran. Theodosius’ scholarly discipline and zeal for things German, especially Lutheranism, influenced Adolf Harnack deeply. Harnack studied theology at Dorpat from 1869 until 1872, and in 1872 he went to the University of Leipzig where, within a year, he wrote his doctoral dissertation, and his habilitation dissertation within another. He joined the Leipzig faculty in 1875, and in 1879 he moved to the University of Giessen.[1]

Harnack published the first volume of his monumental multi-volume History of Dogma [2] in 1885. The book drew criticism from conservative Christians, chiefly for using Christianity and the New Testament as sources but not as norms. After its publication, he was offered a position at Harvard University, but he declined the offer and moved to Marburg in 1878, where he continued to work on his History of Dogma.[2]

In 1888, the University of Berlin and the Prussian Ministry of Education invited Harnack to take a professorship in Berlin, but were met with fierce opposition from Prussian church officials, who vetoed the appointment. Their main issues were that Harnack had reservations about the authorship of the Gospel of John, Ephesians, and I Peter, and miracles such as the Virgin Birth, the Resurrection, and the Ascension. To Harnack, the issue was whether theology was a real academic discipline, free from church dogmatism and control. Eventually, Kaiser Wilhelm II and Chancellor Bismarck intervened, and Harnack‘s appointment was approved.[3] In 1893, Harvard University renewed its offer, with a letter from the university‘s President, Charles W. Eliot, offering Harnack absolute freedom of thought and speech from all governmental, academic, or social restrictions, and the highest salary it could offer. Again, Harnack declined.[4]

Harnack‘s relationship with the church was always strained, and eventually he gave up on serving it, instead assuming extensive administrative responsibilities in Kaiser Wilhelm‘s government. In 1905, he was appointed as Director General of the Royal Library in Berlin. Harnack and the Kaiser had a good relationship and often met for discussion. Sometimes their meetings included Houston Stewart Chamberlain, the author of The Foundations of the Nineteenth Century [3]. The reason the Emperor was drawn to Harnack was not to discuss religious matters, but because of Harnack‘s scholarly breadth and administrative astuteness. To the Kaiser, Harnack was an embodiment of Prussian diligence, competence, loyalty, patriotism, and objectivity. In March 1914, he knighted Harnack.[5]

In 1910, Harnack warned Kaiser Wilhelm that Germany was locked in competition with the imperial nations, and that the quality of scholarship, which needed funding, would determine the outcome. German academic institutes could not compete with the immense funds that research institutes in the United States had received from wealthy philanthropists. He said, “This cannot, this dare not remain the case, if German science and with it the Fatherland – its inward strength and its outward image – are to avoid grave damage.” The Kaiser then had the leaders of German industry fund the Kaiser Wilhelm Society for the Advancement of Science.[6] Harnack was appointed as the first President of the Society and a Krupp family member as his Vice President. Harnack had the personality to induce cooperation from specialists in different fields, and interest among the wealthy.[7]

harnzck2222.jpgHarnack on Christianity

Harnack‘s ideas on Christianity were developed in the final years of the nineteenth century and are found in his most famous work, History of Dogma (Lehrbuch der Dogmengeschichte), which was published in four volumes between 1886 and 1889, and in the popular work, What is Christianity? [4] (Das Wesen des Christentums), published in 1900. Both works have been translated into English.

Harnack believed that in the Early Church, the Christian faith was combined with elements of Greek thought that were not essential to the faith, and the result became the Christian dogma. Because of that, he thought, Christian theology over time became preoccupied with physics and metaphysics. But he did not think that the mixing of Christianity with Greek thought was some kind of degeneration. This process was dictated by necessity and was in itself good. The problem was that the dogma became fixed and authoritative for all time, and thus unable to cope with new exigencies as they emerged.[8]

Harnack‘s theology is liberal theology in the sense that it emphasizes the imperative of freedom: the freedom of thought, the pursuit of truth, and freedom from external interference. To him, theology as an academic discipline could not accept limits set by dogmas and Scripture that it held had to be believed in to attain salvation. He was also confident in the power of human thought and the ability to transcend one‘s subjectivity to attain genuine objectivity. In him, scrupulous reasonableness and unshakeable religious faith were combined, resting on his awareness of one‘s dependence on the absolute spirit.[9] Harnack read Goethe regularly and valued his maxims and reflections immensely. In him, as in Augustine, Harnack found a source of wisdom, understanding, and faith.[10]

According to Harnack, true Christianity was something simple and sublime: “It means one thing and one thing only: Eternal life in the midst of time, by the strength and under the eyes of God.”[11] To him, the concern of true religion was the fundamental difficulties of human existence such as living, finding meaning, and death. To the question of what was the basis of the highest form of religion in all of history, he answered, “Jesus Christ and his Gospel.” He added that this answer was exhaustive because it included the whole history of Christianity, but Christianity, not as a doctrine, but as life, “. . . again and again kindled afresh, and now burning with a flame of its own.”[12] He said that “. . . it must not be forgotten that in German Protestantism the ‘gospel’ means Jesus’ preaching of the kingdom of God.”[13] To him, Jesus was not part of the gospel, only God the Father. The meaning of the designation “Son of God” did not mean that Jesus was God incarnated, but rather that he had unique knowledge of God:

It is “knowledge of God” that makes the sphere of divine Sonship. It is in this knowledge that he came to know the sacred being who rules heaven and earth as Father, as his Father. . . Jesus is convinced that he knows God in a way in which no one ever knew him before, and he knows that it is his vocation to communicate this knowledge of God to others by word and by deed – and with the knowledge that men are God’s children.[14]

Harnack did not hold orthodox Christology in high esteem, thinking it enough to follow Luther, who had described Jesus as the “mirror of God’s paternal heart.”[15] Former archbishop Rowan Williams describes the three main pillars of Harnack’s theology thus: “. . . the fatherhood of God, the infinite value of the individual soul, and the higher righteousness . . .”[16]

The First World War

When the First World War approached, latent ideas began to emerge in Harnack’s thought and writings. Because of his standing in German society and his relationship with Kaiser Wilhelm, he was requested to help the Fatherland in the war effort.

On August 4, 1914, the day England declared war on Germany, the Kaiser gave a speech to the members of the Reichstag, written in part by Harnack, in which he stressed that Germany had the moral right to defend “. . . the place in which God has put us . . .”[17] Harnack drafted another speech for the Kaiser, which was delivered [5] on August 6. The speech was called To the German People (An das deutsche Volk), in which the Kaiser declared, “The issue is whether our Fatherland is to be or not to be; it is concerned with German power, German strength, German culture! We will hold fast to the German way, German fidelity, and German civilization to the last breath.”[18] A public declaration signed by Harnack and other German intellectuals defended German militarism: “Without German militarism German culture would long ago have vanished from the earth. [Our militarism] grew out of [our culture] for its protection. . . . Germany’s army and Germany’s people are one.”[19]

Harnack’s thought was permeated with his conviction that war was an essential part of history, and that nations could hardly establish themselves without rivalry that risked wars. War to him seemed to be required by nature. He had hoped that after Bismarck had united Germany and it had enjoyed its great material success, Germany could take its rightful place beside Britain and the United States, and European civilization would thus be brought to a point where major wars could be avoided. In January 1912, he wrote:

harnack3333.jpgThe progress of the development of world history has placed the three Germanic empires of England, North America and Germany at the apex of humanity as far as the main features of culture are concerned. Apart from their being related by blood, these three states have also a great inheritance in common. This common inheritance sets them the highest goals, but also lays on them the solemn obligation before the judgment seat of history to work peaceably together.[20]

But he sensed that tensions between the great powers of Europe were increasing, and in that same month he wrote:

. . . the English government so judges our political existence as France regarded it after the events of 1866. Just as it appeared to France intolerable that a united German state should have arisen in the heart of Europe that had grown stronger than them, so it appears to England intolerable that this state has so developed as to rival her spiritual and material forces.[21]

When the war broke out, Harnack was furious because Britain had sided with Russia, which he believed to be the great enemy of European culture.

Great Britain sides with Russia against Germany! What does that mean? That means: Great Britain breaches the dam that had protected Western Europe and her culture against the desert sands of the asiatic non-culture of Russia and the Panslavs. Now we Germans have to plug that breach in the dam with our own bodies. We will do it though soaked in streams of blood, and we will win through. We have to win through; for we protect the work of fifteen hundred years on behalf of all Europe and also on behalf of Great Britain! But the day when Great Britain breached the dam can never be forgotten in world history.[22]

For Harnack, the cause of the war lay:

. . . in the relationship of [his] Fatherland, the new Great Power, to the old Great Powers and in particular to the world-wide imperialism of England and to the hunger of Russia for new lands and for oceanic might. These older Great Powers did not want to let this powerfully developing Reich, which only strove for air and light in a peaceful manner, take its proper place. It was only a question of time and the constellation of events when they would initiate violent repression and which of them would seize the initiative.

On August 1, 1914, the day the war began, Harnack was giving his last lecture of the summer on the history of dogma. He began the lecture by telling his students that the Kaiser had worked towards peace to the limits of honor, and that they now had the privilege to fight a just war for the Fatherland. He told them that if they were called up, they must to go to the battlefield in the consciousness that they were fighting “With God, for King and Fatherland.” After he said that, the students started singing Martin Luther‘s hymn, “Ein feste Burg ist unser Gott [6]” (“A Mighty Fortress is Our God”).[23]

Serving the Fatherland in war was not against Christian morality, thought Harnack, rather the opposite. God had instituted the state, and from the point of view of the individual Christian, the state had no morality. The state had its own political morality, which was acting with honesty and purpose, deciding itself what was moral, as the contingencies of realpolitik arose. “What gives political ethics its distinctiveness is that the State is both the subject and the object of ethics . . .” he said. The struggle of states and nations on the world-historical stage was beyond the judgement of private morality. In fact, it was a revelation of “. . .the spirit that rules in all the manifestations of history.”[24]

Harnack was under the influence of an idea, powerful within Lutheranism, namely the distinction between God as He is revealed in Scripture and the hidden God in his own nature. The question of theodicy becomes irrelevant in this line of thought, because the hidden God is beyond good and evil. According to Martin Luther, God as he is revealed, does not will the death of the sinner, but the hidden God as he is in himself, wills the death of the sinner, “. . . and in fact wills all things that come to pass.”[25] In On the Bondage of the Will [7] (De Servo Arbitrio), Luther states that the hidden God “. . . neither deplores, nor takes away death, but works life and death and all things: nor has He, in this Character, defined Himself in His Word, but has reserved unto Himself, a free power over all things.”[26] Scripture is thus only a partial testament to the will of God; nature, history, and the emergence of peoples and states also bear witness to his will.

The Science of History

There was more to science than just the natural sciences, according to Harnack. He defined science as “. . . knowledge of reality for purposeful action.”[27] The lower stages of science are occupied with determining and ordering facts, and with the mechanics of the world, but the highest stage of science is where “. . . the conscious spirit meets us with ideas norms and values. At this stage the science of history comes into its own . . .”[28] He added, “Not only natural laws are operative in history, in it lives the spirit which gives birth to the idea, to values and norms, that is to say, to laws of freedom.”[29] The highest stage of science then leads to philosophy, which is itself not a science, but:

. . . an aristocratic activity and cultivates a synthesis which is not everyone’s concern. One must not forget that humanity has not found its upward way by the light of the torches of individual insights gained through quantitative examination but under the guidance of men who had a vision of a central sun and had the courage to advance from physics to metaphysics, from history to metahistory, from ethics to metaethics.[30]

Although Harnack thought it impossible to establish laws of history, he held that analogy was an excellent way to organize and understand historical phenomena. The significance of analogy was brought to light by Oswald Spengler in his “profound and thought-provoking” work, The Decline of the West [8] (Der Untergang des Abendlandes), published in 1918-1922:

[Spengler] was the first to show what a striking analogy exists between all the mental and spiritual phenomena of a given epoch and, then, how the drama of ascent, flowering, decline and fall unfolds in every great epoch. In that work he has taught us that, all the way from the understanding of space, time and number via mathematics, music, the creative arts, scholarship, the shaping of ordinary life up to the reflection of the Whole in philosophy and religion, one and the same forming, law-giving and symbolizing spirit or style is at work in every epoch.[31]

The study of history, according to Harnack, should occupy itself with knowing the institutions of the past. These institutions are the results of historical developments. Nothing that has not taken form in institutions can have a lasting effect on history, no ideas or even great men. “The totality which social groups as such represent is influenced permanently only by an institution which, whether written or unwritten, gives clear expression of itself in the form it imposes, the goals it inspires and the authority it exercises.”[32] The institutions originate in ideas, and the history of institutions reveals the history of ideas. “Therefore, all of the history of institutions is unprobed as long as the motivating ideas are unknown. The ideas are, however, the spirit.”[33] To Harnack, the spirit reveals itself through history.

We must now speak of the spirit. All history is the history of the spirit and has an inner happening for its foundation; the spirit, however, is one. Whether we possess much or little of it, it is always one and the same spirit working in us and in everything brought forth by history.[34]

Thus, history reveals a deep unity between historical events and ourselves, and our higher existence. History was for him essential for the development of character: “To broaden oneself inwardly through history does not only belong to education, it is education. Such education connects itself harmoniously to the inner life of the spirit.”[35] Rather than settle for our own personal experience:

. . . we must expand, with Faust, the ego that is ours into the whole world’s ego. This occurs . . . as we, in noble hunger, take into ourselves the whole of world-happening and all of history’s great and good personalities, transforming all into the fibers of our being . . . We shall remain wretched and in bondage if we limit ourselves to ourselves; we shall become rich and free if we enter every door of history and make ourselves at home in its spacious rooms.[36]

This was, to him, the only way to resist the outmoded on an intelligent basis: it could only be obliterated with the aid of correctly understood history. One of the most profound ideas of his science of history, which is particularly pertinent to European civilization’s current dissipation of its cultural, moral, spiritual, intellectual, biological, and material wealth, is his valuation of the progress of history. If it is granted that “. . . life is something of utter value . . .” one “. . . has in the preservation of life and its advance a standard by which to evaluate the processes of history. Obviously, this preservation and advance are not about the physical life of the individual person but about the higher spiritual life of the whole . . .”[37] He adds, that by applying this measure, “. . . it becomes clear that the orientation towards the conservation and preservation of life is correct and its opposite is false, that force is of value and that weakness corrupts . . .”[38] Ideas, institutions, and the behavior they shape matter because:

. . . everything crumbles under certain circumstances and we ourselves also fall to pieces bit by bit while, under other circumstances life is preserved, it follows that the one is bad and the other good. As to what those circumstances are, history makes unmistakably clear: to preserve life alone is the direction and force in which humans and humankind is set free “from the dominion of that which binds all” or, . . . from servitude to the merely natural and one’s own empirical ego. . . . Destructive to life, not only to only to the life of the whole but also to that of the individual, is the direction which raises to pre-eminence the physical well-being of the individual, and with that the struggle of all against all. No word confirms the course of world-history more assuredly than that of Jesus: that they who seek to save their lives only will surely lose it. The course of world events shows that behind the direction which strives energetically to rise up over the merely natural and egoism there lurk chaos and death.[39] [9]

Culture, is for Harnack an organism whose nature is to expand and advance and permeate all things. If culture loses its restless striving and ascent, “. . . it begins at once to harden into mere civilization; immediately the decay of its dying members sets in until barbarism arises which is the more shocking the more plentiful are the masks and the grimaces into which the higher values of a better day have been changed.”[40] A culture’s ascent and struggle for subjugation carries with it the reward of the preservation of life, while its opposite, descent and weakness, carries with it the punishment of decay and decomposition of life. Empirically, this striving is irrational, but “. . . is experienced as a powerful and blessed feeling for life.” Through history mankind has striven for something it has neither seen nor heard, acting as if God existed.[41]

Latter Years

After the war, Harnack, wanting to help rebuild Germany, supported the new constitution of the Weimar Republic, despite being unhappy with it. He thought that a new way of thinking was required if Germans were “. . . not to bear the entire cost of the world-revolution . . .” To him, the people and its spirit were more important than constitutions and forms of government:

We have to resist Mammonism, godlessness and the loss of ideals . . . for otherwise we will not be spared Bolshevism. New liberal forms alone achieve nothing; they will only have to give way to more ‘liberal’ ones if they are not permeated by a public spirit, seriousness and the courage for sacrifice.[42]

In 1919, in a sermon at the university, he put forth seven principles for a renewed Germany:

  1. Without a national consciousness there can be no peoplehood; without humanness no real greatness.
  2. Without authority there can be no organization.
  3. Without personality there can be no life that is worth living.
  4. Without determination to overcome class-divisions there can be no internal peace.
  5. Without capital there can be no culture.
  6. Without power there can be no state.
  7. Without selflessness and the fear of God there can be no future.[43]

He rejected many offers to join a political party and an offer to become Germany’s ambassador to the United States in 1921, focusing instead on theology for the rest of his life. His theology was beginning to come under attack by the rising neo-orthodox movement in theology, whose main proponent was Karl Barth, a former student of Harnack. The accusation was made that he, and other liberal theologians like him, had merged theology with militaristic nationalism.[44]

In the 1920s, Harnack began a passionate study of the second-century heretic Marcion. He valued Marcion’s gospel for its perfect love and for being purified of rigorous legalism. Marcion separated the “righteous” God of Judaism from the one found in the New Testament, and rejected the Old Testament. Harnack held that rejecting the Old Testament in the second century would have been a mistake. The Reformers of the sixteenth century were unable to withdraw from its legacy, “. . . but for Protestantism since the nineteenth century to continue to treasure it as a canonical document is the result of a religious and ecclesiastical paralysis.”[45]

Notes

1. Gary Dorrien, Kantian Reason and Hegelian Spirit: The Idealistic Logic of Modern Theology [10](Chichester: Wiley Blackwell, 2015), p. 321.

2. Martin Rumscheidt, “Introduction: Harnack’s Liberalism in Theology: A Struggle for the Freedom of Theology,” in Adolf von Harnack: Liberal Theology at Its Height [11], ed. Martin Rumscheidt (Minneapolis: Fortress Press, 1991), pp. 14-15.

3. Rumscheidt, 15-16.

4. Rumscheidt, pp. 17-18.

5. Rumscheidt, pp. 21-22 & 24.

6. Jon Agar, Science in the Twentieth Century and Beyond [12] (Cambridge: Polity Press, 2012), p. 101.

7. Rumscheidt, p. 24.

8. James Hardy Ropes, “Adolf Harnack [13],” The Biblical World, (vol. 7, no. 1, 1896), pp. 22-29.

9. Rumscheidt, p. 33.

10. Rumscheidt, pp. 15 & 21

11. Dorrien, pp. 326-327.

12. Dorrien, p. 327.

13. Adolf Harnack, Adolf von Harnack: Liberal Theology at Its Height, p. 147.

14. Harnack, p. 157.

15. Dorrien, p. 331.

16. Rowan Williams, “The Deadly Simplicities of Adolf von Harnack [14].”

17. Ibid.

18. J. C. O´Neill, “Adolf von Harnack and the entry of the German state into war”, Scottish Journal of Theology, (vol. 55, no. 1, 2002), p. 3.

19. Rumscheidt, p. 25.

20. O‘Neill, pp. 13-14.

21. O‘Neill, p. 12.

22. O‘Neill, p. 7.

23. O‘Neill, p. 15.

24. O‘Neill, p. 18.

25. Noah Kelley, “Luther’s View of the Hidden God and the Revealed God [15],” p. 4.

26. Martin Luther, The Bondage of the Will [16], sect. 64.

27. Harnack, p. 43.

28. Harnack, p. 45.

29. Harnack, p. 45.

30. Harnack, p. 45.

31. Harnack, p. 52.

32. Harnack, p. 54.

33. Harnack, pp. 56-57.

34. Harnack, p. 57.

35. Harnack, p. 57.

36. Harnack, p. 57.

37. Harnack, p. 59.

38. Harnack, p. 59.

39. Harnack, p. 59.

40. Harnack, pp. 59-60

41. Harnack, p. 60.

42. Rumscheidt, pp. 26-27.

43. Rumscheidt, p. 27.

44. Dorrien, pp. 332-333.

45. Rumscheidt, pp. 28-29.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[5] delivered: https://www.youtube.com/watch?v=0j_SlC8Ppx4

[6] Ein feste Burg ist unser Gott: https://www.youtube.com/watch?v=ErKTZchVVeE

[7] On the Bondage of the Will: http://amzn.to/2k3vA2A

[8] The Decline of the West: http://amzn.to/2lkZbox

[9] [39]: #_ftn39

[10] Kantian Reason and Hegelian Spirit: The Idealistic Logic of Modern Theology: http://amzn.to/2kT6qD6

[11] Adolf von Harnack: Liberal Theology at Its Height: http://amzn.to/2kOxjsp

[12] Science in the Twentieth Century and Beyond: http://amzn.to/2loowKp

[13] Adolf Harnack: http://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/471791

[14] The Deadly Simplicities of Adolf von Harnack: https://lif.blob.core.windows.net/lif/docs/default-source/default-library/rowan-williams---the-deadly-simplicities-of-adolf-von-harnack---january-2014---lecture-transcript-pdf.pdf?sfvrsn=0

[15] Luther’s View of the Hidden God and the Revealed God: https://kelleys4christ.files.wordpress.com/2010/09/luther-research-paper-blog.pdf

[16] The Bondage of the Will: http://grace-ebooks.com/library/Martin%20Luther/ML_Bondage_Of_The_Will.pdf

mardi, 07 février 2017

1917: Early Moves Toward American Intervention in World War I

This short piece continues series on some “Deeply Momentous Things” — that is, American intervention in the First World War. (See Part One.) As the first installment has shown in a general way, the background of the war among Europe and its extensions (Canada, Australia, etc.) is crucial to understanding how the United States would eventually declare war on the Central Powers. More specifics on this issue will help us understand just what the might of the United States meant to the warring powers.

European leaders on both sides hoped to change the dynamic of the war in January 1917. Certainly, from a technical military standpoint, 1916 represented a highly complicated and progressive experimentation with methods of war that would break up the stalemate. In answer to a question posed in the first installment — who was winning at the end of 1916 — if I had to choose the side that had the upper hand in December 1916, I would probably choose the Central Powers by a nose.

In December 1916, Field Marshal Haig, Commander of the British forces on the Western Front, sent in an extensive report to his government on the just completed Somme Campaign. The Somme battles had advanced the Allied line in some places but had never come close to a breakthrough. And the losses of both British and French units were appalling. Yet Haig declared the Somme campaign a victory in that it had achieved the wearing down of the Germans and the stabilization of the front.

Yet even with Haig’s report in hand, British statesmen and diplomats were not as optimistic. The Field Marshal’s optimism could not hide the fact that the Somme advance had been at best shallow, and that the Germans still held onto nearly as much of France as they had before. And significantly, the Central Powers were killing Entente troops at a faster rate than the Allies were killing the Germans and their Allies. For every two deaths on the side of the Central Powers, three Entente soldiers were dying.

And there were more concrete signs of distress. In East Central Europe, recently acquired Entente partner Romania faced an Austro-Hungarian, German, and Bulgarian force which had besieged and captured the Romanian capital, Bucharest. The great Brusilov Offensive against the German and Austro-Hungarian armies was an enormous success at its beginning, and almost certainly took pressure off the French defenders at Verdun, in France. But the offensive tailed off with counterattacks that were costly and worrisome. And there were in addition, the enormous losses to the Brusilov fighters, upwards of a million dead, wounded, and captured. In Russia, rumblings of demoralization — including the plot which would end in Rasputin’s murder in December 1916 — emerged as hunger and depletion accompanied deep winter. In retrospect, the Brusilov Offensive planted the seeds of Russia’s revolutionary collapse the following year — which would no doubt have tipped the balanced sharply in favor of the Central Powers had the United States not intervened.

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Elsewhere, it is true, things were going somewhat better for the Russians and the British in fighting the Ottoman Empire by December 1916 and January 1917, but many British leaders thought they were looking at the real crisis of the war a hundred years ago. Hoping to bring every kind of weapon to bear in the midst of this depressing and murderous year, British leaders departed from their slogan of “business as usual” in a variety of ways. Great Britain had already adopted conscription a year earlier in January 1916, though not quite in time to supply replacements for the inevitable losses in the coming offensive operations on the Somme and elsewhere. On the diplomatic front, it was in 1916 that the British government began a process that would end by promising overlapping parts of the Ottoman Empire both to the future “king of the Arabs” and to Jews across the world as a future homeland. At the same time, British propaganda designed to influence the United States to enter the war heightened dramatically. Charles Masterman’s War Propaganda Bureau in London worked on the “American question” with newspaper subventions in the United States, speaking tours, increased distribution of the famous Bryce Report on German atrocities in Belgium, and in other ways.

One crucial example of non-traditional attempts to break the impasse was the starvation of German civilians resulting from the British Blockade. In place since late 1914, the Blockade kept even neutrals from delivering food and other essentials to Germany. Before the Blockade was lifted in 1919, somewhere between 500,000 and 800,000 German civilians would die from starvation and from the effects of nutritional shortages on other conditions. Adding indirect deaths influenced by nutritional privation adds many more to the total (see the excellent analysis of the Blockade by David A. Janicki, as well as Ralph Raico’s detailed review of the classic book on the subject by C. Paul Vincent).

The dynamics of the Blockade intensified among the belligerents the importance of future American decisions. In order to survive the war, Britain had to control the seas. In order to survive the war, Germany had to eat. But at the same time, Germany had to avoid bringing the world’s most powerful economy into the conflict. Unlimited submarine warfare was the most likely way to break the Blockade and eat. But German statesman expressly feared that this step would bring the United States into the war. (See the minutes of a top-level German meeting on the issue of unlimited submarine warfare from August 1916.)

Meanwhile, the one obvious solution to the war — namely, ending it — seemed out of the question. Both sides desired any help they could get, but both sides had turned down offers of mediation, truce, and negotiations, all of these attempts foundering on the acquisitive territorial aims and financial obligations of one belligerent or the other.

One important note: the weather impacted home and battle fronts. The winter of 1916/17 was one of the coldest in memory. The impact on the hungry German home front was immense — this was the terrible “turnip winter,” so-called because turnips were about the only home-grown food available to many. But the soldiers on all sides found the cold almost unbearable as well, misery in the trenches and encampments did not bode well for the future will to fight in any army.

Quite clearly, momentous American decisions were crucial to the future course of the war.

Note: The views expressed on Mises.org are not necessarily those of the Mises Institute.

18:33 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, états-unis, première guerre mondiale, 1917 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 19 juin 2016

Bretoenen in de Groote Oorlog

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In memoriam Christian Dutoit, overleden op 18 juni 2016

Bretoenen in de Groote Oorlog

Christian Dutoit

Ex: http://www.meervoud.org

‘Vlamingen, herdenk de slag der Gulden Sporen’, zo spoorde monarch Albert I ons in 1914 aan om het ‘vaderland’ te verdedigen. De Walen werden herinnerd aan 600 Franchimontezen. Er mocht best wat regionalistisch patriottisme ingeschakeld worden in de propagandamachine voor kanonnenvlees. Maar dit was blijkbaar geen typisch ‘belgisch’ verschijnsel. Ook de Bretoenen werden overspoeld door propaganda en waren goed voor 130.000 slachtoffers in de ‘Groote Oorlog’. Om hen aan te sporen bediende de Franse jacobijnse republiek zich, merkwaardig genoeg, van allerlei verwijzingen naar Bretoense particularismen, zoals taal, kleding en folklore.

Alle affectie voor de Bretoense zaak, die van overheidswege vóór de oorlog onbestaande was, werd nu aangemoedigd om het Bretoense volk in te schakelen in de verdediging van het ‘Grote’ Vaderland, de Franse Republiek dus. Meteen werden affiches in het Bretoense gedrukt om mensen warm te maken voor een ‘volkslening’ (‘Emprunt de la Victoire’). Op an- sichtkaarten die aan het front verspreid wer- den zijn traditionele Bretoense kledij en muziekinstrumenten afgebeeld, de doedelzak werd plots populair. De Bretoense bard Théodore Botrel werd min of meer ‘chansonnier aux armées’, enz.

Maar al bij al was dit enkel oorlogspropaganda en veranderde er helemaal niets in de relatie tussen de Jacobijnse staat en Bretagne. Gevolg was wel dat de Bretoense beweging, de ‘Emsav’, versterkt uit de oorlog kwam.

Bretagne is van oudsher vrij katholiek en ook de kerk deed haar best om gelovigen op te roepen om naar het front te trekken. De aartsbisschop van Rennes verklaarde in augustus 1914 dat de oorlog een goddelijke straf was voor het anti-katholieke sectarisme en de afvalligheid tegenover God. De kerk spande zich in om via bedevaarten, gebeden, parochieblaadjes en prullaria het patriottisme aan te moedigen. Niet-katholieken verweten dan weer dat de Bretoense kudde zich liet beïnvloeden door paus Benedictus XV (1854-1922), geboren als Giacomo Giambattista markies della Chiesa, die opriep tot vrede en aldus de facto verdacht werd van Duitsgezindheid.

Tussen 1914 en 1918 werd 65% van de Bretoenen in de leeftijdscategorie 18-48 jaar ge- mobiliseerd (het Franse gemiddelde was 56%). De Bretoenen waren goed voor ongeveer de helft van de Nationale Marine. ongeveer de helft van de Nationale Marine Deze ‘overmobilisatie’ had grote gevolgen voor de economie, vooral voor de landbouw en de visvangst. Bretagne stond ook in voor de opvang van 80.000 vluchtelingen (in 1918) uit het noorden van Frankrijk en Vlaanderen. Vrouwen, vooral weduwen, werden ingezet als ‘munitionettes’ in het arsenaal van Rennes (5.200) en de kruitfabriek van Pont-de-Buis (2.900). Ze werden ook ingeschakeld in 800 Bretoense ziekenhuizen waar liefst 800.000 soldaten waren. In 1918 werden 4.556 arbeidsters van het arsenaal van Rennes terug afgedankt wegens overbodig. Maar ook kinderen werden bij de oorlog betrokken. Scholen werden gebruikt om soldaten te kazerneren. Alle lessen waren gebaseerd op de promotie van het patriottisme. Kinderen werden opgedragen gewonde soldaten te bezoeken en geldinzamelingen te doen voor gevangenen. Oorlogswezen waren de inzet van een weinig verheffende strijd tussen Kerk en Staat.

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Men schat het aantal Bretoense oorlogsslachtoffers op 130.000, althans voor wat soldaten betreft. In de jaren twintig werden die herdacht door separatisten die de mening toegedaan waren dat al die doden de kiemen waren van een breuk met de Franse staat. Ook regionalisten kwamen om die reden op voor meer autonomie. Voorstanders van de eenheid van de Republiek keerden de zaak om en eerden de doden die ‘voor Frankrijk’ hun leven hadden gegeven. Maar hoe dan ook, tijdens de oorlog was er al heel wat onvrede met de gevoerde politiek. Op 16 april 1917 weigerden honderden soldaten oorlogsbevelen op te volgen. Op 2 juni sloeg een heel regiment in Rennes aan het muiten. Van 2 tot 9 juni van datzelfde jaar gingen de ‘munitionettes’ in Brest staken. De gehele oorlog was een gruwel voor de Bretoenen. Van het IJzerfront over Verdun tot aan de Zwitserse grens stierven ze bij bosjes voor de Franse Republiek. Vaak met honderden tegelijk in zinloze oorlogsverrichtingen.

Na de oorlog werd er, in 1927, een officieel monument opgericht voor de gesneuvelde van de vijf Bretoense departementen in Saint- Anne d’Aurey. In nagenoeg elk Bretoense dorp is er ook een monument, meestal in de buurt van de kerk, vaak in de oude religieuze traditie vervaardigd. Enkel de monumenten in de steden zijn ‘naar Frans model’ gemaakt: burgerlijk, republikeins en zonder religieuze verwijzingen.

Nog steeds leven ‘oorlogshelden’ in de herinnering door, zoals Jean-Corentin Carré als republikeinse en vrijzinnige held, Pierre- Alexis Ronarc’h die in oktober 1914 in Diksmuide omkwam, of Jean-Julien Lemordant, schilder van het plafond van het theater van Rennes, die in oktober 1915 blind werd en tal van verwondingen opliep. Hij overleefde de oorlog en werd door de regionalistische pers geëerd als een held van een vernederd maar glorieus Bretagne.

Christian DUTOIT

lundi, 16 mai 2016

Les incontinences de François H., le rappeur de l’Élysée

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Les incontinences de François H., le rappeur de l’Élysée

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

Ex: http://www.dedefensa.org

12 mai 2016 – En un sens, ce type, François H., est plus “performant” en fait de déconstruction qu’un Robespierre ou qu’un Lénine. Il a l’air bonasse du notaire de province rougissant et un peu moite qui va au boxon tirer son coup en douce, mais c’est désormais un habitué. Dans tout ce qu’il fait, François H. parvient à une quasi-perfection dans l’acte maléfique, et surtout dans l’auto-dissimulation de cet agir-là qu’il réalise comme on tire la chasse, en catimini et en col-cravate. Bref, c’est pas mon genre...

Tout cela pour dire qu’il a réussi à me faire signer une pétition, pour la première fois de ma vie. (Je suis le citoyen démocratique modèle tel que je le rêve : j’ai voté une fois dans ma vie, j’ai signé une pétition une fois dans ma vie, et cela à l’un et l’autre bout de ma vie.) Déjà, avant-hier, en lisant ceci sur RT-français, j’étais un peu mal à l’aise, – vous savez, comme lorsqu’on va s’indigner de quelque chose et que l’on ne va pas plus loin, – “à quoi bon ?”, se dit-on, épuisé de tant d’indignations diverses, et puis appelé à une tâche urgente que vous prépariez déjà... Tout de même me disais-je encore, choisir un rappeur pour célébrer Verdun, tout de même ... Et puis, autre chose à faire...

(RT : « Afin de commémorer le centenaire de la plus meurtrière des batailles de la Première Guerre mondiale, le gouvernement a décidé d’organiser un concert de rap le 29 mai. [...] L’Elysée souhaitait un rendez-vous populaire qui fasse la part belle à la jeunesse. Il a donc organisé un concert gratuit pour commémorer les cent ans de la terrible bataille de Verdun. Jusque-là, rien de bien clivant. Sauf que la tête d’affiche n’est pas pour plaire à tout le monde. C’est Black M, rappeur issu du groupe Sexion d’Assaut, qui a été choisi. Accompagné de Lefa et Abou Debeing, il chantera le 29 mai au Parc de Londres, à Verdun. »)

Hier matin, je reçois un message annonçant une pétition et m’invitant à la signer, et alors là, c’est vrai, la chose explose silencieusement dans mon esprit, se réalise, s’impose complètement et je n’y tiens plus ! Je signe aussitôt, et, pour faire suivre à qui le voudra, envoies la pétition ici ou là ; ce moment-là, à cet instant, était absolument opportun. Soudain, tout s’est assemblé dans mon esprit, et ce qu’est Verdun pour moi, et les voir là, qui ont trouvé cette trouvaille de “communicant” trouveur-de-trouvaille, absolument atroce, signe affreux d’un caractère complètement dissous, – même pas dissolu, non dissous, – d’une colonne vertébrale aussi ferme qu’un éclair au chocolat, d’un cœur sec comme un coup de trique, d’une âme aussi inspirée qu’une endive, d’une érection extrêmement molle jusqu’à pouvoir figurer comme “création contemporaine” dans un atelier d’exposition démocratique de l’Art Contemporain (AC).

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(Imaginez que Monsieur Bernard Arnault, Président-directeur général de LVMH, Président de la Fondation Louis Vuitton et grand mécène devant l’éternel de l’A.C., et enfin élégant cornac et pygmalion de sa Fondation, nous dise, entre flute à champagne, cravate en soie et Mercédès coupée à sa taille : « François H. a conçu un projet grandiose, pertinent et enchanteur, fruit d’un dialogue véritable avec sa propre “bite à érection extrêmement molle”. Son œuvre répond magnifiquement à l’architecture dans la continuité d’un travail, initié dès les années 1970, où se croisent couleurs, transparence et lumière. » Si vous voulez, le travail de l’artiste dit-“bite à érection extrêmement molle” comme équivalent A.C.-postmoderne de la cathédrale gothique, – voilà, c’est cela, bite-molle versus cathédrale gothique... Le marché tranchera, on sait bien dans quel sens.)

Je persifle, certes, et me conduis en garnement mais c’est pour mieux dissimuler l’indignation silencieuse qui me prend et me soulève. Savent-ils ce que c’est que Verdun, ces types dans leur 4x4 aux vitres teintées et leurs Peugeot grand luxe ? Ont-ils consacré un instant de leur précieux temps-compté à tenter de saisir la nostalgie tragique du souvenir de l’immense et terrible bataille ? Savent-ils encore “tenter de saisir” ? Peuvent-ils encore entr’apercevoir l’immensité tragique de cet événement, cette horreur mélangée au sublime exactement, toutes ces choses que leurs petits phrases étriquées comme leurs petits costumes et mécaniques comme leurs psalmodies labellisées-“droit-de-l’homme”, ne peuvent jamais espérer effleurer seulement ? Devant eux, devant leur impuissance à embrasser le tragique du monde, mon indignation elle-même devient sérénité, comme stupéfaite et presque apaisée par l’immensité du vide que des êtres aussi affreusement non-signifiants et de constitutions certes fragiles peuvent arriver à produire, ou à pondre, comme les poules des œufs, comme l’on pond exactement l’immensité du vide.

Bien sûr, je suis d’une foi bien approximative sinon mauvaise, moi avec mon obsession vertueuse de Verdun ; je le reconnais, de parti-pris, sans complaisance, sans aménité pour les pleureuses du type “quelle-absurdité-la guerre”, “plus-jamais-ça” ; non qu’elles disent, les pleureuses, des choses non fondées, mais simplement parce qu’elles parlent de choses qui les dépassent et qui leur laissent du temps pour “aller jouer avec cette poussière”. (Va jouer avec cette poussière, conseillait Henry de Montherlant.) Non, il n’est pas utile d’essayer de dire une fois de plus ce que Verdun représente pour moi, cet instant apocalyptique où s’exprima absolument le “déchaînement de la Matière” et où tant de jeunes hommes surent lui résister, au prix de la vie précieuse de tant de milliers de jeunes hommes... Oui Sire, c’était aussi le temps où Alan Seeger écrivait, avec comme le défi du sacrifice dans sa plume tragique : « ...Mais j’ai rendez-vous avec la Mort / A minuit, dans quelque ville en flammes, / Quand le printemps s’en va vers le nord / Et, fidèle à la parole donnée, / Je ne manquerai pas ce rendez-vous. »

Ainsi François H. rappera-t-il, le 29 mai, au bras de Black M, achevant ainsi la déconstruction reconstructive des civilisations qui se sont fortement entrechoquées ces derniers temps. En 1984, dans le froid glacial d’une soirée de novembre de la bataille commémorée sur le champ d’elle-même, devant les croix de l’immense cimetière et de son ossuaire, François Mitterrand avait pris la main d’Helmut Kohl pour consacrer dans cet instant la solitude métaphysique d’un silence tragique ; trente ans plus tard, François H. prend le bras de Black M, et l’on rappera Folleville ! Je n’étais pas très fanatique de l’esprit qui présidait à cette rencontre Mitterrand-Kohl, qui enterrait un peu trop vite les morts sans avoir exactement identifié la cause de leur malheur, – le “déchaînement de la Matière” et nullement “le choc des nations”, – mais enfin la dignité et le sens du tragique n’étaient pas absents de ce rendez-vous digne d'Alan Seeger. Ainsi peut-on mieux mesurer le rude chemin parcouru à marche forcée, et l’on aurait tort de trop s’en exclamer, ou de trop hurler d’indignation. Je suis sûr que certains trouveront l’idée charmante, et puis, hein, électoralement fort bien ajustée.

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...C’est-à-dire qu’il faut laisser dire, laisser faire et laisser aller, car la sottise des zombies-Système est encore plus grande que celle de leur seul maître à tous, dont vous savez bien, – je répète souvent cette citation de Guénon, – qu’il ne peut jamais se dispenser de faire une sottise... (« On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... ») Ainsi, par leur sottise assez remarquable pour qu’on la mesure abyssale, par leur absence complète de conviction et d’intuition, par leur infécondité, par leur sécheresse de vieille fille-notaire de province déguisée en jeune mac de l’esprit postmoderne, ainsi organisent-ils encore plus rapidement que sa gravité ne le promet l’effondrement de la chose informe qu’ils ont fini par nous arranger. Ils sont à peine grotesques, parce que difficile à distinguer, parce qu’on voit au travers d’eux, parce que la transparence qu’ils vous promettent dans leur politique est déjà là, effaçant leur substance informe et réduisant à rien leur essence. Ils sont invisibles à force de transparente inexistence... “Fermez le ban !” disait le sous-officier caricaturé aisément bas-de-plafond ; “Tirez la chasse !” dit le gardien du musée de la postmodernité où l’exposition du rien réduit la visite à pas grand’chose, et le dernier n’oubliera pas de fermer la porte derrière lui sur ce musée disparu en poussière lorsque l’entropisation aura achevé son œuvre.

... Ainsi est-il arrivé, ce moment où moi qui n’ai guère l’habitude de l’activisme militant, je vous dis, lecteurs, pour ceux-là qui partageraient mon indignation devenue sérénité : si vous en avez le goût, faites comme moi, signez la pétition. Advienne que pourra et qu’elles continuent à reposer en paix, Les Âmes de Verdun, tandis que le rappeur danse avec cette poussière.

Notes

J’ajoute ici quelques citations venues d’un site ou l’autre, pour rendre compte du climat d’enthousiasme qui salue l’initiative parisienne-verdunoise du 29 mai.

• De Koztoujours, le 11 mai : « Ainsi le rappeur Black M sera tête d’affiche du concert de commémoration de la bataille de Verdun le 29 mai prochain – la seule date officielle – comme l’a dévoilé le Secrétaire d’Etat aux anciens combattants hier. Pourquoi un concert ? Pourquoi une fête ? Pourquoi Black M ? Pourquoi tête d’affiche ? Un concert, cela peut s’envisager. Certes. Il peut y en avoir de magnifiques et même improvisés. Personne n’a oublié Rostropovitch au pied du Mur de Berlin. Vous me direz que Rostropovitch, c’est élitiste et que, depuis que l’on a abandonné l’idée d’élever les hommes, d’élever les âmes, par l’art et par la beauté, cela ne se fait plus. Permettez-moi de penser tout de même qu’entre Rostropovitch et Black M, il y avait de la marge. Il y a des concerts dignes, il y a des concerts festifs : tout l’enjeu est de savoir discerner les circonstances appropriées. Ce discernement élémentaire vous manque-t-il, à vous, à vos conseillers, à votre ministre ?! »

(Note personnelle pour une autre comparaison illustrant le goût exquis du temps courant : du concert de l’Orchestre Symphonique du Théâtre Marinski de Saint-Petersbourg à Palmyre le 6 mai, pour saluer les victimes de la barbarie-en-cours, le ministre britannique de la défense de Sa très Gracieuse Majesté a dit que c’était une « tentative de mauvais goût de détourner l'attention des souffrances continues de millions de Syriens ». Bach, Prokofiev et Tchedrine à Palmyre, c’est le mauvais goût ; Black M à Verdun, c’est la classe. Imparable, Votre Honneur.)

• De Maxime Tandonnet, dans FigaroVox, le 11 mai : « Le chanteur a cru bon de se justifier: “C'est la scène et c'est quelque chose que j'aime énormément […] Je les invite à venir me voir, qu'ils aiment ou pas ma musique, on va s'amuser”. Mais, justement, la pensée de Verdun, la commémoration de cet atroce martyre des jeunesses et des peuples européens, ne se prêtent pas à la scène ni à l'amusement. Imagine-t-on un concert de rap pour clôturer d'autres cérémonies solennelles, comme la panthéonisation de Jean Moulin ou de Pierre Brossolette, la célébration du 11 novembre ou du 8 mai, la journée de la Déportation ou la commémoration de l'abolition de l'esclavage?

» Non, alors, pourquoi Verdun? Ce nom est aujourd'hui un symbole complexe du patriotisme absolu, jusqu'au sacrifice ultime du bonheur et de la vie, du courage et de la volonté inflexibles - «ils ne passeront pas» - de l'honneur, de l'unité des Français, de l'absurdité sanglante de la haine et enfin, de la réconciliation entre deux peuples. Désacraliser ainsi Verdun est une manière d'achever ces grands principes que les élites dirigeantes françaises jugent désormais dépassés et incompatibles avec l'idéologie dominante, fondée sur le culte du libre arbitre individuel, du narcissisme et de l'argent roi. »

Profaner Verdun

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Profaner Verdun

Victoria Issaïeva

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous reprenons ici un article de la journaliste russe Victoria Issaïeva, publié par Sputnik.com. Ce n'est pas la première fois que nous sommes en acord avec les propos de ce site https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201605121024958638-bataille-verdun-rappeur/ (Jean-Paul Baquiast).
 
Polémique autour des commémorations de la bataille de Verdun. Ce qui devrait être un grand moment d'unité nationale tourne vinaigre. En cause ? Le concert du rappeur Black M prévu en clôture des cérémonies le 29 mai prochain.

On n'est pas en 1916, on est en 2016. Et aujourd'hui la musique classique n'est plus à la mode. Par contre le rap, c'est plus moderne et c'est la langue que parlent les jeunes. Ça aurait pu être une belle pub pour F. Hollande dont la popularité est en chute libre y compris auprès des jeunes d'inviter un rappeur à la cérémonie commémorative du centenaire du Massacre de Verdun, si le choix de l'Elysée ne s'était pas porté sur le chanteur Black M.

Le rappeur du groupe Sexion d'Assaut est connu pour ses textes violents. Pour lui, la France est le «pays de kouffars», c'est-à-dire «mécréant», terme très péjoratif utilisé par Daesh dans sa propagande anti-occidentale. Sans oublier des phrases antisémites et homophobes utilisées également dans ses chansons. « Black M s'est illustré dans ses chansons par un grand mépris pour notre beau pays, scandant: +La France, ce pays de Kouffars+ », stipule une pétition parue sur internet il y a peu. Elle appelle François Hollande à annuler le concert du rappeur. La pétition en ligne a déjà recueilli quelque 9000 signatures. Le débat enfle sur les réseaux sociaux. Olivier, administrateur de la page FB Kouffars et Morts pour la France, nous a expliqué sa préoccupation.

blackm346945.jpg« Ce rappeur n'a pas fait un dérapage exceptionnel. On s'est aperçu qu'à de multiples reprises, il avait par ses chansons incité à la haine des Français en traitant la France de +salle conne+, d'insulter la religion de ses habitants (...) On se retrouve là avec un rappeur qui, de façon répétée, participe à la haine et à la détestation des Français en raisons de leurs orientations sexuelles, religieuses. La bataille de Verdun est un symbole fort pour chaque Français puisque toute famille française a des noms de ses ancêtres qui sont gravés sur tous les monuments aux morts qui se trouvent dans toutes les villes et villages de France. C'est un symbole fort auquel nous sommes attachés ».

Dans ses chansons, Black M ne cache pas ses sentiments: "Je crois qu'il est grand temps que les pédés périssent. Coupe-leur le pénis, laisse-les morts, retrouvés sur le périphérique", voici un petit extrait de "On t'a humilié" de Sexion d'Assaut. Ou encore un tiré de "Dans ma rue": « Les youpins s'éclatent et font des magasins".

La mairie de Verdun est inondée d'appels suite à une autre campagne lancée sur internet. On retrouve sur twitter ainsi que sur certains sites comme celui de Soldats de France l'annonce suivante: « Faisons barrage à Black M à Verdun! Contactez la mairie! » L'indignation est partagée par des hommes politiques. Valérie Boyer, député LR, estime que le choix de ce rappeur « déshonorera la mémoire de nos soldats », elle le qualifie d' « honteuse provocation ». Pour Marion Maréchal Le Pen, « la France est humiliée » par ce choix.

Mais le maire socialiste de la ville Samuel Hazard essaye maintenant de convaincre l'opinion publique que "le concert de Black M n'a rien à voir avec les commémorations du centenaire de Verdun ". C'est apparemment pour que les jeunes ne s'ennuient pas lors de 4 jours de commémorations... «Black M représente la diversité de notre pays, c'est l'artiste préféré des Français en 2016, il est adulé par les jeunes. Je ne vois pas en quoi il souille la mémoire de nos soldats», martelait-il avant. Mais l'opinion publique ne semble pas convaincue. Qui est à l'origine de ce mouvement de contestation? La presse pointe du doigt le FN. Mais le mécontentement semble en réalité avoir envahi internet tout seul sans aide, tellement les Français se sentent insultés.

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L'administrateur de la page FB Kouffars et Morts pour la France détaille ses objectifs.

« Finalement il importe peu qui soit à l'origine de cette contestation. Ce qui compte, c'est qu'un maximum de Français se mobilise. L'objectif de la page c'est de représenter les Français et les fils de ces soldats qui se sont battus à Verdun qui ont perdu la vie ou une partie de leurs camarades et de leurs familles lors de cette bataille-là. Nous ce que l'on souhaite, c'est de faire connaître au plus grand nombre les paroles de ce rappeur et aussi essayer de participer de façon virale. En France, il y a plus de 37 mille communes soit plus ou moins autant de monuments aux morts de la Grande guerre. Ce que nous proposons à ceux qui nous lisent, c'est de se retrouver devant son monument aux morts et de se prendre en photo. Nous la diffuserons sur notre page Facebook. Le but est d'essayer de défendre ce devoir de mémoire et la mémoire de nos ainés qui sont tombés sur le champ de bataille de Verdun (...) Il n'y aura pas de concert du rappeur qui crache sur la France, les Français, leur mémoire et leur identité à Verdun. Il faut continuer à faire pression en appelant la mairie de Verdun et en leur demandant les comptes sur l'invitation de ce rappeur et notamment le coût pour le contribuable. On parle d'une subvention de plus de 50 000 euros...».

163 000 morts pour une France de « kouffars »? Se moque-t-on de l'histoire? Ce sont des questions que les Français se posent à l'heure actuelle en commémorant le centenaire de la Bataille de Verdun. A-t-on raison d'être révolté? L'heure de vérité approche.

Victoria Issaïeva

Concert de rap aux cérémonies de Verdun: pourquoi cela choque

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Concert de rap aux cérémonies de Verdun: pourquoi cela choque

Par Maxime Tandonnet
 
Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/TRIBUNE - Le rappeur Black M a été choisi pour chanter à la commémoration du centenaire de Verdun. Pour Maxime Tandonnet, désacraliser ainsi le souvenir de centaines de milliers de morts pour la France témoigne de la volonté des élites d'en finir avec notre Histoire.


Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.


Le chanteur de rap Black M doit clôturer par un concert la cérémonie commémorative de la bataille de Verdun, le 29 mai 2016 qui réunira le président de la République et la chancelière Merkel. Pourquoi a-t-on raison d'être choqué?

Verdun est un nom sacré dans la mémoire de la France, de l'Allemagne, de l'Europe, l'emblème de l'une des plus grandes tragédies de l'histoire contemporaine. Il symbolise trois-cent jours de souffrance épouvantable, 650000 morts, dont 350 000 Français et 300 000 Allemands, des centaines de milliers de mutilés, de veuves, d'orphelins, de parents dont la vie a été détruite par la perte d'un ou de plusieurs fils, les souffrances indescriptibles d'une génération.

French_soldiers_waiting_for_their_meal_verdun.jpgMichel Bernard, auteur de Visages de Verdun (Perrin) a exprimé le malheur qui a frappé tant de familles: «Il y a eu tellement de tués, mutilés et prisonniers, à Verdun et ailleurs, qu'en France comme en Allemagne, pour compléter les effectifs, il fallut avancer l'appel de la classe à mobiliser. La République et l'Empire incorporaient les fils de ceux tombés en 14. Beaucoup n'avaient pas dix-neuf ans, leurs joues étaient rondes et lisses sous le casque. Sans rien dire, ils montèrent aux créneaux du pays. Les femmes, lorsque le maire traversait la cour de la ferme, ne savaient pas pour qui, le fils ou le mari, leur cœur saisi allait se briser l'instant d'après.»

Verdun ne donne pas envie de rire, ni de danser, ni de s'enflammer sur un air de rap. La commémoration de Verdun n'est envisageable que dans le recueillement dû au calvaire de centaines de milliers de personnes qui ont sacrifié leur bonheur et leur vie à une conception de l'honneur et de la patrie. Un respect infini leur est dû, rien d'autre, et ce respect passe par le silence, la discrétion, et la dignité.

Peu importe que l'artiste invité à cette commémoration soit un chanteur de rap, de raï, de reggae, de rock, de hard rock, de variété française, de Techno, de musique yéyé, bebop ou autre. C'est le principe même de l'amusement, du divertissement musical pour célébrer Verdun qui est blessant. S'il doit y avoir une musique, ce ne peut être que celle de la solennité et de l'émotion, la sonnerie aux morts qui fige et glace le sang à la pensée des disparus, de leur souffrance et de celle de leurs proches qui ne les reverront jamais.

On voit bien ce qu'il y derrière cette annonce. Le rap est la musique à la mode, celle qui plaît à beaucoup de jeunes. Donc, l'idée est de susciter une polémique, déjà bien lancée sur les réseaux sociaux, par laquelle le pouvoir politique en place apparaîtra comme jeune et moderne, à l'écoute de la jeunesse, contre les réactionnaires morbides et populistes qui ne manqueront pas de s'en offusquer. Quant aux paroles homophobes ou anti-françaises relevées dans les chansons de Black M, elles ne feront que rajouter à la provocation et au tollé recherché, espéré, attendu. Le bruit de la polémique a l'éternel avantage de couvrir tout le reste.

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La mémoire de Verdun, qui fut pendant un siècle le symbole de l'unité nationale par-delà tous les clivages politiques et passions idéologiques, se voit ainsi instrumentalisée dans une opération de communication qui ne peut que diviser et déchirer toujours davantage une nation pourtant déjà fragilisée.

Le chanteur a cru bon de se justifier: «C'est la scène et c'est quelque chose que j'aime énormément […] Je les invite à venir me voir, qu'ils aiment ou pas ma musique, on va s'amuser». Mais, justement, la pensée de Verdun, la commémoration de cet atroce martyre des jeunesses et des peuples européens, ne se prêtent pas à la scène ni à l'amusement. Imagine-t-on un concert de rap pour clôturer d'autres cérémonies solennelles, comme la panthéonisation de Jean Moulin ou de Pierre Brossolette, la célébration du 11 novembre ou du 8 mai, la journée de la Déportation ou la commémoration de l'abolition de l'esclavage?

Non, alors, pourquoi Verdun? Ce nom est aujourd'hui un symbole complexe du patriotisme absolu, jusqu'au sacrifice ultime du bonheur et de la vie, du courage et de la volonté inflexibles - «ils ne passeront pas» - de l'honneur, de l'unité des Français, de l'absurdité sanglante de la haine et enfin, de la réconciliation entre deux peuples. Désacraliser ainsi Verdun est une manière d'achever ces grands principes que les élites dirigeantes françaises jugent désormais dépassés et incompatibles avec l'idéologie dominante, fondée sur le culte du libre arbitre individuel, du narcissisme et de l'argent roi.

mardi, 03 mai 2016

Die irische Rebellion

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Die irische Rebellion

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Ex: http://younggerman.de

800 Jahre Fremdherrschaft

Irische Butter und Kleeblätter – dazu ein paar Kobolde in Goldtöpfchen und ein seit einer halben Ewigkeit anhaltender Kleinkrieg auf Sparflamme. Der Nordirlandkonflikt mag Angesichts der dringenderen Probleme an den Grenzen der EU aus den Medien verschwunden sein. Aber er hat relativ wenig an Aktualität verloren. Irland ist nicht mehr das „Backwater country“ von früher, wo englische Lords über die Massen an Leibeigenen und verarmten Kleinbürgern herrschen konnten. Die Éire hat ihre Unabhängigkeit zumindest teilweise zurückgewonnen und dennoch schwelt unterschwellig der Konflikt zwischen Iren und Briten weiter. Viele Stimmen in der irischen Bevölkerung und in der britischen sind durchaus der Meinung, dass man endlich das Kriegsbeil begraben und die Vergangenheit ruhen lassen sollte. Aber ganz so einfach ist es dann doch nicht, wenn man zurückblickt und sieht, dass der Groll der Iren tief sitzt. Für die Briten waren die letzten 800 Jahre ihrer Geschichte eine Abfolge von Siegen und großen Errungenschaften. Über die britischen Könige des Mittelalters, der englischen Vormachtsstellung in Europa und später durch das Empire auf dem ganzen Globus, bis zu den Siegen in den Weltkriegen. Industrielle Revolution, Bürgerrechte und Liberalismus machten aus Britannia die prägende Nation von weltgeltung, die Irland niemals war und wohl niemals sein wird. Iren und Briten haben ein ganz unterschiedliches historisches Gedächtnis. Im Jahr 1169 wird ein weiterer Schritt für die Dominanz Britanniens in den Geschichtsbüchern gesetzt, als die Normannen die irische Insel erobern und die einheimischen Bewohner in die vergleichsweise öden Teile ihres eigenen Landes verbannen. Es beginnt eine brutale Eroberungskampagne, wie damals überall so üblich, welche die katholischen Iren zu unfreiwilligen Untertanen des aufsteigenden englischen Machtzentrums macht. Man fühlt sich automatisch an den alten griechischen Melierdialog erinnert, in welchem die militärisch stärkeren Athener den Meliern folgendes an den Kopf warfen :

„the strong do what they can and the weak suffer what they must“ 

Die englische Insel war der irischen Insel militärisch überlegen und die Konsequenz dieser Überlegenheit war die totale Unterwerfung unter die Herrschaft der Engländer, die bei aller Gerechtigkeit nicht sonderlich besonnen oder feinfühlig mit ihren irischen Nachbarn umgingen. Dies mag jedoch der Moral der Zeit geschuldet sein, welche in den unteren Schichten der Gesellschaft (und dazu gehörten faktisch fast alle Iren) keine sonderlich wichtigen oder schützenswerten Elemente sah. Die Geschichte der Iren ist in den nächsten 400 Jahren eine Abfolge von Repression und Revolution gegen die neuen Herrscher; ein beständiges Aufbegehren gegen die besitzenden Eliten und ihre Militärmacht. Rückständige Clans der irischen Einwohner waren jedoch keine ernstzunehmende Bedrohung für die erstarkende Macht an der Themse. Es ist für die Iren bedauerlicherweise so, dass selbst bei erfolgreichen Revolten im Innern der irischen Insel, mit Regress von Osten zu rechnen war.

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Oliver Cromwell nahm einen solchen Regress an den Iren in seiner berüchtigten Strafexpedition im 17. Jahrhundert. Für die Briten ist Cromwell ein elementarer Teil ihrer durchaus ruhmreichen Geschichte. Für die Iren ist er der Dschingis Khan der grünen Insel, der brutalste Verbrechen an der Bevölkerung dort begang und die Insel nach einer kurzen Revolte dort wieder unter die Herrschaft der Krone brachte. Die an den Iren verübten Gräuel sind für die Zeit relativ dokumentiert und erinnern an die deutschen Ereignisse im Dreißigjährigenkrieg, wo ähnliche Verbrechen an der leidenden Zivilbevölkerung begangen wurden. Überhaupt erinnert Irland an eine Art übergroßes Brandenburg, dass mit ländlicher Rückständigkeit und bäuerlichem Charme besticht. Eben Brandenburg ohne ein Preußen und daher ohne Glanz und Macht. Irland gehörte auch zu jenen Ländern, die ähnlich wie Brandenburg von der Kartoffel profitieren sollten. Für eine Zeit lang zumindest, bis die Kartoffelfäule 1846 bis 1849 in der Großen Hungersnot gut bis zu 2 Millionen Iren dahinraffte. Und obwohl es sehr besorgte Stimmen im Königreich Großbritannien gab, welche sich für das Leid der hungernden Iren stark machten, geschah von Seiten der Regierung nichts. Tatsächlich hatte sie die Fäule durch die repressive Agrarpolitik mitverursacht und es gab sogar solche Individuen wie Sir Charles Edward Trevelyan, welche in den Iren minderwertige Subjekte sahen. Für ihn war die Fäule und die Hungersnot eine gerechte Strafe Gottes und der Tod von Millionen Iren wurde von ihm sogar begrüßt. Das ist insofern wichtig, da er als Administrator Einfluss auf die britischen Politik ausübte und verhindern konnte, dass Nothilfe die Iren erreichte. Der psyschologische Effekt, wenn ein Viertel der Bevölkerung stirbt, ist dramatisch und sollte den Deutschen sehr wohl bekannt sein. Wir haben im Dreißigjährigen Krieg und vorher mit der Beulenpest ähnliche Gräuel durchgestanden. Für die Iren ist es das prägenste und bis heute wichtigste Ereignis der jüngeren irischen Geschichte. Ähnlich dem Völkermord an den Armeniern von der Dimension. Für viele Iren besteht kein Zweifel, dass die Briten einen Genozid begangen haben. Zustimmung erhalten die irischen Positionen hier vor allem aus Indien, wo während und zwischen den Weltkriegen ähnliche Hungersnöte innerhalb der indischen Bevölkerung zu Millionen Toten geführt haben. Auch hier waren die Briten indirekt oder direkt verantwortlich. Eine Fußnote in der Geschichte des Empires, die weniger ruhmreich ist und von vielen lieber verdrängt wird.

Nordirland ist der letzte Brückenkopf

Nun geht es aber um den Konflikt im „Heute“ und man sollte sich gut vorstellen können, warum vielen Iren es sehr schwer fällt, die Vergangenheit zu begraben und einfach „Frieden“ zu haben. Nicht nur wäre dies ein Bruch mit dem seit 800 Jahren andauernden Widerstand gegen die Briten, sondern es gibt einen omnipräsenten Grund in der Jetztzeit. Nämlich Nordirland. Das Stück fruchtbare Land im Nordosten, welches von der Krone nicht zurückgegeben wurde bei Gründung des unabhängigen Irlands. Es ist die letzte Erinnerung an die englischen-protestantischen Kolonialherren, die dort auch heute noch leben. Unionisten, welche lieber beim Königreich verbleiben würden und sich großteils nicht als Iren sehen, wenngleich sie ihr Protektorat mit vielen katholischen Iren teilen müssen. Wenn die Geschichte anders verlaufen und die Iren die dominante Insel gewesen wären und heute einen Teil Englands halten würden, wäre es wohl genau anders herum und die Iren wären die fremdländischen Besatzer. Aber so ist es nicht und die Iren sind die Schwachen in diesem Konflikt. Nordirland exisitiert als beständige Präsenz des für die Iren grausamen Empires und es vereint gleich drei Probleme in einem Land.

Erstens: Die verschiedenen Identitäten; katholisch Irisch oder britisch-protestantisch – für Nordirland ist dieser ethnisch-religiöse Konflikt von immenser Bedeutung, gewinnt er doch durch einen gewissen Klassenkonflikt noch an Intensität.

Zweitens: Nordirland ist ein Teil des Vereinigten Königreiches und gehört zur Krone. Für die Iren ist jedoch die gesamte irische Insel ihre Heimat und sie erheben Anspruch auf den Besitz der ganzen Insel. Dies ist für Irland von brisanter Bedeutung, da Großbritannien die Souveränität der Iren dadurch unterwandert. Eine starke militärische Präsenz durch Briten während des Kalten Krieges brachte auch die Iren in ein gewisses Dilemma, da ihre Insel selbstverständlich zum Ziel wurde für nukleare Schläge im einem Schlagaustausch zwischen UDSSR und USA. Vor allem deshalb, weil die Iren sich sonst verhältnismäßig neutral halten.

Drittens: Ökonomische Ungleichheit zwischen Iren und Briten – obwohl die Verhältnisse längst nicht so dramatisch sind wie noch vor einigen Jahrzehnten, gibt es doch eine Diskrepanz zwischen Briten und Iren was ihren Wohlstand angeht. Für die besitzenden Klassen aus Großbritannien und viele alteingesessene Adlige, besteht ein Interesse am Erhalt von Nordirland da sich dort ihr Besitz befindet. Viele Iren sehen in den wohlhabenden Unionisten jedoch eine Fortführung britischer Elitentradition.

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Es ging immer gegen London

Es ist jener letzter ökonomischer Faktor, welcher die irischen Revolutionäre auch immer wieder in die offenen Arme sozialistischer Ideologien trieb. Katholischer Kommunismus der Iren, gepaart mit einem Nationalismus und einer antiimperialistischen Färbung, streckte oft die Hände aus. Manchmal nach Moskau und manchmal nach Berlin. In beiden Weltkriegen suchten irische Nationalisten/Revolutionäre Hilfe im Ausland – egal wo. Hauptsache es ging gegen die Briten. So halfen deutsche Agenten irischen Nationalisten im Ersten Weltkrieg und auch von Seiten des aufbegehrenden Sozialismus bekamen die Iren immer wieder Hilfe. Bis heute. Es passt auch zur proletarischen Natur und Geschichte der Inselbewohner, die sich nicht als Eliten verstanden haben und auch keine waren. Eine Kritik die man wohl an den Aufständischen äußern muss, ist ihr unkritisches Verhalten gegenüber vermeintlichen Verbündeten im Kampf gegen Großbritannien. Solange der neue Allierte sich ebenfalls im Kampf gegen die Briten betätigt, wird über seine Fehler hinweg geschaut. „Der Feind meines Feind ist mein Freund“. Der Aufstand der Iren ist die Revolte der Schwachen und Kleinen und das war er schon immer.

Die Iren haben in diesem Konflikt ihr Land verloren, ihre ursprüngliche Sprache (das Englische wurde ihnen aufgezwungen) und sie haben Millionen ihrer Angehörigen verloren. Es ist vielleicht die Verzweiflung, welche sie in düsteren Gefilden nach Allianzen suchen lässt.

Ein Spaziergang durch die Straßen Nordirlands erinnert an arabische Städte, wo die Graffities von Märtyrern mit Sturmgewehren an jeder zweiten Hauswand kleben. Wenn die Iren jedoch glauben, in den Palästinsern oder generell in arabisch-islamischen Terroristen Freunde zu haben, weil diese ebenfalls gegen Großbritannien kämpfen, dann irren sie sich. Zwischen Belfast und Beirut liegen eben doch – Welten. 

samedi, 23 avril 2016

De visie van een Duits historicus op de relatie Vlaanderen en het Keizerrijk

Door: Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

'Een vroeg verloren broederstam'

De visie van een Duits historicus op de relatie Vlaanderen en het Keizerrijk

lamp0228-4Dgr.jpgOver het lot van bezet België bogen zich tijdens WO I heel wat Duitse professoren. De historicus Lamprecht wilde Vlaanderen in het 'Reich'.

Als jonge kerel van amper twintig was Hendrik De Man (1885-1953) naar Duitsland, 'land van oorsprong en van belofte van het marxisme', getrokken om er aan de universiteit van Leipzig onder meer economie, geschiedenis en wijsbegeerte te studeren. In zijn Herinneringen beschrijft de latere voorzitter van de Belgische Werkliedenpartij, meermalige minister, maar vooral socialistische denker, de indrukken die toen beroemde professoren op hem hadden gemaakt. Uit een 'meeslepend college over vergelijkende beschavingsgeschiedenis' dat hij bij de historicus Karl Lamprecht (1856-1915) bijwoonde, meende De Man begrepen te hebben 'dat de loop der geschiedenis geen progressieve ontwikkeling is, doch een telkens – zij het onder andere vormen – weder-beginnen'.[i]

'Culturele tijdperken'

Volgens Lamprecht diende de periodisering van de geschiedenis te gebeuren op basis van Kulturzeitalter (culturele tijdperken) die overeenkomen met een bepaalde economisch-culturele ontwikkeling. Lamprecht vond een vergelijkende en economisch-culturele geschiedschrijving belangrijker dan een die draaide rond personen en politieke gebeurtenissen. Hij wilde de historische wetmatigheden onderkennen die de grondslag van het politieke en sociale gebeuren vormden. Over deze opvattingen ontbrandde de Methodenstreit met de aanhangers van Leopold von Ranke (1795-1886) die de geschiedenis, met de nadruk op die van staten, voorstelde als de poging om gewoon te tonen 'wie es eigentlich gewesen'. Mocht Lamprecht in Duitsland dan op veel weerstand botsen, in Frankrijk alvast oefende hij veel invloed uit op de Ēcole des Annales, een school van historici die in hun onderzoek de nadruk legden op economie en maatschappij.

'Lokale vrijheid'

Naar aanleiding van de honderdste sterfdag van Lamprecht verscheen bij de uitgeverij Leipziger Universitätsverlag een boek waarin de vele facetten van de controversiële historicus worden belicht [ii]. Voor de Eerste Wereldoorlog had Lamprecht nog zijn steentje bijgedragen tot de internationalisering van zijn vakgebied. Zo riep hij de jeugd op om in het buitenland te gaan studeren: 'Hinaus, du Jugend [...] hinaus in die Welt, die wir ganz kennen müssen, um uns selber recht zu kennen (...)'. Universele geschiedeniswetenschap en buitenlandse culturele betrekkingen waren voor hem middelen om te komen tot 'Völkerverständigung', een betere verstandhouding tussen de volken. Maar bij het uitbreken van de oorlog trad zijn geloof in de culturele zending van Duitsland meer naar voren. Dat bleek uit de reizen die hij in december 1914 en maart/april 1915 ondernam, naar het door de Duitsers bezette België en het Westfront. België speelde een grote rol in de militaire, strategische en economische plannen van het keizerlijke Duitsland. Talloze professoren braken zich het hoofd over het lot van de 'Belgische natie' en over de vraag of er zoiets als een 'belgische Seele' (ziel) bestond. Lamprecht beschouwde de Vlamingen als 'einen früh verlorenen [...] deutschen Bruderstamm' die het Duitse Rijk terug moest winnen. Hij pleitte dan ook in een gesprek met de keizer voor 'lokale vrijheid voor de Vlamingen en van daaruit opbouw van een eigen staat onder Duitse bescherming.' Daarmee vervreemdde hij de Belgische historicus Henri Pirenne (1862-1935), zijn collega en vriend van de Duitse cultuur, van zich.

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[i] Herinneringen van Hendrik De Man, Antwerpen/Arnhem, MCMXLI, p. 67

[ii] Jonas Flöter, Gerald Diesener (Hg.), Karl Lamprecht (1856-1915), Durchbruch in der Geschichtswissenschaft, Leipzig, 2015

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(Dit artikel verscheen in de ADVN-Mededelingen nr. 51, www.advn.be)